A force de rodomontades et de coups de menton, de mépris et de violence, Nicolas Sarkozy, responsable en chef de l’ordre public, a réussi à mettre en ébullition les banlieues. Et entraîné une invraisemblable cacophonie gouvernementale et parlementaires, où on voit le jusque là timoré ministre Azouz Begag poussé en avant (par qui ? devinez) pour rentrer, poliment, dans le lard de Sarkozy, et le secrétaire d’etat-porte-flingue du même Sarkozy, Brice Hortefeux, rentrer, moins poliment, (le mépris de ces gens !) dans celui de Begag. Ce serait comique si tout cela ne se déroulait sur un fond de misère, de violence, de mort de jeunes gens. Entendre le très droitier sénateur UMP de Paris (et sarkozyste) Philippe Goujon feindre de se demander si Azouz Begag ne défend pas la racaille, entendre des députés de ce même parti demander son renvoi en dit long sur l’état d’esprit de la droite aux affaires.

Aux affaires, justement. Après le bradage de la SNCM à des intérêts privés, dont un copain de Villepin, le monde est si petit, se prépare celui des autoroutes, dont le prix de vente envisagé est sous-évalué de façon tellement scandaleuse que le gouvernement ne sait plus par quel bout prendre le bâton. Quel que soit le prix, cela dit, cette privatisation n’ pas lieu d’être. Et ce n’est pas parce que le gouvernement Jospin avait commencé à mettre la main dans ce cambouis-là, avec la complicité si on se souvient bien d’un ministre qui avait oublié qu’il était communiste, qu’il est normal d’y plonger le bras. Idem pour EDF : il est réconfortant d’entendre aujourd’hui ceux qui, du temps de Jospin, étaient favorables à l’ouverture du capital de notre électricien national protester contre sa mise en œuvre. Cela dit, il ne serait pas déshonorant d’admettre qu’on s’est jadis trompé. Pas vrai, Laurent, si tu veux fédérer un gauche digne de ce nom (et de son Non, c’était facile et on n’a pu y résister) ?

La défense du service public s’organise malgré tout. Une importante manifestation est prévue le 19 novembre. Il faut y participer, toutes et tous. Des comités de défense des services publics se créent un peu partout. Il faut les soutenir, toutes et tous. Ce sera une excellente préparation de l’alternative politique que nous voulons.

Un mot encore sur Sarkozy : ses propositions pour ramener le calme et la loi dans les cités sensibles sont une mascarade. Comme le disait un lascar du 9-3 : « pourquoi Sarko n’a pas traité les maffieux corses de racaille ? Pourquoi il veut pas les nettoyer au karcher, eux ? » Des compagnies de CRS et gendarmes mobiles en permanence ? Si ce n’est un genre d’occupation, ça y ressemble. On avait déjà les rafles dans certains quartiers, l’extirpation d’enfants dans leurs écoles... Le renforcement des RG ? Le ministre devrait savoir que la première étude importante sur les violences urbaines a été conduite, justement, par les RG. Il n’ont pas attendu le petit Nicolas. Les planques dans des logements pour repérer les trafics ? Cela fait des années que c’est pratique courante, heureusement. Et, alpha et oméga de la doctrine sarkozyenne : maintenant, ce sera la tolérance zéro. Refrain déjà entendu en 2002, en 2003, en 2004. Les GIR (Groupes d’Intervention Régionaux, mêlant police et gendarmerie, une création de Sarkozy) vont paraît-il traquer les bandes organisées. Voilà trois ans qu’ils ont été crées pour ça et ne s’y mettraient que maintenant ? Tout cela, de la part du ministre, n’est qu’esbrouffe et brassage de vent. Nous avons de plus en plus l’impression que la police travaillerait mieux sans son encombrant ministre. Plus sereinement en tout cas. Les familles des deux victimes des incidents de Clichy-sous-Bois n’ont pas voulu rencontrer Sarkozy. On les comprend. Parce qu’il est incompétent, a dit l’une d’elle. Elle n’a pas tort.