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GAUCHE : POUR DES « FONDAMENTAUX » QUI LE SOIENT VRAIMENT

mardi 12 octobre 2010
par  Jean-Luc Gonneau
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Peu à peu, les échéances électorales de 2012 approchant, et comprenant qu’il vaut mieux ne pas s’y prendre à la dernière minute, les différentes composantes de la gauche élaborent des propositions qui d’un projet, qui d’éléments programmatiques, le tout non sans désordres, hésitations, parfois contradictions, ce qui à tout prendre n’est pas grave : on ne construit pas quelque chose de solide sans peser chacun des termes, chacune des valeurs, chacune des propositions élaborés sans les soumettre à des critiques qu’on voudrait dénuées d’arrières pensées. Il convient également de conserver une certaine dose de prudence, mais pas trop quand même, pour être en capacité de tenir compte d’une part de l’évolution de l’environnement (social, économique, géopolitique..) national et international, et d’autre part des initiatives d’un adversaire dont on sait qu’il ne s’embarrasse ni de contradictions, ni de volte faces, ni de manipulations plus ou moins éhontées des faits et des chiffres. Sans vergogne, on vous dit.

On lit parfois que la gauche doit « retrouver ses fondamentaux ». A trop flirter avec le libéralisme, nous pouvons convenir qu’il y eut en effet des pertes en lignes, de la financiarisation de l’économie encouragée par Pierre Bérégovoy aux amabilités faites aux stock options, de la négligence, ou au moins de la mollesse face au problème du logement aux privatisations hasardeuses des gouvernements de gauche entre les années 1980 et 2002. Bref, on confondit trop « gauche de gouvernement » et gauche gestionnaire d’un système qu’elle se garda bien, sauf entre 1981 et 1983, période, comme il se chante, que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, de remettre vraiment en cause.

Les « fondamentaux » ? Il serait à notre sens erroné de confondre des outils et des méthodes avec ce qui doit être le socle d’une politique de gauche si les élections de 2012 permettent d’éloigner, enfin, Nicolas Sarkozy et ses affidés du pouvoir. Par exemple, François Hollande n’a probablement pas tort d’insister sur la nécessité d’une profonde réforme fiscale. Mais pour quoi faire ? Davantage de justice en la matière ? Applaudissons, de justice, nous avons grand besoin, et pas seulement en matière fiscale. Donner à l’état (et, ne l’oublions pas, aux collectivités territoriales, dont l’actuel gouvernement assèche méthodiquement les ressources tout en chargeant la barque de leurs obligations, normal, elles sont majoritairement à gauche) davantage de moyens d’intervention ? Certes, mais encore une fois, pour quoi faire ?

Pourtant, les « fondamentaux », les indispensables, devraient sauter aux yeux : permettre à chacun de se nourrir et se vêtir convenablement (c’est la question du revenu minimum), donner à chaque ménage la possibilité d’accéder à un logement décent (c’est en autres la question de la lutte contre la spéculation immobilière, jamais vraiment abordée par les gouvernements de gauche, et de l’effort nécessaire en faveur du logement social et intermédiaire locatif, que ces gouvernements n’oublions pas que les « propriétaires » ont majoritairement tendance à voter à droite), l’accès à l’éducation (c’est le problème des moyens à y consacrer mais aussi de l’équilibre entre la formation citoyenne et culturelle et celles débouchant sur les qualifications professionnelles, les unes n’excluant pas les autres), et aux soins (c’est le problème des moyens de la santé publique mais surtout des choix, préalable à celui des moyens, le problème de la place à accorder aux soins publics, associatifs, coopératifs face aux secteurs à but lucratif, libéral ou commercial. Cela vaut évidemment pour la prise en charge de nos aînés)

Une fois cela acté, mais seulement à ce moment, il y aura lieu de chiffrer et de proposer des éléments structurants. Et de conduire, en effet, une vaste réforme (fiscale mais pas seulement) pour parvenir à une répartition équitable des ressources entre capital et travail et, au sein des revenus du travail, à des systèmes de rémunération réduisant les écarts scandaleux des salaires.

D’aucunes et d’aucuns gobergeront peut-être sur le thème « et l’écologie dans tout ça ? ». On la retrouvera dans la nourriture et la vêture, dans la conception de l’habitat et de la ville, dans la formation citoyenne, dans les modes de soin. Et les fondamentaux demeurent : ceux qui permettent à chacun de vivre dignement et si possible le sourire aux lèvres.


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