https://www.traditionrolex.com/18 CHRONIQUES DU SARKOZYSME ET AUTRES (décembre 2009) - La Gauche Cactus

CHRONIQUES DU SARKOZYSME ET AUTRES (décembre 2009)

mercredi 16 décembre 2009
par  Jacques Franck
popularité : 51%

L’usurpateur (conte religieux)

Le samedi 5 décembre, le vieux Saint-Nicolas se leva de bonne heure, fit quelques pompes pour se mettre en forme, se livra à une toilette succincte, et prépara sa tournée annuelle. Il remplit sa hotte et le coffre de son véhicule de jouets et de confiseries, vérifia la mise à jour du listing de ses clients, et rendit une visite de politesse à Dieu, son employeur. "Méfie-toi, lui dit le patron, cette année tu vas avoir des problèmes. Ton titre est contesté par un petit mec arrogant, qui se prétend le seul Saint-Nicolas ! Il semble même qu’il se fait quelquefois passer pour Moi !" Le saint, qui en avait vu d’autres, ricana dans sa barbe et entreprit sa descente sur la Terre. Il distribuerait sa cargaison de cadeaux aux gamins en temps et en heure. Quant à l’imposteur, il n’aurait qu’à numéroter ses abattis !

A son atterrissage, le véhicule fut intercepté par une escouade d’anges vêtus de cuir, armés de flash-balls et de tasers. Il crut reconnaître les séides de Saint-Brice, le maître des polices terrestres. "Votre permis et les papiers du véhicule ! Ouvrez le coffre, sortez, mettez les mains sur le toit de la voiture ! Laissez-vous fouiller, sinon…" Le spadassin caressa amoureusement la crosse de son taser. Son supérieur expliqua. "Le vrai Saint-Nicolas, c’est pas toi, tronche de pou ! Le vrai, il ne donne pas de poupées à la gomme ni de pain d’épices de merde ! Le vrai, le nôtre, il couvre les bons, les riches, d’un épais bouclier fiscal ! Il soulage les pauvres patrons en leur épargnant une taxe professionnelle impie ! Charitable et généreux, il sort de sa hotte (c’est à dire de la poche des gens) des milliards d’euros pour consoler les banquiers qui ont eu des frayeurs nocturnes ! Il n’encourage pas les tire au flanc qui se prétendent malades et leur fait payer de justes franchises sur leurs soins ! Il rétablit la Justice, la vraie, en taxant ces flemmards d’accidentés du travail qui se gobergent sans payer d’impôts ! Bref, le vrai Saint-Nicolas répand les seuls bienfaits qui vaillent, ceux qui nourrissent le CAC 40 !" A l’appui de sa démonstration, l’ange glissa une contravention de 35 euros pour stationnement interdit sous le pare-brise de Saint-Nicolas.

Celui-ci mit le cap sur le Vatican et alla se plaindre à Monsieur Benoît. - Mon cher Pontife, on me traite mal. Les anges de ce voyou de Saint-Brice me jettent dans les pattes un usurpateur, un soi-disant Nicolas, qui… -Ach ! Grand Saint ! Bois un petit coup de ce schnaps, que je fais venir de Munich, et écoute-moi. Mon cher et vénéré ami Nicolas (il se signa avec effusion) ne saurait être un usurpateur. Il agit pour le bien de son peuple, de notre Religion et des riches. Ces malheureux ne pourraient pas plus entrer dans le Royaume des Cieux qu’un camélidé passer par le trou d’une aiguille. (Matthieu, 19-24) Ils méritent bien une petite compensation. -Pape, il est bon, ton schnaps. Mais… - Grand Saint ! Tu me déçois. Je vois bien, hélas, que ce n’est pas de toi que l’on peut attendre des réformes et que ta compréhension des choses de la vie est aussi poussiéreuse que ta barbe d’opérette. Le vrai Nicolas, le respectable, celui que j’aime, il est, lui, chanoine de Saint-Jean de Latran !" Le Pontife se signa d’une main et avala encore un petit coup de schnaps de l’autre.

Le bon Saint-Nicolas, désemparé, regagna ses pénates célestes et jeta un œil sur Facebook afin de se renseigner sur les véritables valeurs de notre temps. Les gamins terrestres n’eurent pas leurs cadeaux.

Le chanoine et le septième art

Nous vivons sous un prince ami des arts. Ami aussi de la jeunesse. Ami également des bonnes campagnes électorales. En cette fin de novembre 2009, il s’avisa de la pauvreté de nos banlieues en sites de production cinématographique. "Nom de Dieu, proféra-t-il, je vais arranger ça ! – Fais, mon poulet !" rétorqua son épouse, Madame Carla. Accompagné de deux éminents spécialistes en cinéma, Monsieur Brice-le Flic, et Madame MAM, la tenancière du glaive de la Justice, le chanoine se rendit à Epinay, dans le célèbre et redouté département 9-3. Il prit un bain de foule au milieu des CRS, dont certains n’hésitèrent pas à lui serrer la main. Car il était populaire.

Puis d’un geste dont la générosité marquera dans l’histoire du septième art, il présida à la mise en place de dizaines de caméras dans les rues de la ville. Des caméras de surveillance de la population. A l’approche des élections régionales, il importait d’en assurer la sécurité et de veiller à identifier les trublions. Il prit la parole : "Si certains se sentent gênés par ces caméras, qu’ils le disent devant les bons Français !" (citation authentique) Les bon Français et les autres ne dirent rien. Monsieur Brice et Madame MAM approuvèrent bruyamment. Le chanoine avait bien mérité du cinéma.


Commentaires

Brèves

27 octobre 2014 - Travail le dimanche (communiqué transmis par J.R. Simon)

Le Premier Secrétaire du PS précise que les ministres ne sont toujours pas autorisés à raconter (...)

17 janvier 2010 - BREVE DE TROTTOIR

“Je crois au travail et je crois à la famille", a déclaré Nicolas Sarkozy à Cholet, le 6 (...)

29 mai 2009 - ATTENTION DANGER !

Depuis Santiago du Chili, Jean-Michel Hureau, notre correspondant permanent pour (...)
https://www.traditionrolex.com/18 https://www.traditionrolex.com/18