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SARKOZY ET LA PRESSE : UNE COMPLICITE CYNIQUE

lundi 3 janvier 2011
par  Marc Mangenot
popularité : 4%

Le numéro de cirque du locataire de l’Elysée doit être revisité. Le palais de l’Elysée c’est chez lui. Il n’est pas titulaire d’une charge élective temporaire. Il règne. Il faut que ça se sache. Plus qu’avant, le quidam, la foule empreinte d’un doute quant à sa légitimité, ses courtisans, les flatteurs, ceux qui courent après les prébendes, tous doivent savoir qu’il est là par sa volonté manipulatoire médiatiquement portée.

Le 16 novembre, des journalistes, bien en cour, ont joué le rôle bêtifiant de Monsieur Loyal. Convoqués pour servir de faire valoir. Humiliés. Trop professionnels cependant pour ne pas être consentants ou complices de la mise en scène. Complices involontaires qui n’en pouvaient mais ? Ce n’est pas improbable. Quand le maître de cérémonie les tourne en ridicule en devenant lui-même le conducteur de ce qui était annoncé comme un entretien conduit par des journalistes professionnels, spécialistes très visibles du petit écran au service du pouvoir et des classes dirigeantes, ils sont insipides, tétanisés comme des débutants. Impossible d’affirmer qu’ils ne savent pas faire. Si un ouvrier ne répond pas à une question, il est bousculé, harcelé, pressé de dire ce qui est attendu de lui. Le soir du 16 novembre, tout au contraire, leur attitude est celle d’un chien plaintif pris en faute. Quelle faute ? Celle du toutou qui ne s’est pas bien comporté, qui a pris une initiative hors de la mission à lui dévolue ?

Ce n’est pas évident. Ont-ils été pris en flagrant délit de non professionnalisme, comme l’ont fait remarquer nombre de gens de la profession ? Ce n’est pas certain, ce que la suite de ce papier devrait démontrer, autant que de nombreux téléspectateurs l’ont compris. Ont-ils eu conscience d’avoir été malmenés, baladés comme on dit ? A voir leurs têtes, c’est vraisemblable. Mais, accepter cela sans se rebeller vraiment, ou de telle manière que leur cas s’aggravait encore, oblige à se poser une question. La faute à ne pas commettre aurait été de poser des questions pertinentes et, surtout, d’insister, courtoisement eu égard à la fonction exercée par l’interlocuteur (l’omni président), de poser une seconde question, sans flagornerie, si nécessaire une troisième. Dans ce genre de prestation, le métier de journaliste – c’est un truisme dans la profession – se reconnaît non pas à la première question, qui peut être préparée et annoncée, mais à la seconde, voire à la troisième. De secondes questions, il n’y en eut point sauf sous la forme de balbutiements sans intérêt sur le fond, mais significatifs quant à la mièvrerie du contenu. L’agité de l’Elysée, fort malignement, s’est lui-même transformé en donneur de leçons, en inquisiteur. Monsieur, Madame, faites-vous bien votre métier ? Ne fabriquez-vous pas des événements à partir de peccadilles ? Pensez-vous que je suis le petit voleur d’ordinateurs comme d’autres, dont je me suis fort heureusement occupé, font métier de voler des poules ?

Une telle humiliation, en direct, n’a été possible, car elle semble absolument réelle, non feinte, que parce que les humiliés ont rapidement compris le rôle que l’Elyséen voulait leur faire jouer. Il s’agissait très simplement de participer de cette entreprise particulière qui consiste à redonner de la couleur à un Sarkozy aux abois. Sans doute à leurs yeux remplis de larmes contenues était-ce la condition, non pour rester en cour ou conserver leur poste, mais pour demeurer encore et toujours les bons serviteurs zélés des politiques mondialisantes et anti-sociales qui sont la marque du régime et du patronat dont le gouvernement est le porte paroles.

Il y avait autant de cynisme d’un côté que de l’autre. L’un était superbe, triomphant. Mais, à vaincre sans gloire… L’autre était celui des pleutres.

Aucune incompétence formelle en dépit des apparences, car les journalistes humiliés, remis à leur place de serviteurs, face au public, ne sont probablement pas des cancres dans l’exercice de leur métier. Ils en connaissent les ressorts, les techniques, les ficelles. Ils en usent et en abusent à longueur de temps. Les rôles ont été inversés par la volonté du prince. Ils n’avaient rien à dire et à redire. Ils devaient opiner, car leur vocation est d’obéir sans que l’ordre en soit donné. Ils se doivent en effet d’escorter la politique officielle, quitte à mettre un peu de poil à gratter de temps en temps pour donner le change.

Ils sont les victimes à vrai dire consentantes d’un coup qu’ils n’ont pas pu ou pas su voir venir, tellement ces flatteurs sont habitués à la flatterie, à recevoir les compliments du prince et de ses sbires. Cependant, le coup est dur, et les trois comparses ne s’attendaient peut-être pas à autant de perversité. Toutefois, il faut sans cesse se rappeler qu’un serviteur du pouvoir est avant tout un serviteur. Ces trois-là et beaucoup d’autres, avec plus ou moins de finesse et d’astuce, parfois de distance, acceptent au quotidien le rôle de porte-parole ou de faire valoir ; ils ont dû cette fois encore s’y plier et se plier, au prix d’une humiliation, lors d’une scène dont ils ne connaissaient pas le déroulé

Etait-ce une pantalonnade ? un simple jeu de rôles, plus ou moins retors ? Possible, mais à ce point de soumission, toute honte bue, il faut s’interroger sur le sens de l’humiliation publique acceptée. A lire sur les visages des journalistes habituellement heureux de leur servilité plus ou moins raffinée, le coup fut cependant durement ressenti. Mais pourquoi diable n’ont-ils pas réagi en professionnels de l’information ? Pourquoi leur réaction, très visible, ne s’est manifestée que par la décomposition de leurs visages et l’écroulement de leurs épaules, ce que l’image télévisuelle a cruellement rendu, avec la netteté d’une photographie en pleine lumière ? En fait l’Elyséen va mal. Son assurance et son mépris affichés sont constitutifs de son habileté. Ce dont le ci-devant omni président a besoin (un besoin urgent sinon vital pour son avenir vu par lui-même) c’est de faire croire que la presse, celle qui le sert si bien et avec tant de constance, n’est pas aux ordres. Vous voyez bien qu’ils ne sont pas serviles : ils insistent sur des faits mineurs qu’ils montent en épingle (sous-entendu : à mon détriment, alors que je m’occupe de choses sérieuses, moi). Passons sur les contrevérités et la condescendance. Les trois figurants de la farce télévisée du mardi 16 novembre au soir ont immédiatement compris la manoeuvre. En ce sens, ce sont de vrais « professionnels ». L’humiliation devient alors un (nouveau et peut-être douloureux) faire valoir. Le prix à payer paraît sur le moment assez élevé aux journalistes choisis, d’où les masques de dépit et de gêne exprimant le consentement à contrecœur, face à l’assaut discourtois de l’omni président. Un serviteur zélé et intelligent ne saurait cependant considérer cette humiliation autrement que comme une complicité implicite et nécessaire. Cynisme complice ou complicité cynique le choix de la formule est ouvert.


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