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PCF, N’EST-CE QU’UN AU REVOIR ?

dimanche 25 juillet 2010
par  Jean-Luc Gonneau
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Après les élections présidentielles de 2007, où j’avais pris ma part, en « compagnon de route », que Lénine, dit-on, qualifiait d’idiot utile, aux côtés de Marie-George Buffet, j’ai adhéré au PCF, en précisant que je prenais un « contrat à durée déterminée ». Jean-Luc Mélenchon n’avait pas encore rompu avec le PS, le futur NPA prenait des airs de fan club d’Olivier Besancenot, les « bovistes » demeuraient plus hétéroclites que jamais : le PCF, avec ses cent mille adhérents d’alors, son réseau d’élus locaux, ses tentatives d’évolution offrait, pour une gauche de gauche sinon des perspectives claires, du moins un socle moins fragile que les autres offres politiques disponibles.

Il était de plus raisonnable de penser que la raclée enregistrée par Marie-George, malgré une campagne courageuse, entraînerait une introspection dans le parti susceptible d’accélérer son évolution en devenant le fer de lance d’une unification de la gauche de gauche, un peu, car rien n’est transposable en l’état, sur le mode du Die Linke allemand. En ce sens, le congrès de 2008 pouvait constituer un moment approprié pour une telle évolution.

Ce ne fut pas le cas, malgré une percée d’une liste alternative à celle de la direction, où se retrouvaient les « rénovateurs » proches de Patrick Braouzec, de jeunes élus autour de la talentueuse Marie-Pierre Vieu et des amis de celui qui était alors le « numéro 2 » du parti, Patrice Cohen-Séat. Ce congrès confirma aussi une autre réalité : la force d’un courant « orthodoxe » ou « identitaire », rétif à toute idée d’évolution vers ce qui deviendra le Front de Gauche.

Entre « orthodoxes » et « rénovateurs », la direction, en quelque sorte « centriste » dans le parti, remporta le congrès. Mais les rénovateurs avaient obtenu la promesse d’un congrès « intermédiaire » centré, justement sur l’évolution du parti. Dans cette perspective, j’ai renouvelé mon CDD. Ce congrès a eu lieu, en juin 2010. Un congrès pour rien, ou presque : le passage de témoin entre Marie-George Buffet et Pierre Laurent. Un congrès en tout cas bien loin des préoccupations de la population. Et aphone quant à l’évolution du parti, remise une fois encore à plus tard. Rien sur la démocratie interne, qui passerait par la reconnaissance de « courants », pourtant existants mais non reconnus. Rien sur les résidus de cette espèce de culture du soupçon qui demeure présente un peu partout dans le parti, malgré des efforts de ci de là. Rien sur les modes de désignations des candidats du PCF aux élections, alors que les élections régionales, encore fraîches, avaient été le théâtre de petits arrangements ou de quelques règlements de compte qu’on espérait voir disparaître. Dès lors, me dis-je, à quoi bon rester ?

Quelques semaines avant ce congrès, un bataillon de rénovateurs autour de Patrice Braouzec et Roger Martelli notamment annonçait son départ. Ils étaient rejoints par d’autres élus de poids (les députés Jacqueline Fraysse et François Ascensi, les maires de Saint-Denis et de Nanterre, soient les deux plus grosses municipalités dirigées par le PCF), le philosophe Lucien Sève, d’autres encore. J’ai bien compris, et largement partagé, leur analyse de l’état du PCF. J’ai aussi pensé que leur départ se faisait à contre temps : n’aurait-il pas mieux valu participer à ce congrès raté, affronter le vote militant, quitte à le perdre ? Je n’ai pas été persuadé par les perspectives qu’ils entrevoyaient : « renforcer » la FASE (Fédération pour une alternative sociale et écologique) dont la plupart des partants du PCF étaient déjà membres, curieux renfort. Je n’ai donc pas participé à ce départ groupé mal ficelé.

Mais il convient cependant d’en tirer les conséquences : perte de la qualité de la réflexion interne au parti, groupe parlementaire à l’Assemblée nationale où les communistes « pur jus » sont désormais minoritaires. Il convient aussi de tirer les leçons du « congrès pour rien » : refus d’élargir le Front de Gauche vers autre chose qu’un cartel de parti (pas d’adhésions directes, appel à des « personnalités » syndicales ou associatives plutôt qu’à des citoyens), par crainte sans doute de la dilution du PCF dans un ensemble plus vaste.

Je pense comprendre l’attachement de militants, souvent âgés mais pas toujours, à l’identité communiste. Mais cette identité doit-elle perdurer par un parti qui ne saurait être autre chose qu’un outil ? Autant la perspective d’idée communiste, telle que la développent, dans des termes différents et parfois discutables des Alain Badiou ou Slavoj Zizek paraît féconde, autant le PCF tel qu’il est ne suffit pas à tracer des alternatives crédibles au libéralisme que nous subissons.

Je n’ai donc pas renouvelé mon CDD. Je le fais sans joie et sans tristesse. Je sais que je retrouverai mes camarades communistes dans bien des combats et, je l’espère, dans la construction d’une gauche de gauche capable de dépasser les intérêts de boutiques


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