Tout d’abord, l’équipe de la Gauche Cactus vous présente ses meilleurs vœux pour l’année qui commence. Nous savons qu’avec le gouvernement lamentable que nous subissons, de tels vœux semblent dérisoires. Mais rien ne doit oblitérer notre capacité à s’indigner, comme le rappelle opportunément Stéphane Hessel dans son libelle ô combien opportun, et aussi notre inclinaison à rire ou au moins sourire devant le théâtre de marionnettes que nous offre, à son corps défendant, la politique au quotidien.

Comme on le sait, l’élection présidentielle de 2012 commence à chatouiller grave un certain nombre de prétendant-e-s. A gauche davantage qu’à droite. Du côté droit, très droit, de plus en plus droit, le sortant fait, sauf scandale improbable quoique, l’unanimité, contrainte et forcée, certes, mais bon. Au mieux, les autoproclamés successeurs du gaullisme pur ( ?) et dur ( ??), les Villepin ou Dupont-Aignan, joueront à la marge (mais dans un tel marigot, la marge peut être décisive). N’oublions pas le Front National, autrement redoutable. A gauche, l’éventail est nettement plus large. A la gauche du Parti Socialiste, si nous mettons à part les particularistes du Parti des Travailleurs et de Lutte Ouvrière, qui assument leur rôle marginal, l’indispensable unité de candidature ne va pas de soi, entre les bisbilles entre Parti Communiste et Parti de Gauche, d’une part, et les tentations isolationnistes toujours vivaces au sein du NPA.

Pour la majorité des observateurs, plus ou moins avisés, le second tour, sauf surprise à la Le Pen junior, se jouera entre l’actuel sortant et la ou le candidat-e du Parti Socialiste. Dans l’état actuel des informations dont nous disposons, au moins trois des candidat-e-s potentiel-l-e-s (c’est fatigant, ces traits d’union, si ?) se distinguent peu par leurs discours, et moins encore par leur passé politique : Dominique Strauss-Kahn, Ségolène Royal et François Hollande, si ce n’est pas bonnet blanc et blanc bonnet, expliquez-nous. A part que Ségolène est plus sexy, Dominique, selon la légende, plus sexe, et François plus blagueur, rien ou si peu ne les différencie sur le fond : oui au capitalisme qu’il s’agit de « réguler » (comment ?), oui à la retraite à 62 ans (voire plus), au nom de cet argumentaire idiot de l’augmentation de la durée de vie, prudence de sioux ( sous eau de feu) quant aux interventions de l’état, silences sur des sujets pourtant importants (justice, police, logement, immigration, éducation), acceptation a priori d’une « ouverture » au centre (celui de Bayrou mais pourquoi pas, ainsi que le suggère narquoisement Charlie Hebdo, qui a repris quelque couleur après le départ de Philippe Val, certains « radicaux » de droite, genre Rama Yade). C’est cela la Stroségobéroullande. Est-ce ce que nous souhaitons ? Est-ce un gouvernement où nous risquerions d’avoir un Manuel Valls à l’Intérieur, ou au Travail pour liquider ce qui reste des 35 heures ? Un Pascal Lamy au commerce extérieur ou aux Affaires étrangères pour pousser encore et toujours plus vers la « libéralisation des échanges ?

Le lecteur attentif aura remarqué une chose, que nous soulignons ici pour les lecteurs moins attentifs : nous n’avons pas mêlé Martine Aubry à l’amalgame précédent. Ceci au bénéfice du doute : la camarade Martine a assumé le pré-programme du PS concocté en première ligne par le dangereux gaucho du PS, Benoît Hamon, d’autant plus dangereux avec sa gueule de gendre idéal, qui avance des propositions intéressantes. Mais doute quand même : ne prépare-t-elle pas, la camarade Martine, le lit, sans allusion, ce n’est pas notre genre, du peu camarade Strauss-Kahn ? Et qui plus est, nous savons le peu de cas qu’un candidat socialiste peut faire du programme de son parti. Voila pourquoi la « gauche de gauche » doit tout faire pour peser au premier tour de l’élection présidentielle. Et voila pourquoi Jean-Luc Mélenchon, dont nous connaissons les (grandes) qualités et les (quelques) défauts est aujourd’hui le mieux placé pour incarner cette bataille.