« MAIS OU EST DONC PASSE BEN LADEN ? », à propos de Jean Baumgarten
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« MAIS OU EST DONC PASSE BEN LADEN ? »
Par Mick et Paule
Nous avons reçu les deux derniers ouvrages de Jean Baumgarten, dont une opérette « tragi-comique » : Mais où est donc passé Ben Laden ? Alors, on en parle. Il fait fort, ce monsieur, mais alors très très fort. Ce qui prouve que le militantisme conserve. Ce coruscant septuagénaire a commencé chez les trotsks en 1948, est entré dans le théâtre d’intervention (Groupe Spartacus) dès 1949, a participé à la création du PSU en 1960, est allé chez les Verts en 1995 et, dégoûté par la ministre Voynet, est revenu dans ses amours de jeunesse, à la LCR avec le facteur. Entre temps, acteur, chanteur, compositeur, il écrit divers textes. L’opérette sur Ben Laden ne fait pas dans la dentelle. Nous sommes loin de Madame Angot (pas Christine, sa grand’mère) ou des chanteurs de Mexico ou d’ailleurs. C’est, comme on disait, du théâtre engagé. Très. Très très. La thèse de l’opérette, c’est que Ben Laden n’est qu’une invention américaine pour permettre à l’impérialisme/capitalisme de se développer pendant qu’on amuse la galerie avec les complots islamo-terroristes internationaux. Même s’il y a du vrai là-dedans, dans la mesure où il évident que G.W. Bush instrumentalise à outrance la peur du terrorisme, il demeure que celui-ci existe, avec, lui aussi, des visées impérialistes, non ? Mais l’opérette est propice aux simplifications. Et le livret n’est pas sans qualités, et le spectacle à contenu politique est si rare de nos jours. Jean Baumgarten, lucide, souhaite bien du courage à qui voudra monter son œuvre. Il en faudra, en effet. Le bougre récidive avec un brûlot, essai politique cette fois, dont le titre est on ne plus explicite : Pour en finir avec le sionisme. On ne peut guère soupçonner Baumgarten d’antisémitisme : il fut sauvé par des français courageux des griffes nazies, mais sa famille a payé un lourd tribut à l’extermination. Et il raison de faire la distinction entre antisémitisme et antisionisme, abusivement utilisée par certains défenseurs, ouverts ou discrets de la politique d’Ariel Sharon (il en profite pour étriller, à sa façon abrupte, Finkielkraut, Taguieff et quelques autres). Il a raison encore de dénoncer cette politique. Il est courageux de militer, comme il le fait, pour la construction, à terme, d’un état unique, laïque, où juifs, arabes vivraient dans une paix démocratique. Qui n’en rêverait ? On apprend aussi, si on n’est pas versé dans la question, pas mal de choses sur la genèse du sionisme, ses déviations. Il y a également d’utiles rappels sur le fait que le terrorisme fut en Palestine, une activité hélas bien partagée par les actuels protagonistes au long des soixante dernières années. Mais, très mais, on ressent une gêne certaine dans la défense d’équations du genre Sharon=Hitler, mal justifiée par un amalgame incertain avec le CRS=SS de mai 68. Une chose est de dénoncer la politique haineuse et cynique de Sharon, ou les compromissions multiples d’un Pérès, une autre est de se risquer dans des comparaisons hors de propos. De même, nous gobons mal la mansuétude manifestée à l’égard de Tariq Ramadan, dont l’islamisme utilise d’ailleurs bien des procédés que l’auteur critique, à juste titre cette fois, familiers à certains sionistes. En tout cas, si le but de Jean Baumgarten est de faire réagir, c’est assez réussi. Ces ouvrages sont diffusés par la Librairie La Brèche, Paris
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