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DE N. SARKOZY A M. AUBRY : D’UNE LOGIQUE ANTIPATHIQUE A UNE CRITIQUE SANS COHERENCE

samedi 17 juillet 2010
par  Gérard Bélorgey
popularité : 60%

Il faut s’arracher aux points secondaires des arguments échangés entre les parties aussi bien sur les affaires - dont l’apparition dans les circonstances actuelles brouille en réalité les débats de fond - que sur les questions de politique sociale (la réforme des retraites), budgétaire (les coupures de crédits) et économique (la continuité de l’application du modèle européen) pour comprendre l’essentiel des enjeux et des postures de chacun.

Ce qui ressort de plus clair des réponses de N. Sarkozy au malheureux David Pujadas, lui ayant servi des questions un peu provocantes utiles à faire venir ce que le président voulait dire, mais n’ayant contré aucune de ses plus contestables assertions (par exemple sous estimation du chômage réel ; surestimation des impositions françaises ; effets positifs des réformes accomplies, etc.), est que l’homme ressent et exprime avec conviction une vision schématique de la société française.

Cette vision est la suivante : dans le monde de la compétition internationale, il faut d’une part que les riches puissent tirer l’économie et donc conduire la politique et d’autre part que les entreprises soient allégées de charges sociales et fiscales autant, dans les rapports de forces existants, qu’il est possible et ceci d’abord en faisant plutôt payer ces charges par les ménages (sauf par les plus aisés dont les facultés motrices doivent être protégées), ensuite en supprimant des dépenses dont - dès lors qu’on a besoin d’un effet massif - bénéficient les plus modestes et les classes moyennes, les autres économies (marginales) ayant le rôle de produire en fausses fenêtres, des effets d’image.

Cette vue simplificatrice devient en fait simpliste dès lors qu’elle ne distingue pas entre les "riches" se conduisant de manières utiles et les autres, entre les entreprises fortement exposées à la concurrence mondiale et les autres, entre les équilibres comptables à court terme (dont la recherche commande essentiellement la réforme des retraites) et les transactions sur la durée recherchant une part significative d’équités sociales. Ce simplisme paraît bien inspirer un président de combat se considérant manifestement comme mandaté par sa classe pour faire prévaloir ces vues au moyen de techniques de contrôleur de gestion, juste modérées par quelques précautions électorales regardées comme insuffisantes par une partie de la droite elle-même.

Mais ce simplisme est celui de la mode européenne. Il est à l’oeuvre partout : en Allemagne, en Espagne, en Grèce, en Grande Bretagne, etc. Il inspire certes l’antipathie, surtout accompagné de pratiques légales ou paralégales en faveur des soutiens du pouvoir. Mais il répond à la logique du monde du libre-échange dans lequel on consent à la domination - voire à la prédation - des sociétés ayant tenté de maintenir un compromis social par les économies fondant leur puissance sur la faiblesse dérisoire (l’Asie) ou sur la réduction drastique (le modèle anglo-saxon germanique) de leurs coûts sociaux, publics et fiscaux.

Et comment peut-on dès lors entendre avec confiance la critique sympathique qui provient de la gauche ? Ce qui ressort en plus clair de ses commentaires est qu’il existe des réponses socialement mieux équilibrées au besoin de financement des régimes sociaux et qu’une politique de la demande serait meilleure qu’une politique de restrictions budgétaires pour assurer l’emploi. Mais financer avec équité les besoins de ressources sociales, améliorer les pouvoirs d’achat d’une part pèserait évidemment sur les coûts, ce qui serait vite incompatible avec, sur tous les produits et non seulement sur les produits de main d’œuvre, la compétition mondiale et européenne par les prix et d’autre part renforcerait la satisfaction d’une demande amplifiée par des offres externes plus compétitives que les nôtres.

En bref la recherche de l’équité et le soutien de l’économie par la demande interne ne peuvent être employés sans risques majeurs dès lors qu’il n’existe pas une part de protections commerciales. Et, certes, ces protections commerciales conduisant à renchérir une part correspondante de produits de consommation, toute politique faisant une place au protectionnisme doit faire une place compensatrice à un soutien du pouvoir d’achat populaire, soutien qui est, réciproquement, inadéquat, sinon impossible, en économie libérale ouverte.

Ainsi la logique - mais il la caricature un peu - est du côté de Nicolas Sarkozy. Elle ne pourrait venir aux côtés de M. Aubry qu’au prix de l’affichage d’un changement de stratégie socialiste : la reconnaissance d’un besoin de protections commerciales européennes et, par divers procédés concevables, au sein de l’U.E. elle-même, de la France et/ou d’un noyau de pays socialement avancés. Ce n’est malheureusement pas le ton du socialisme européen. Dans un texte datant de quelques jours " Pour une relance progressiste du projet européen", SPD et PS reviennent certes sur le besoin d"une harmonisation fiscale et sociale, mais ne touchent pas un mot des besoins de protections commerciales pour assurer l’emploi et la capacité de politiques sociales ! Est-ce une manière de faire réfléchir leurs concitoyens, de préparer des évolutions de l’opinion ? Celle-ci est inconsciente. Pour en juger, il suffit d’écouter les interpellations des Français envers les personnalités politiques et autres lors des émissions à cette fin. La question des protections commerciales n’est quasiment jamais posée. Elle reste un tabou, au bénéfice des errements sur les affaires (ainsi M. Estrosi en ligne s’est vu moins interrogé sur la politique industrielle et les relations commerciales mondiales que sur ces affaires jouant un regrettable rôle d’écran de fumée et dispensant hélas l’opposition de traiter, elle, des vraies questions non seulement de la souffrance sociale et de réformes idéales, mais de la stratégie économique. La politique ne doit pas seulement être procès d’adversaire, compassion pour les pauvres et propositions sympathiques, mais prospective de faisabilité de mise en oeuvre d’autres convictions.

De quelque côté qu’on se tourne ; du moins vers les grandes formations politiques, on attend toujours pour la France un projet solide et non caricaturé par les idéologies (oh non, elles ne sont pas mortes...) des uns ou des autres.

Le blog de Gérard Bélorgey : http://www.ecritures-et-societe.com


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