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IDENTITE : DROLE DE FIERTE !

vendredi 6 novembre 2009
par  Jean-Luc Gonneau
popularité : 91%

Dans une contribution parue dans le journal Le Monde du 4 novembre, autant dire au même moment que M. Besson lançait, sur ordre du Chef, un « grand débat » sur l’identité nationale, Madame Sylvie Goulard, députée européenne, énonçait les valeurs qu’elle considérait comme fondamentales pour l’Europe. L’Europe, écrit-elle, n’est pas seulement un grand marché, mais aussi « la suprématie du droit, la liberté, la démocratie, la solidarité ». Rien que ça, que rappellent, selon elle, les traités successifs.

Madame Goulard a raison. Encore faudrait-il préciser les périmètres dans lesquels ont cours ces « valeurs ». De même que les valeurs qui fonderaient l’ « identité nationale » ne peuvent avoir de sens que si on les confronte aux réalités. Revenons aux valeurs dont Madame Goulard pare l’Europe. Suprématie du droit ? Peut-être, mais de quel droit s’agit-il ? Du droit des entreprises à s’affranchir des règles sociales nationales les plus avancées, comme le montrent plusieurs arrêts de la cour de justice européenne ? Du droit de chaque pays à défendre, créer, développer les services publics qui lui conviennent ? La notion même de service public est étrangère à l’Europe institutionnelle. Du droit à un salaire minimum ? Presque un gros mot en novlangue européenne. Liberté ? Certes l’Europe échappe au joug totalitaire, mais nous constatons, en tant qu’européens, que l’Union est devenue une machine à interdire tout ce qui n’est pas conforme aux intérêts des entreprises industrielles et financières et, en tant que français, que cette industrie de l’interdiction est poussée chez nous avec enthousiasme par nos gouvernants. La liberté, Julien Coupat et ses amis doivent en avoir une idée, concrète, bien différente des discours européens ou nationaux. Sans parler des trois afghans renvoyés vers le chaos, dont on pressent bien qu’ils sont considérés comme des cobayes : si « ça passe » pour ces trois là, il y en aura d’autres, et bien plus nombreux. Démocratie ? Là encore, si nous sommes loin du totalitarisme, relevons que les démocraties européennes ne sont souvent que partielles. Ici et là (notamment ici, en France), les règles électorales sont arrangées au profit de la classe politique dominante. Chez nous, le projet de réforme des scrutins locaux est fabriqué pour éliminer pratiquement tous les partis, sauf les deux dominants : démocratie partielle, à l’anglo-saxonne. La solidarité ? Parlez-en aux roms de certains pays de l’est européen. Parlez-en aux exclus qui prolifèrent dans cette Europe « solidaire », et dont les pouvoirs sis à Bruxelles se contrefichent. Ils n’ont pas, eux, de lobbyistes permanents autour de la rue de la Loi.

Le débat de M. Besson se situe dans ce cadre là. Et comme « débat », ça commence bien : le site officiel qui lui est dévolu, et qui invite les citoyens à s’exprimer sur la question, est, comme on dit, « modéré » : toute contribution un brin dérangeante pour la version gouvernementale de l’identité nationale (celle de la « terre qui ne ment pas » chère aussi à Philippe Pétain) est passée à la trappe. Comme le disait M. Besson, non sans mépris, lors d’un émission télévisée face à des contradicteurs, dont le philosophe Michel Onfray : « Je vois que vous donnez d’entrée dans la nuance et la subtilité ». Figure rhétorique déstabilisatrice bien connue : on dévalue d’entrée tout ce que pourra dire le contradicteur. Le subtil et nuancé, c’est moi, veut dire M. Besson. Ce qui ne saute pas aux yeux. Malhonnêteté intellectuelle ? La formule n’est pas trop forte.

Le but de la manœuvre est double : un non-dit, piquer des voix à ceux qui seraient tentés par un vote à l’extrême droite, et un assumé : faire que les français soient fiers d’être français. Quelle idée ! Que vient faire la fierté là dedans ? On peut éprouver de l’amour, ou de la tendresse, pour son pays, sa culture, son histoire, ses paysages, son patrimoine. Ce qui n’empêche pas de conserver son sens critique. Lorsque Nicolas Sarkozy annonçait vouloir en finir avec la repentance, il cultivait l’ambiguïté : il y a lieu de distinguer la repentance, aussi inutile que la fierté, de la lucidité sur les erreurs, voire les crimes du passé. Et du présent. Comment être « fier » d’un pays qui est présidé par un Nicolas Sarkozy qui torpille les services publics, démantèle la justice, distribue les privilèges, protège les puissants (ah ! ce bouclier fiscal !). Faut-il cependant fuir ce débat ? Nous ne le pensons pas. Renommons-le plutôt : sur quelle valeurs concrètes nous reconnaissons-nous ? Quelles conséquences concrètes en tirons-nous ? Comment peut-on aujourd’hui concilier des particularités nationales avec l’universalisme dont la république française a été le porte-voix ? Voilà à notre sens des questions utiles, utiles au pays, utiles à la gauche.


Commentaires

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dimanche 29 novembre 2009 à 12h25 - par  Martz Didier

J’aimerai aujourd’hui contribuer à la réflexion nationale sur la définition d’une identité française. Le premier réflexe face à une telle question est de rechercher, comme le font tous ceux qui s’en préoccupent, l’ensemble des critères qui permettrait de caractériser ou non le français-type. Par exemple et en vrac : savoir chanter la Marseillaise, connaître ses droits et ses devoirs, avoir un comportement républicain, parler la langue française, exercer ses devoirs civiques, être naît sur le territoire français ou y vivre depuis fort longtemps, etc. etc. Il est fort probable que dans cet inventaire à la Prévert, on en oublie et surtout on risque de trouver plus de non-français que de français pur et dur ! Qui connaît en effet les paroles de la Marseillaise, ses droits et ses devoirs, qui exerce son droit de vote...
Aussi ma contribution porte plutôt sur la manière dont est posée la question et sa difficulté voire ses dangers. Prenons un exemple concret. Si je pose la question : qu’est-ce qu’un évier ? Je réponds en listant les attributs qui permettent à une chose de se réclamer de l’étiquette « évier » : avoir la forme d’une cuvette (un évier plat n’est pas un évier), une alimentation en eau et une évacuation de la même eau. La forme, la couleur importent peu et en tous les cas n’altèrent pas sa nature d’évier. Tous les objets qui ne réunissent pas les attributs énumérés ci-dessus sont exclus de la communauté des éviers. Ce que je veux dire, c’est qu’avec la question « qu’est-ce que ? », on risque toujours de s’engager dans la recherche des attributs essentiels d’une chose et par conséquent de retenir ou d’écarter tel ou tel élément, de définir des seuils à partir desquels on est ou on n’est pas, et par conséquent d’exclure. Pour un évier ce n’est pas trop grave on peut toujours le recycler à la manière d’un Marcel Duchamp, créateur de ce qu’on appelle le ready-made. Marcel Duchamp avait détourné un urinoir de sa fonction originelle pour en faire une œuvre d’art. Mais pour un être humain, on ne voit pas comment on pourrait le détourner de sa fonction originelle d’être un être humain. Sauf à le sortir de l’humanité !!!
Pour Platon le philosophe, répondre à la question " qu’est-ce que la beauté ? », ne consiste pas à donner des exemples ou à lister des attributs mais consiste à dire ce qu’est en soi, partout et toujours, la beauté et qui peut s’appliquer à tous les exemples. Si Platon fait cela, c’est parce que dans le monde tout est en devenir ; ainsi, si je dis de telle femme, (il aurait pu prendre un homme mais à l’époque...) : " elle est belle", le problème est que cet énoncé ne sera pas toujours vrai parce que, hélas, celle dont je parle peut et va sans doute devenir moins belle. Ainsi, ce qui gêne Platon, c’est que si on n’a rien de stable, rien ne peut fonder la connaissance ou les définitions. Il faut quelque chose qui soit susceptible de fonder un savoir sûr et certain ; comme dans le monde qui nous entoure, tout change sans arrêt, les conceptions, les façons de voir, alors, il faut qu’il y ait un autre monde que celui-ci…
Un monde où il suffit pour savoir ce qu’est un français, non pas de multiplier les exemples ou les attributs toujours aléatoires mais d’avoir un principe stable, intangible, quelle que soit les politiques, les idéologies, les conjonctures.
J’en vois un : être français c’est être un homme ou une femme. Être un homme ou une femme, c’est être français. Après on voit.

Didier Martz, philosophe

18/11/09

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mercredi 25 novembre 2009 à 11h02 - par  Moony

à la lecture de cet article, je me faisais cette réflexion : n’y a t’il pas comme autre objectif moins évident que celui de regagner/rassurer un électorat de droite, un autre objectif d’appropriation du vocabulaire de la gauche (aujourd’hui exangue) ? Un débat qui est une manière de s’approprier des valeurs de gauche (fraternité/solidarité, égalité des droits...) en les jetant dans ce débat afin de les récupérer. Ce débat a comme autre objectif je pense de récupérer les meilleurs termes de "ce faux débat" de façon à se récréer une nouvelle réthorique car la réthorique libérale est grippée par la réalité des faits ... mais bon sang quand est ce que les dirigeants des partis de gauche vont se poser les vraies questions et empêcher de se faire voler leurs mots, de se faire détourner leurs idées ??? ... un peu moins d’individualisme de leur part serait de mise.

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lundi 16 novembre 2009 à 21h18 - par  Martin Rochefort

Je suis pour l’europe, mais il faut savoir différencier ce que l’Europe peut faire, et ce qu’elle ne peut pas faire. Il faut savoir dans quelle limite et dans quel sens l’europe peut être fondée et soudée. casino en ligne

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