Notre tort est de croire que ce qui est acquis est naturel et immuable. Il est temps de mettre à plat certaines logiques qui tendent à assimiler minorités avec communautés, de remettre en question la futile notion de tolérance qui conduit aux confusions et qui escamote un fond de lâcheté, Il est temps de trouver le moyen de mieux garantir les libertés qui ne sont ni naturelles ni gratuites. Il est temps en amont de se montrer plus exigeants et plus logiques dans notre usage sémantique. Si la langue se manie, elle est surtout manipulable.

Des discours jusqu’à présent qui ont permis une escalade rampante, pernicieuse et qui a toujours cherché à polluer la sphère législative de toutes les démocraties, ont singulièrement oublié la fragilité de cette séparation des pouvoirs arrachée avec le sang de plusieurs siècles de lutte. Que les non croyants aient encore le droit d’exister, que les croyants ne s’emparent pas du pouvoir absolu et, surtout, qu’ils ne génèrent pas des guerres d’inquisition entre eux et contre tous les autres ; qu’on accorde au doute sa place et qu’on s’abstienne de semer davantage de confusion en colportant les avatars de la morale judéo-chrétienne (on voit aujourd’hui les contradictions internes de ces idéologies). Que les peuples planétaires continuent de se concerter, de s’interroger, enfin pour évoluer sans avoir à quêter de vérités... Oui, les intégrismes sont toujours tapis dans l’ombre pour se saisir des moments de faiblesse de quelques tièdes représentants pour prendre d’assaut toute la "Bastille". Mais pour aller où, lorsque l’Islam aura raison de tous les autres pouvoirs religieux, de toutes les politiques et de toutes les philosophies ? Il est aussi temps de revoir son arsenal linguistique et lexical car, je crois fermement que les lobbies humanitaires nous ont exproprié de nos entendements, qu’ils ont colonisé tous nos champs politiques en accompagnant « innocemment » les guerres, et qu’ils substituent nos besoins en analyses rationnelles par le sentiment confus du bienfaisant. Ils ont cherché à justifier leur indispensabilité dans les 8/10èmes des pays sous développés en inventant des concepts qu’ils ne maîtrisent pas et qu’aucune institution ne pourra encore longtemps maîtriser.

Les louvoiements de la politique socio-démocrate, aussi, ont contribué à nous détourner du sens des choses. Du sens de la législation, du sens de ce que la législation est censée dire. Le politiquement correct a progressé physiquement jusqu’à nous faire plier l’échine, jusqu’à la reddition avant le combat.

Si quelques dessins ont eu effet de mettre autant de feu, de déchaîner autant de violence, c’est qu’il y a d’autres visées que la simple exhortation au respect des croyances. Les médias qui sont tellement enclins à donner des leçons de démocratie, les gros propriétaires de notre information, en sanctionnant leurs propres publications et leurs propres journalistes, ont fait preuve de bien peu de conscience, de bien peu de responsabilité. L’argent et l’audience ont compté bien plus que la difficile question du renforcement démocratique.

Nos gouvernements qui se prostituent déjà presque spontanément, se sont montrés, à notre grande déception, bien peu solides et trop facilement impressionnables. On ne devrait plus compter sur le monde médiatique qui a pignon sur rue pour promouvoir l’émancipation et le droit à l’information ni même la liberté d’expression, car jusqu’à présent, elle a assuré sa liberté pour son expression exclusive en osmose avec les pouvoirs en place qui prétendent piloter nos démocraties.

Réunissons nous, discutons, organisons nous pour réaffirmer nos droits fondamentaux, pour démasquer les illuminés qui nous incendient et pour ne pas devoir, un jour, nous faire planter un tchador sur la tête ou nous faire embrigader dans les guerres à Bush. Le chômage, la précarité et le rapide appauvrissement de toute la société civile constituent là en premier lieu, les terres fertiles et fertilisées qui feront croître l’impensé, l’irrationnel, les peurs et la violence meurtrière. A bientôt dans les tribunes de la résistance.