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CHRONIQUES DU SARKOZYSME ET AUTRES (septembre 2010)

mercredi 25 août 2010
par  Jacques Franck
popularité : 91%

Les maîtres du chanoine

Le chanoine Nicolas connaissait bien des misères. Son peuple le boudait et les sondages faisaient montre d’une ingratitude sans précédent. Son vizir préféré, Monsieur Eric (pas le traître, l’autre), subissait des persécutions sous prétexte qu’il aimait trop les vieilles dames qui n’avaient pas la chance d’être pauvres. La sécurité des citoyens était moins assurée qu’au début de son règne. Même dans son camp, certains sournois envisageaient de recourir à un personnage de moindre qualité pour lui succéder. Il décida de frapper un grand coup et s’inspira de ses maîtres respectés. Le maître Jean-Marie, naguère parachutiste et tortionnaire par patriotisme en Algérie, politicien démagogue et encore écouté, lui susurra ; “Chanoine de mes deux, l’étranger, voilà l’ennemi ! Tu tapes dessus, tu gagnes à tous les coups, connard. Un mec ne te plaît pas, pour peu qu’il soit immigré et naturalisé, tu le déchois de la nationalité française. Si tout va mal, c’est la faute aux immigrés (sauf les Hongrois et les Italiennes) Cogne, mec, cogne !” Monsieur Eric, pas l’autre, le traître, gloussa de joie.

Le maître Philippe, bien que mort depuis longtemps, frémit sous son suaire orné d’une francisque et d’un bâton de maréchal. D’une voix chevrotante, il encouragea son élève : “Mon cher chanoine Nicolas, mon digne successeur, je fais don de ta personne à la France ! Tu veilleras à la pureté de la race. Pour commencer, tu vas compléter une de mes oeuvres immortelles. Expurge notre pays de ces Gitans, ces Roms, ces gens du voyage, qui souillent nos belles campagnes. Avec l’aide de nos amis allemands, dont la bienveillance éclairait nos terres, j’avais commencé ce pieux travail d’épuration ethnique, que je n’ai hélas pas eu le temps de mener à son terme. Et puis, quand tu auras fini avec eux, pense aussi un peu aux juifs. Et nous chanterons tous en choeur “Nicolas, nous voilà !”. Va mon fils, et sois ferme !” Le chanoine, fort des conseils de ses maîtres, prit des mesures en ce sens. Il n’est pas certain que le peuple, qui se réclame d’autres références, le laisse faire.

Le chanoine, ses acolytes, et la tolérance

Je reviens à Paris après quelques jours de désintoxication volontaire. Courte période au cours de laquelle je me suis donc tenu à l’écart des frasques des estimables dirigeants de mon pays. J’ai même poussé la vertu bien loin en m’abstenant de lire mon journal de classe préféré, d’écouter la radio, de regarder la télévision.

A mon retour, misère ! Qu’est-ce que je vois ? Le chanoine Nicolas, co-prince d’Andorre, que je croyais en pieuse retraite dans la modeste cabane de vacances de Madame Carla dans le Var, surgit de partout. Il morigène les ambassadeurs, fait cliqueter les sabres en Afghanistan, se prépare à une purge drastique dans son petit personnel. Et surtout, surtout, il bafoue des principes que l’on croyait intangibles en discriminant, stigmatisant, expulsant une communauté à composantes sociale, ethnique, religieuse qu’il déclare criminelle.

Monsieur Brice, celui-là même qui a été condamné par un tribunal pour propos racistes, applique sur le terrain les ordres du chanoine son maître à coups de bulldozers sur les caravanes. Monsieur Eric (le traître) complète le travail en enfournant des milliers d’européens, des Roms, dans des avions à destination de Bucarest et Sofia. Monsieur Bernard du Quai d’Orsay est spécialiste en actions humanitaires et en retournements de vestes. Il y ajoute la casquette de lèche-cul officiel, en prenant la défense de ce pauvre chanoine accusé par les méchants de malmener les Roms. Rien ne serait complet sans Madame Roselyne. Fière de ses exploits précédents en démantelant les hôpitaux, en brisant des lances (coûteuses) contre une épidémie de grippe qui lui a fait faux bond, et en prenant en main les Bleus lors de la Coupe du Monde de football, elle remplit une nouvelle mission. Le chanoine l’expédie aux Antilles : "Va, ma grosse Louloute, va en Martinique, va en Guadeloupe, va extirper ces putains de moustiques et leur dengue qui tue mes lointains sujets !" Elle y va, mais les moustiques et leur dengue étaient déjà là depuis six mois et les princes qui nous gouvernent ne le savaient pas.

Moi, citoyen, électeur, contribuable, médecin et communiste, je sens ma tolérance s’épuiser. Je ne supporte plus le chanoine, ses comparses, ses voyous et ses incapables.

Monsieur Eric et la rigueur

Monsieur Eric, pas le traître, l’autre, est un homme de rigueur. Gérant naguère les comptes de l’Etat (et par la même occasion ceux de son parti), il pourchassait impitoyablement les fraudeurs qui expatriaient leurs capitaux pour les soustraire au fisc. Nul n’aurait osé, par exemple, acheter une île aux Seychelles sans encourir les justes foudres de Monsieur Eric. Applaudissons ce patriote. Madame Liliane est une grande figure, symbolisant la réussite d’une vie de labeur (et de spéculations). Le monde entier nous envie cette honnête personne. Ses économies, qui atteignent à peine vingt milliards d’euros, sont administrées par une société au nom presque cornélien de Clymène (avec un l et un y). Madame Florence, au sein de cette méritante ONG, est en charge des placements de Madame Liliane. Le hasard veut qu’elle soit aussi l’épouse de Monsieur Eric.

Comme personne n’est parfait, il arrive que Chymène dérape une peu et couvre un ou deux péchés, véniels tels que la dissimulation de quelques sous en Suisse ou l’achat non déclaré d’une île aux Seychelles. Plus d’autres broutilles. Le mari de Madame Florence étant très occupé et parfois distrait, il n’a jamais sévi contre ce que les méchants appellent des escroqueries fiscales. Mais ces oublis n’entachent pas sa rigueur. Devenu vizir du travail, il l’applique inflexiblement à l’encontre des salariés qui refusent un recul de l’âge de la retraite. Et le président Nicolas, dans cette affaire ? On parodie Corneille : “Le chanoine a pour Woerth le regard de Clymène”.


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