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SNCF : LES NUAGES SOCIAUX S’ACCUMULENT

jeudi 29 octobre 2009
par  Rémi Aufrère
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SNCF : moins de départs en retraite, moins d’embauches, moins d’emplois et création d’un "délégué à l’évolution des métiers et de l’emploi »

Conséquence d’une logique implacable pour l’entreprise publique SNCF suite à l’application de la loi de réforme des retraites de 2007 : plus de 1500 cheminots ayant atteint l’âge de 50 ans (agents de conduite) et 55 ans (agents sédentaires) ont décidé de poursuivre leur activité. La Direction de la SNCF avait précédemment estimé à 7100 départs de l’entreprise (dont 5400 en retraite pour 2009 et 1700 naturels). Précisons que la loi de réforme des retraites de 2007 appliquée à l’entreprise publique ferroviaire va obliger dès cette année de nombreux agents à partir au-delà de l’âge de 50 et 55 ans pour maintenir le niveau de pension qu’il aurait perçu sans "réforme". Enfin, les évolutions très rapides que connait la SNCF par la libéralisation des transports (concurrence dans le fret ferroviaire ainsi que sur les relations internationales voyageurs) et les réflexions en cours sur les transports régionaux, ont décidé le Président Pépy a nommé un "délégué à l’évolution des métiers et de l’emploi" en la personne de Jean-Pierre Aubert.

Guillaume Pépy considère dans la lettre de mission remise à M. Aubert, que "le Groupe a besoin de se doter, en accompagnement des transformations managériales et organisationnelles en cours, d’une composante transversale majeure dans le domaine de l’emploi et des compétences". Est-ce une réponse aux inquiétudes syndicales fortes énoncées en décembre 2008 sur l’absence de mise en valeur de transversalité du rôle de la D.R.H., les "activités" prenant des décisions de façon particulièrement autonome sur la gestion des personnels et des parcours professionnels ? Le Président de la SNCF ajoute que trois principes devront guider le nouveau délégué. A savoir, la "priorité à la valorisation des ressources humaines du Groupe et au recrutement interne", "une plus grande faculté d’anticipation et de visibilité", et "s’assurer du caractère très opérationnel et donc très réactif des procédures et processus...".

Selon Guillaume Pépy, la première étape consistera "à identifier les opportunités d’évolution professionnelle...à travers la réservation d’un nombre accru d’emplois industriels et de production...au bénéfice du recrutement interne..., le développement d’emplois nouveaux, notamment dans les métiers du service aux voyageurs,...la ré-internalisation d’emplois dans certains domaines, comme l’informatique et les télécoms, la gestion de sites, l’entretien..., le développement de mobilités et de parcours professionnels valorisants...". S’adaptant à l’actualité, le président propose aussi "d’assurer le développement ...du management de mission, ...ou le télétravail". Tout en rappelant en début de courrier qu’il choisit "la voie du dialogue social et de la concertation". La SNCF est confrontée à d’importants problèmes démographiques qui ne peuvent s’améliorer à court ou moyen terme. Tout d’abord, les effets négatifs de la loi sur les retraites de 2007, l’évolution très négative du transport de fret (plus de 10 000 salariés concernés), la perspective de concurrence dans le transport régional de voyageur, les hypothèses de privatisation-filialisation de certaines activités et un marché du travail en nette compression. L’âge repoussé du départ en retraite ne manquera pas aussi de faire évoluer l’absentéisme pour maladie ainsi qu’augmenter (logiquement) les risques d’accidents du travail. D’où une probable limitation de la productivité. Ajoutons une situation économique bien difficile avec la réapparition du déficit et une crispation du climat social, le nouveau "délégué à l’évolution des métiers et de l’emploi" devra faire preuve d’une grande imagination et de beaucoup de tact avec ses futurs interlocuteurs. Le fait que M. Aubert ait participé à la restructuration de l’industrie sidérurgique de Lorraine dans les années 90 n’est pas forcément de nature à rassurer les organisations syndicales.

Fret SNCF (projet de restructuration) : entre sauvetage et sabordage...

L’activité de transport de fret de la SNCF devrait connaitre un nouvel avenir dans les tous prochains jours. Mais déjà les informations sur l’écriture du énième plan "de sauvetage" (ou de la "dernière chance") du Fret SNCF nous parviennent par bribes. Il est vrai que la question est difficile à résoudre après cinq plans, 3,5 milliards de subventions publiques dans les cinq dernières années et une perte de 600 millions d’euros en 2009, la crise actuelle ayant contribué à l’aggravation d’une situation structurelle déjà dangereuse.

En projet, la division en quatre branches l’actuel Fret SNCF : conteneurs, automobile et chimie, agriculture et carrières, acier). A d’ores et déjà été annoncé que la "branche" conteneurs ("combi express") en filiale de droit privé en juin 2010. Ce qui aura pour conséquence des "aménagements" importants pour les droits sociaux des personnels qui seraient volontaires pour travailler dans cette nouvelle entité. Les nouvelles conditions seraient logiquement en-deçà du droit du travail applicable aujourd’hui à la SNCF (règlement RH 077) pour se rapprocher du droit du travail applicable aux entreprises ferroviaires privées (congés, temps de conduite, etc...). Sans omettre la réduction de près de 40% des effectifs de Fret SNCF (jusqu’à 6000 suppressions d’emplois sur 15 000 au total !). Les cheminots de Fret SNCF qui n’accepteraient pas la réduction de leurs droits seraient reclassés au sein de la SNCF. C’est aussi le sens de la récente nomination d’un "délégué à l’évolution professionnelle" Monsieur Aubert (cf. Actu précédente). Le trafic du "wagon isolé" se verrait réduit d’environ 60%. Il est vrai que ce trafic est une charge difficilement supportable pour la seule SNCF.

Quid de l’avenir du fret ferroviaire ?

Avec la récente cession de VEOLIA Cargo à la SNCF et à Eurotunnel, d’aucuns auront compris que le transport ferroviaire ne répond pas forcément aux désirs des actionnaires (fussent-t-ils aujourd’hui publics !). Le président de la République a déclaré jeudi "nous allons investir massivement dans le fret ferroviaire". Pour favoriser le report modal route/fer proclamé lors des travaux du Grenelle de l’Environnement, c’est indispensable. Les moyens financiers pourraient être obtenus par le grand emprunt en partie, le reste étant porté par la SNCF, Réseau Ferré de France (propriétaire de l’infrastructure ferroviaire) et l’Etat (dans une mesure peut-être réduite vu la situation budgétaire de ce dernier).

Ce climat pourrait fragiliser la négociation en cours de la convention collective nationale des travailleurs du rail (entreprises privées), celle-ci ne devant pas être un élément favorisant le dumping social au détriment des conditions actuelles de l’opérateur public historique (SNCF). A défaut, un fort risque de tempête sociale pèse sur le groupe SNCF, et potentiellement les autres entreprises de transport ferroviaire.


Commentaires

Logo de junker daniel
jeudi 19 novembre 2009 à 17h51 - par  junker daniel

très bonne analyse ,bien documentée. c’est pour toutes ces raisons que les organisations syndicales cheminotes appellent à une manifestation nationale le 8 décembre, avant d’autres action dès le début de 2010.

Site web : http:// cheminot

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