ERIC LE BRUN

lundi 1er février 2010
par  Yann Fiévet
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Les époques noires ont leurs serviteurs volontaires. L’actuel ministre français de l’Immigration et de l’Identité Nationale est de ceux-là sans l’ombre d’un doute. Il ne fait non plus aucun doute que l’Europe entre aujourd’hui de nouveau dans une des périodes les plus sombres de son Histoire moderne. Il se pourrait bien que sur cette pente inexorable vers l’abîme les évènements du vendredi 8 janvier dernier à Rosario marquent une étape décisive. M. Eric Besson est l’un des plus ardents partisans de « l’Europe forteresse » et de ses conséquences funestes pleinement assumées. En même temps, il est l’une des figures les plus emblématiques de la crise morale et politique que traverse l’Europe – et en particulier la France – depuis deux décennies.

Qui peut décemment nier que « la bête immonde » est de nouveau bien vivante en des endroits du « vieux continent » de plus en plus nombreux. Non contentes d’être déjà impuissantes à porter remède à la crise économique, les classes politiques européennes jouent dangereusement avec le penchant populaire consistant à accuser l’étranger pauvre de tous les maux. Elles ne le font pas toutes au dernier degré mais toutes le font. On a commencé par affirmer qu’il existait en nos sociétés éminemment démocratiques des profiteurs. Des riches s’enrichissant sur le dos courbé des pauvres ? Que nenni ! Des pauvres privés d’emploi prétendument responsables de leur inactivité, négligeant de se lever tôt comme les gens honnêtes et courageux, osant pourtant se servir des protections de l’État social en perte de vitesse programmée. Une fois que les opinions publiques sofressement et chazalement influençables sont majoritairement convaincues que la société entretient une foule de profiteurs, le discours sur le Profiteur venu d’on ne sait où passe comme une lettre à la poste. Sans effort, on affirme ensuite que l’identité nationale est en péril et qu’il est urgent et vital d’en débattre. Il faudrait pourtant se souvenir d’un ancien appel à l’idée d’espace vital. C’était un autre avatar de notre Histoire. C’était déjà en Europe. L’issue en fut fatale pour des millions d’hommes, de femmes et d’enfants.

M. Besson épouse consciencieusement son époque, au prix du mensonge et de la malhonnêteté. Mais pas au prix du renoncement d’idées premières comme certains observateurs mal avisés le supposent en référence à son ancienne appartenance au Parti Socialiste. Cet homme n’a renoncé à rien. Il n’a jamais été généreux. Il attendait son heure. Elle est enfin venue. Ce qui est troublant dans sa parenthèse « socialiste », c’est qu’on le laissa faire, se construire une personnalité grâce à des fonctions respectables au sein du deuxième parti de France. Il y était l’un des économistes en chef, en charge de l’importante question de l’emploi. Et personne n’aurait rien remarqué de sa posture plus que droitière ? Un parti franchement ancré à gauche n’aurait assurément pas laissé passer ça. C’est bien qu’il y avait là des identités de vues sur des sujets essentiels. Ainsi naît et prospère une crise morale, par contagion des idées sales et affaiblissement progressif des capacités à y résister. C’est d’abord à l’aune de l’indifférence au chômage et à la souffrance au travail que le tribunal de l’Histoire jugera un jour ces hommes-là pour comprendre comment ils purent dans une Europe potentiellement riche établir un tri mortifère entre des êtres humains.

Un jour du début de l’année 2010 vint Rosarno. Dans cette ville de Calabre où la ‘Ndrangheta, la plus sanglante des mafias italiennes, organise la totalité du travail au noir de l’agriculture, la population autochtone s’est déchaînée contre des travailleurs immigrés ayant osé se rebeller contre leur sort misérable. Cette chasse à l’étranger a fait des dizaines de blessés parmi les immigrés. Des centaines d’autres ont fui la région avant que Roberto Maroni, le Ministre de l’Intérieur issu de l’extrémiste Ligue du Nord, annonce l’expulsion des travailleurs étrangers impliqués dans les évènements. Payés vingt euros par jour pour douze ou quatorze heures de travail à récolter les agrumes, ce sont eux que l’on désigne comme les coupables. Bien sûr, la plupart des Italiens sont traumatisés par l’affaire. Certes, Benoît 16 a protesté. Mais, cette affaire dépasse de loin la Calabre, elle concerne tous les Européens. Sur fond de délitement social généralisé, on n’osera pas mettre sa main au feu que cela ne puisse se produire ailleurs demain. Chez nous, les travailleurs sans papiers surexploités sont pour l’instant plus que dociles. Qu’il leur prenne la mauvaise idée de perdre leur calme… M. Besson saura leur rappeler que les lois de la République que le patronat ne respecte que trop peu ne sauraient être transgressées par des individus que la France ne fait que tolérer sur son sol.

Le débat officiel sur l’identité nationale orchestré depuis deux mois par M. Besson a libéré la parole, souvent pour le pire des discours. Le risque est grand désormais que la parole ne suffise plus aux franges de la population « blanche » les plus promptes à châtier les coupables qui leur sont désignés.


Commentaires

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lundi 15 février 2010 à 12h39 - par  4PI-T

La bête immonde se relève avec une lenteur inexorable, impitoyable.

Notre conscience nous met en alerte mais notre vie quotidienne nous prend dans ses filets.
La délégation de pouvoir à un Etat qui l’a perdu en grande partie nous réduit à regarder sans moyens d’y remédier le délitement de notre société, de notre milieu de vie.
Nous avons perdu pied, notre économie est dirigée par des forces qui nous, populations, nous échappent. Nous ne voyons plus la contradiction récurrente entre les discours de nos élus et leur soumission au système destructeur. Nous ne voyons plus notre enfermement dans l’inaction de fait, tant le médiatique agite des hochets et (des feux) d’artifices.
Nous croyions encore à nos institutions pour freiner à défaut de compenser l’inévitable, nous regardions vers nos partis raisonnables et éclairés, las, ils sombrent dans les luttes internes, dans les corruptions des financiers. Même leurs messages les plus pertinents contre ce système abject sont filtrés par des médias propagandistes.

Inévitablement la bête immonde se réveille. L’incompréhension et les contradictions des discours et des actes suscitent la recherche de coupables. Le cerveau reptilien les connait depuis des millions d’années, c’est l’autre, le non-semblable, le non-frère le non-soi-même que la chrétienté rejète implicitement. L’horreur le dispute à l’abject quand des politiciens acceptent et encouragent cette partie primitive de notre cerveau - la répudiation de la pensée, de la raison ...

Incapables de lutter contre les forces de l’argent dont ils profitent, nos politiciens cherchent des coupables chez les marginaux, les pauvres, les miséreux, en un mot, les faibles qui jamais ne pourront se défendre d’un discours mensongé et aliénant et d’actions contradictoires.

Nos sociétés n’auront que l’histoire pour juger cette période de domination destructive du profit de quelques fortunes sur la totalité du monde, pillant à la fois les populations, mais aussi l’environnement, donc le temps, la vie à venir, pour des millénaires.

On a vu dans l’histoire des horreurs, des catastrophes, mais jamais à la fois tant de désastres qu’un système aussi puissant, parvient quotidiennement à se justifier à chacun de nous, grâce à des messages omniprésents.

Je ne vois pas d’issue autre que catastrophique à notre civilisation. Nos inter-dépendances dont nous ne maitrisons plus les liens nous privent de toute possibilité d’action.Savez-vous décrire les sources indispensables de votre minimum vital (nourriture, eau, énergies) ? En d’autres mots, sauriez-vous que faire en cas de défaillance d’un besoin ? Nos institutions dirigées par des prédateurs aveugles ne font plus rien pour maitriser la bête. Le système ne tient plus que par l’habitude, mais les piliers faiblissent - en particuliers (le pillage) l’accès à l’énergie facile, la qualité et l’abondance de l’eau claire, les rendements des l’agro-industrie des plantes nourricières, les ressources fossiles en matériaux, et les tensions internationales d’accès à ces ressources augmentent dangereusement.

Les multiples alarmes et le bon sens des populations quand elles rejettent les guerres, le traité félon de l’UE, .. démontrent à l’envie l’incapacité et le refus de changer cette situation pour établir des relations apaisées entre les personnes les populations les acteurs. La guerre perpétuelle entre chacun n’est pas qu’un message omniprésent mais une réalité, il faudra des décennies d’éducation pour comprendre que la solidarité construite est la base indispensable à toute société pérenne.
Les pouvoirs effectifs sur le monde sont incapables de l’entendre (une forme de folie), c’est pourquoi sans un sursaut populaire massif et improbable, je crains que l’humanité, mes contemporains, mais aussi mes descendants souffrent considérablement dans leurs courtes vies de ce système dont ne profite qu’une minorité de dictateurs masqués.
Les moyens de répression dont dispose ce système augmentant chaque jour rendent encore plus catastrophique le réveil des populations. Pourtant les causes de déstabilisations se développent inexorablement...

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