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LUTTES DE POUVOIR : DE LONDRES A ABIDJAN EN PASSANT PAR LA FRANCE

dimanche 26 décembre 2010
par  Gérard Bélorgey
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Ce ne sont ci-dessous que quelques remarques dont les liens logiques sont pourtant bien évidents à qui voudra les percevoir.

La politique de classe - que nous avons déjà stigmatisée -, du gouvernement de droite britannique, cousin germain, voire frère, de tous les pouvoirs libéraux d’Europe est symbolisé par les augmentations monstrueuses des droits universitaires frappant le gens modestes d’outre manche comme , en souvenir de leurs itinéraires tous ceux qui - comme moi d’ailleurs - n’auraient jamais connu de promotion sociale si leur famille n’avait pu bénéficier dans les années cinquante d’une ouverture démocratique (aujourd’hui menacée) de l’ Université et des grandes écoles.

Le symbolique est souvent le plus efficient : la vigueur de la réaction étudiante en Grande Bretagne a mis en cause, à l’occasion d’une manifestation, jusqu’à des membres sacrés de la famille royale. Partout en Europe les excès de la rigueur réactionnaire vont ébranler non seulement les pouvoirs politiques en place (en Grèce, en Irlande, au Portugal, en Espagne et ailleurs) mais les institutions elles-mêmes (en Grande Bretagne et sans doute en France). C’est le cabinet britannique qui va faire vaciller jusqu’à une couronne qui a été valeureuse (ayant autrefois reçu la Reine Mère, en voyage privé en Périgord, je me souviens avec émotion de ce qu’elle fut pendant la guerre pour tous les Anglais et pour la France elle-même) et populaire (car derrière son image souveraine et personnelle marquée de quelques traits royaux certes mais originaux en plus, mais tout près de ces apparences cultivées dont elle s’amusait elle-même, il y avait la vraie chaleur et la véritable intelligence d’une femme exceptionnellement adaptée à son siècle lorsqu’on se remémore les racines dont elle était issue). Des valeurs royales reconnues par la démocratie sont menacés par les abus de pouvoir de jeunes politiciens arrogants auxquels un très provisoire succès démagogique (assez facile après le temps décevant d’un Blair) a tourné la tête.

De tels excès facilitent, par opposition commode, des positionnements se cherchant à gauche d’hommes sur lesquels on peut légitimement s’interroger. Ainsi les postures prises par DSK ou Pascal Lamy, dans leur récente prestation commune de hauts commis du Monde. Il suffit de se dire choqué par les inégalités et les injustices pour pouvoir revendiquer un positionnement, de réformiste attrayant tant le choix par les droites en place de l’inégalité et de l’injustice excède les peuples. Mais les bonnes intentions morales ne suffisent pas à garantir d’une politique pertinente permettant d’arracher à l’inégalité et à l’injustice nos contemporains et plus encore nos compatriotes. Celle-ci implique à l’évidence des options pour un autre système mondial que celui qui a engendré ce qui est devenu insupportable aujourd’hui, comme l’a bien senti un A. de Montebourg dont la prestation pour "la démondialisation" est bien plus convaincante.

Non seulement impuissantes à aller vers une gouvernance planétaire, les institutions mondiales et, en l’espèce aussi régionales, sont impuissantes à faire reconnaître en Côte d’Ivoire le résultat des urnes. Les affrontements bipolaires pour le pouvoir sont choses courantes et souvent sanglantes sur le continent africain. S’il en est ainsi, c’est non seulement parce que les frontières héritées du temps colonial sont souvent arbitraires, mais aussi sans doute parce que nous y avons introduit notre pire produit d’exportation institutionnel : le régime présidentialiste majoritaire. Ses fruits sont encore plus amers et cruels que dans notre pays. Lorsque les lignes de clivage entre deux camps enchevêtrent les frontières des ethnies, des religions, des clientèles, des niveaux de développement des territoires inclus dans un état, il est spécialement difficile d’avoir un consensus reposant sur une différence de pourcentage de voix toujours contestée en fait sinon réellement contestable en droit. Alors que le salut des pays d’Afrique passerait par la recherche de convergences, le système présidentialiste majoritaire, comme en France, pousse aux confrontations les plus dures et les plus stériles. Ce sont d’autres constructions constitutionnelles qui auraient pu faciliter des convergences ou pour le moins des compromis : peut-être selon le modèle des Etats Unis, avec la part d’équilibre et de pondération entre pouvoirs et sensibilités culturelles d’une dose de fédéralisme interne et avec l’importance de majorités pluralistes ou, au moins, de transactions au sein d’un organe délibératif ayant un véritable poids vis à vis d’un Président ; peut-être, dans cette logique, d’un exercice pluraliste du pouvoir, tout simplement par la recherche de régimes parlementaires rationalisés défavorables à la construction d’autocraties et d’absolutismes ; mais ce n’était ni le modèle du grand frère français, ni celui vendu par tant de conseillers juridiques imbibés de notre système bipolaire encore plus meurtrier pour l’Afrique que pour nous.

Un système bipolaire qui est en France en train de casser encore plus l’État. Sa capacité d’action et de réactivité est mise en cause par des économies à tout va et sans logique sur des services publics émiettés par des superpositions compliquées de compétences et les résultats qui en procèdent sont bien illustrés par la "nuit blanche" que les automobilistes viennent de vivre. Au delà , la situation d’ensemble tient à la rencontre de deux excès : celui du programme de rigueur d’une majorité dont les membres et les chefs sont souvent viscéralement hostiles à ce qui est fonction publique, ce qui leur offre des cibles prioritaires d’économies pour partie indues ; celui des concurrences entre cette majorité et l’opposition dans la conduite d’une décentralisation aux motifs, de la part des uns comme des autres, plus politiciens qu’opérationnels : les partis dominants se sont relayés depuis un tiers de siècle contre la puissance efficace de l’État pour faire plaisir à leurs vassaux locaux respectifs dressés les uns contre les autres ; tandis que le pouvoir désormais en place d’une part assèche une partie des moyens des collectivités secondaires tout en leur repassant de fait bien des prises en charge et tout en changeant les règles du jeu électoral local pour qu’il lui soit moins défavorable.

Partout c’est bien la lutte pour le pouvoir entre les fiefs de deux grands fonds de commerce qui compromet le juste et bon exercice de ce pouvoir.

Le blog de Gérard Bélorgey : http://www.ecritures-et-societe.com


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