La Creuse, Hollande, et le service public

vendredi 11 mars 2005
par  João Silveirinho
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La manifestation de Guéret, le 5 mars, fut un succès pour la défense du service public. C’est aussi un succès pour le fonctionnement de notre démocratie : rappelons que ce sont des élus creusois qui ont, les premiers, manifesté leur opposition aux bradages des services publics de l’un des départements les moins favorisés de France.

Non sans un certain courage, François Hollande s’est joint à cette manifestation. En tant qu’élu limousin, certes, en tant que premier secrétaire du Parti Socialiste bien évidemment. Il n’est pas question de mettre en doute la sincérité de l’attachement de François Hollande aux services publics mais, sauf à être sourd et aveugle, il n’ignorait probablement pas que sa venue ne serait pas accueillie avec des bouquets de roses (ou alors très piquantes). Il n’a en effet pas échappé aux manifestants que la défense des services publics est intimement liée au refus du projet de constitution européenne. Que cela échappe encore à François Hollande est confondant. En reprenant le cas de la Creuse, la fermeture programmée de bureaux de poste coïncide, comme c’est curieux, avec la mise ne concurrence « libre et non faussée » des services postaux européens. Cette logique, prétendront les défenseurs du Oui, est antérieure au projet constitutionnel. Evidence, messieurs, mais le projet en question entérine, de façon définitive, cette marche en avant du libéralisme, incompatible avec la notion même de services publics. Même la fermeture des perceptions qui frappe aussi la Creuse a à voir avec la politique européenne : les critères de « stabilité » conduisent les Etats à réduire la dépense publique, et par conséquent le service public. Les critères de « stabilité » sont même faits pour ça. Un enfant de trois ans comprendrait cela. On pense à un film bien connu des Marx Brothers où Groucho affirme avec aplomb qu’un enfant de trois ans résoudrait le problème et où, après un temps d’hésitation, il demande : « faites venir un enfant de trois ans ». Faut-il envoyer un enfant de trois ans à François Hollande ?

L’aventure hollandienne en Creuse et la détermination des participants (dont de nombreux socialistes partisans du Non) à la manifestation de Guéret, contribueront, nous l’espérons, à ouvrir les yeux de nos concitoyens et renforcer le mouvement de refus d’une Europe livrée au libéralisme sans freins.

Un dernier mot : si nous comprenons le mécontentement des manifestants devant la présence de François Hollande, qui prétendait de plus défiler en tête du cortège, nous n’approuvons pas le traitement qu’il a subi. Passe encore pour les boules de neige, qui ont un côté enfantin et rafraîchissant à plusieurs égards, mais les œufs, non, et pas seulement par respect envers la nourriture.


Commentaires

lundi 2 août 2010 à 11h06
Logo de Marc
mardi 15 mars 2005 à 19h24 - par  Marc

Je n’avais vu que les boules de neige à la TV, je me félicite d’apprendre qu’il a reçu des oeufs. Que nos aristocrates républicains goûtent un peu à "la France d’en bas" !

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