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ON PARLE DES RETRAITES ? N’OUBLIONS PAS L’EUROPE !

jeudi 15 juillet 2010
par  François Lucas
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Une fois de plus, et ce n’est pas nouveau, quels efforts ils ne déploieraient pas pour noyer le poisson, à gauche comme à droite : on parle des retraites comme s’il s’agissait uniquement d’une attaque franco-française sur un problème franco-français. C’est méconnaître, ou oublier sciemment ce qui se passe à la Commission Européenne, avec par exemple les déclarations de Barroso indiquant que l’âge de la retraite pour les européens devra être fixé à 70 ans, (bon, la date annoncée de 2060 fait que beaucoup d’entre nous auront pris perpétuité...), c’est oublier, aussi, les décisions politiques, espagnoles, grecques ou portugaises, attaquant à la fois la durée de cotisation et le montant des salaires et des retraites, et même l’Allemagne et le Royaume-Uni ne sont pas épargnés. A noter que la pression se fait d’abord sur les pays les plus développés de l’Union, à la fois en terme de niveau de vie et de protection sociale. C’est aussi oublier un peu vite que la Commission s’occupe du sujet depuis une bonne vingtaine d’année, et que la Directive dite "IRP" (2003/41/CE du 3 juin 2003) sur les activités des Institutions de Retraites Professionnelles nous poursuit puisqu’elle induit le développement des retraites par capitalisation essentiellement gérées par des organismes privés.

Tout ça est donc parfaitement cohérent de la part du MEDEF, de son équivalent européen l’UNICE, des gouvernements qu’ils manipulent, et confirme ce que nous avions dit, pendant la campagne contre le TCE, que le contenu du traité nous amenait, à terme, à un nivellement par le bas des revenus du travail, des conditions de travail et des droits à retraite dans la mesure où le traité se faisait sans harmonisation sociale et fiscale. Après avoir mis les travailleurs européens en concurrence, comme ça n’allait pas assez vite, on organise une bonne crise, pour expliquer au bon peuple qu’il faut se serrer la ceinture. La crise a eu bon dos, on a "sauvé" les banques pour "sauver" l’épargne du bon peuple en oubliant de dire que c’était avec son propre argent. Puis les banques se sont refait une santé, et ce sont les États qui maintenant sont engorgés par les fameux actifs toxiques. On demande donc, de nouveau, au bon peuple de sauver les États : cure d’austérité, réduction des salaires, d’abord des fonctionnaires, pour montrer l’exemple, comme dans les années 30, augmentation des impôts, etc enfin bref les derniers acquis sociaux qui volent en éclats. Et ce n’est pas fini, car qui rachète les actifs toxiques de la crise Grecque ? La Banque Centrale Européenne, ceci, bien sûr, en toute indépendance, pour sauver les banques, dont certaines bien françaises qui en détenaient encore, ceci beaucoup plus discrètement.

Ce qui est pour le moins gênant, c’est que la plupart des ténors politiques, de droite comme de gauche, complètement autistes au problème lors de la campagne, ne semblent pas avoir pris conscience des enjeux et du problème de la construction libérale européenne, pas plus le PS que les Verts. Les syndicats ne semblent d’ailleurs pas plus concernés, parce que se polariser sur le problème français, c’est simplement occulter ce qui est maintenant une évidence : que nos politiques n’ont plus aucune marge de manœuvre vis à vis des lobbies bruxellois, et dans le cas des retraites, c’est le lobby des assureurs, au nom de l’achèvement du marché unique et de la libre concurrence. Pour ce faire, deux leviers sont utilisés depuis plus de dix ans, le Cour Européenne de Justice, chargée d’interpréter les traités et la Commission chargée de préparer les dossiers pour la Cour (Lire l’excellente analyse faite par un membre du CNRS, Gaël CORON "Retraite par capitalisation et Union Européenne : Retour sur le directive Institutions de retraite professionnelle", http://www.ires-fr.org/IMG/File/r431.pdf). Si on ajoute à ça, les dernières rumeurs, comme quoi Bruxelles veut donner son avis sur les budgets nationaux avant les parlements nationaux, on est en train de serrer le nœud coulant qui va nous étrangler. Il est intéressant de lire le MEMO/09/99 intitulé "La crise économique et les retraites dans l’UE" publié par Bruxelles en mars 2009. On y trouve un tissus de satisfecits et des phrases pour le moins inquiétantes : on nous explique que si les fonds de pensions sont moins sensibles à la crise, c’est parce qu’ils sont très prudents, ce dont on peut légitimement douter, nos propres députés européens qui avaient souscrit une retraite complémentaire auprès du fond de pension Madoff devraient s’en souvenir, et surtout parce qu’ils ne commenceront réellement à payer que dans quelques décennies. Plus l’âge de la retraite viendra tard plus les fonds de pensions s’en mettront dans les poches. Il faut admirer la conclusion du document : "La crise financière a peut être également attiré davantage l’attention sur les questions structurelles sous-jacentes relatives à la viabilité des régimes de retraite. Il est possible qu’auparavant, dans une certaine mesure, ces questions aient été masquées par les perspectives de rendement dans des régimes de pensions par capitalisation, qui semblent maintenant trop optimistes. Des adaptations peuvent donc être nécessaire pour garantir la bonne santé des régimes de retraite à long terme". Admirez, comme dans les traités, l’utilisation abusive du verbe "pouvoir" sous toutes ses formes.

Autrement dit, ils avouent, faiblement, qu’ils ne sont pas certains que les fonds de pension qui collectent l’argent actuellement seront réellement capable de payer une retraite lorsque le temps sera venu. A qui va-t-on demander d’assurer la survie des fonds de pensions ? Sans doute encore au bon peuple, que voulez vous, "la crise mon bon monsieur".

Donc l’attaque, en France, contre la retraite par répartition n’est pas un accident provoqué par la crise, mais le résultat d’une opération de longue haleine menée par les partisans de l’Europe libérale. Il faut de nouveau mettre le doigt sur la responsabilité de la pieuvre Bruxelloise, il faut aussi mettre l’accent sur les dérives syndicales, comme celle de la CFDT prête à accepter une "certaine dose de capitalisation" autrement dit le deuxième pilier de la directive. D’ailleurs le but est clairement affiché dans le point 5 du considérant "Dans la mesure où les systèmes de sécurité sociale sont soumis à des pressions croissantes, les régimes de retraite professionnelles verront leur rôle complémentaire gagner en importance..." : rendre par des décisions juridiques la plupart des systèmes de retraites par répartition contraires à la libre concurrence et au marché unique, ne laisser survivre d’un service de base (de quoi ne pas mourir de faim) et favoriser la retraite par capitalisation...comme le dit justement G.Coron dans son papier "Une des raisons essentielles du succès de la Directive est le ralliement des représentants d’assurances-vie au projet." Ben voyons ! Et dans la conclusion "En outre, si le texte ne suffit pas à lui seul à instaurer un marché unique des fonds de pension sans une coopération des États Membres, il fournit le cadre de cette coopération et inscrit sur les agendas politiques nationaux le développement des retraites par capitalisation." C’est exactement ce que nous vivons actuellement, il serait donc passionnant de savoir ce que pensent les partis de gauche, et certains syndicats, qu’on croise dans les manifestations contre la réforme des retraites, de la Directive et de son application en France puisqu’elle a été transposée en 2005 sans que, semble t-il, ils n’y aient rien trouvé à redire.

Et, si comme le dit la CFDT, une certaine dose de capitalisation est possible, ça voudrait dire que les salariés actifs et les entreprises ont les moyens de cotiser à ces fonds de pension. Alors, ils ont peut être les moyens d’augmenter leurs cotisations pour la retraite par répartition, ce qui serait sans doute plus juste et moins dangereux.

Plus d’infos sur l’historique de la Directive et de ses conséquences : http://www.ires-fr.org/IMG/File/r431.pdf


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