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REMANIEMENT : LA DROITE LIBERALE BCBG EN ORDRE DE MARCHE

dimanche 28 novembre 2010
par  Gérard Bélorgey
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Le "non évènement" est un tournant éloquent. Le remaniement ministériel marque la victoire d’un premier ministre que l’électorat conservateur classique et que le parti majoritaire préfèrent au président de la république. Aussi diverses qu’ait été les attaques que celui-ci a de plus en plus suscitées du fait de son style autant que de ses options, il faut reconnaître en parallèle l’intérêt que sa forme de recherche avait engendré dès la campagne électorale dans des milieux politiques, intellectuels et médiatiques reflétant non seulement toutes les sensibilités de la droite, mais dépassant aussi celle-ci. Ce qui s’est transcrit alors dans deux formes d’ouverture : l’une envers des hommes et des femmes de la diversité ; l’autre dans l’exploration , à côté de positions de combat (sur la fiscalité, l’identité, les retraites, les finances) de réponses originales à un certain nombre de questions de ce temps (sur les limites d’intérêt national à imposer à la mondialisation, sur l’environnement, sur le fonctionnement de l’Europe, sur la moralisation financière, sur les relations sociales, etc..) Tout cela n’a pas manqué d’irriter dans les rangs de l’UMP et d’éroder un électorat traditionnel attendant surtout que l’on sorte de la crise par la soumission aux contraintes de la mondialisation, à savoir par la rigueur, c’est à dire par des sacrifices imposés aux autres.

Ce qui s’est passé, c’est, après les premières étapes test considérées comme réussies de la réforme des retraites et des coupes budgétaires et sociale, l’affichage politique de la clôture de la période des recherches de solutions un peu pluralistes au profit d’une reprise en main par la droite "bon chic bon genre" telle que l’illustrent les figures marquantes (et secondaires tout autant, mais toutes bien convenables qui sont restées dans l’équipe ou qui ont rejoint le gouvernement. À l’inverse tous ceux qui en étaient des formes de piment comme Rama Yade ou Fadela Amara, ou qui se posaient des questions comme Kouchner ou qui auraient pu chercher, comme Jean-Louis Borloo, des pistes économiques et sociales pouvant concurrencer l’orthodoxie libérale par des soucis de solidarité sociale, s’en vont. Le retour de qui « droit dans ses bottes » fut en son temps un peu trop rigide pour réussir - retour indispensable pour rallier une part des électeurs historiques - n’est plus un risque aujourd’hui. Le récif est franchi et le bon collaborateur ayant piloté avec succès une réforme des retraites qu’avait manquée un ancien premier ministre a pu être sacrifié de manière propitiatoire pour ses péchés confondus sur l’autel de ses services.

Le seul qui détonne encore un peu, au fond, dans ce pouvoir si idéologiquement homogène, c’est le président. Il a été, pour les siens, un bretteur irremplaçable en 2007, le joker des droites, brouillant un peu les pistes par ses langages et ses tentations novatrices. Ce temps est passé. Ce qu’il faut à la droite classique, c’est appliquer ce qu’impose l’ordre concurrentiel mondial à la société française, en le faisant en douceur pour éviter les vagues et les ressacs, mais avec une impitoyable fermeté et sans la moindre hésitation doctrinale (comme en témoignent les responsables de l’économie et des finances). Et que surtout le style provoquant et parfois l’imagination inquiétante d’un Nicolas Sarkozy ne mettent pas de désordre dans cette entreprise de discipline qui doit être conduite de manière rigoureuse, mais aussi soft que possible, dans le style si correct du premier ministre, les effets de manche étant laissés aux soins du nouveau responsable du parti majoritaire.

La droite, à l’exception d’une marge assez étroite de droite sociale et morale, a toujours préféré, en dehors des moments de crises ou d’incertitudes, les gestionnaires appliquant l’ordre du monde aux agités, aux réformistes, aux visionnaires, en bref, par exemple, un Pompidou à un de Gaulle. Bien qu’aucun de ces parallèles ne soient bien bons aujourd’hui, ce qui reste vrai c’est que le temps des "ruptures" (mais vers quoi mon Dieu !) est bien fini. Et si celui des "réformes" reste à l’ordre du jour, il vaut mieux ne pas provoquer, mais parler de sagesse. La contrainte réaliste devenant évidemment dominante, la droite n’a déjà plus besoin d’un Nicolas Sarkozy. Elle a trouvé pour demain ou pour après demain son remplaçant bien plus paisible. Au fond, même un bon gestionnaire social démocrate ferait presque aussi bien l’affaire pourvu qu’il soit aussi libéral en matière économique et aussi bien élevé qu’un chef du gouvernement né dans le sérail conservateur.

Mais que faites vous, me direz vous alors, d’un candidat potentiel qui rêve encore d’un grand "rassemblement" français autour de transactions intelligentes et, puis aussi, d’un "centre indépendant" qui, dans un champ au demeurant tout à fait partagé avec la précédente ambition, veut à nouveau exprimer séparément ses valeurs ? Face à la nouvelle droite libérale BCBG qui vient de se mettre en ordre de marche, il faut redouter d’une part que le premier ressemble aux glorieuses charges de cavalerie, d’autre part qu’au jour prochain de la bataille, le centre, comme c’est coutumier, soit enfoncé, miné de toute façon qu’il est par le système super majoritaire, présidentiel et législatif, de notre République.

Le blog de Gérard Bélorgey : http://www.ecritures-et-societe.com


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