TRIBUNE LIBRE : UNE NOUVELLE REVOLUTION ?

lundi 20 décembre 2010
par  Elie Arié
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Et si ce nouveau monde, qui ne nous convient pas, convenait en réalité à la majorité des pays de la planète bien davantage que l’ancien ? Et si nous n’étions, en somme, qu’un pays qui, derrière un langage de gauche, ne défend plus que les avantages menacés de son ancien « régime spécial », en se foutant pas mal de celui des autres (à l’image de ceux qui bénéficient pour encore quelques années d’un régime spécial de retraites) ? Et si, alors que nous dénonçons l’individualisme des privilégiés, nous n’étions qu’un pays qui défend ses privilèges de façon très individualiste ? Et si la mondialisation était une nuit du 4 Août planétaire dont nous sommes les victimes en tant qu’anciens privilégiés qui se sont fort bien accommodés, pendant des siècles, de la misère des milliards d’êtres humains (Chinois, Indiens, Brésiliens, etc.) qui y voient enfin un moyen de s’en sortir - à nos dépens ? Ce ne sont pas « quelques privilégiés chinois » qui sont sortis de la misère, mais quelques centaines de millions, et autant en Inde, et quelques dizaines de millions en Asie du Sud-Est, au Brésil, etc. Et tout cela, en 20 ans.

La création d’une classe moyenne est toujours la première étape indispensable au démarrage économique d’un pays ; mais ce n’est qu’une première étape. Qu’était le Japon il y a soixante ans ? Et tous les économistes sont d’accord pour dire que l’ensemble des Chinois (et des Indiens, et des Brésiliens, etc.) en profiteront un jour (plus ou moins équitablement, suivant leur système politique – et ceux qui vivent de l’agriculture étant, comme partout, les derniers et les plus mal servis – mais, avec le développement économique, leur nombre est appelé à diminuer), que les salaires moyens chinois (et indiens, et brésiliens, etc.) ne resteront pas éternellement ce qu’ils sont et qu’ils sont appelés un jour à augmenter (d’ailleurs, en Chine, ils augmentent déjà un peu, il y a déjà des grèves). Bien sûr, le jour où leurs salaires auront rattrapé les nôtres, ces pays perdront leur avantage compétitif ; mais, compte tenu des milliards d’individus concernés, ce jour est encore lointain : d’ici là, ils se seront beaucoup enrichis, et nous, beaucoup appauvris.

Seulement, voilà : ceux qui frappent à la porte de la prospérité que nous connaissons (collectivement) depuis longtemps sont infiniment plus nombreux que nous ; certains d’entre nous rêvent d’un nouveau 1789 (pas tous : Jean-François Copé parle d’une « ambiance malsaine de nuit du 4 Août », reconnaissant ainsi qu’il trouverait malsaine une abolition des privilèges...), mais peut-être est-il en train de se produire, que nous sommes les aristos qui iront à la lanterne, et que notre avenir est celui de ces nobles désargentés que personne n’aura l’idée de plaindre, car nous avons trop longtemps vécu de la pauvreté des autres en la trouvant bien triste, mais au fond « naturelle », et sans en perdre le sommeil.


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