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GAUCHE : LES MOTS QUI TUENT

mercredi 8 décembre 2010
par  Jean-Luc Gonneau
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Les semaines qui passent apportent, par touches plus ou moins discrètes, des éléments sur la configuration des prochaines élections présidentielles. Nous n’en remettrons pas, ou si peu, sur le dispositif mis en place par le président sortant (« président protecteur, disent les gazettes : et puis quoi encore, comment oser relayer - Libé, Le Monde…-, même avec des pincettes, une posture aussi ridicule ?). Nous ne gloserons pas, ou juste un brin, sur les vicissitudes du Parti Socialiste, embringué dans une primaire mal maîtrisée qui semble taillée sur mesure pour dérouler un tapis, nous allions écrire rouge, c’eût été plus qu’une erreur, une faute, devant Dominique Strauss-Kahn, déguisé en sauveur par la gauche « raisonnable », c’est-à-dire la gauche de droite. Nous ne commenterons pas la guéguerre mouchetée, dans la gauche raisonnée, c’est-à-dire la gauche de gauche, entre Parti Communiste et Parti de Gauche, via les personnes de Jean-Luc Mélenchon et André Chassaigne.

A gauche, raisonnable ou raisonnée, commencent à apparaître des éléments de propositions. Tant mieux. Mais ne nous leurrons pas : chacun sait, en tout cas pour ce qui concerne le Parti Socialiste, que le programme en cours d’élaboration (il y a du bon dans les premiers textes, la preuve, c’est que Manuel Valls en dit du mal) ne sera qu’indicatif, et que le candidat légitimé par les primaires l’amodiera à volonté.

Au fil des mois et des années, nous avons apporté à la gauche des réflexions et des idées, et nous continuerons. A plusieurs reprises, nous avons tenté, avec un succès plus que mitigé, d’attirer l’attention de nos leaders sur l’importance des mots. Il est temps d’en remettre une couche. La gauche n’ pas manqué, dans son histoire, de se tirer des balles dans le pied, ou ailleurs. Staline a durablement torpillé le beau mot de communisme (mais Staline était-il de gauche ? Comme le disait à juste titre le philosophe contemporain Jean-Luc Delarue, avant le regrettable incident qui lui fit confondre la poudre aux yeux qu’il utilisait abondamment dans ses apparitions télévisuelles avec la poudre au nez : ça se discute). Il fallut les talents de magicien de François Mitterrand pour réhabiliter, à peu près, le mot de socialisme, méchamment abîmé auparavant par quelques Guy Mollet en France et un peu partout les émules de Tony Blair. Mais la droite aussi a réussi de la belle ouvrage en kidnappant par exemple le mot « réforme ». Admettons cependant que c’était mal parti : partir à la réforme, c’est, pour les hommes et les chevaux, partir à la retraite, voire à l’abattoir. Du temps du service militaire obligatoire, la réforme indiquait une ou plusieurs inaptitudes au métier des armes. Malgré tout, il fut convenu durablement, à gauche, que coexistaient, durant quelques décennies, une gauche « réformiste » et une autre « révolutionnaire ». Cette dernière a changé bien de ses paradigmes, mais il existe toujours une gauche qui se revendique réformiste. Réveillez-vous, mesdames et messieurs, depuis Sarkozy, et même un peu avant, « réformer ne signifie plus progresser mais son contraire. Réformer les retraites, c’est abaisser les retraites. Réformer la fiscalité, c’est la rendre plus injuste. Réformer l’université et l’école, c’est les livrer au monde marchand. Réformer la santé publique, c’est démanteler l’hôpital public. Réformer la sécu, c’est réduire les couvertures sociales. Les gens de gauche doivent s’interdire de réformer. Réforme est devenu un mot qui tue.

Un autre exemple, plus anodin peut-être. On entend à longueur de discours que telle ou tel aspirant aux plus hautes fonctions « fera en sorte de ». Enfarinage quasiment garanti. Sorte, sort, c’est le hasard. Dire « je ferai en sorte de », c’est dire « avec un peu de bol je ferai peut-être ». Non, mesdames et messieurs, on fera ou on ne fera pas. On entend déjà les discours des François, Ségolène, Arnaud, Dominique (bientôt ?), tous « réformistes » revendiqués : « je ferai en sorte de réformer ». Voila qui promet. Nous entendons aussi les voix qui susurrent : ce sera, comme on dit au Québec, « moins pire » que Sarko. Moins pire, c’est à ça qu’on aspire ?


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