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CHRONIQUES DU SARKOZYSME ET AUTRES (janvier/février 2011)

jeudi 27 janvier 2011
par  Jacques Franck
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Le chanoine et la Justice

Ce matin-là, Madame Carla, cantatrice émérite de la République et first lady officielle du huitième arrondissement, poussait sa chansonnette en prévision des Victoires de la Musique. Son époux Monsieur Nicolas, chanoine de Saint-Jean de Latran, fit une entrée tumultueuse, son beau visage, d’ordinaire si lisse, déformé par une colère qui ne pouvait être que justifiée. Car il ne se trompait jamais. "Ah ! Les salauds ! Tu te rends compte, non mais tu te rends compte, first de mes deux, de ce qu’ils veulent me faire, à moi ! Mais, bordel, ça ne se passera pas comme çà ! Ils vont voir de quel bois (de justice) je me chauffe !
- Mais qui te fait des misères, mon poulet ?
- Qui ? Putain, qui ? Tu ne lis pas les journaux, tu ne regardes pas la télé, tu n’écoutes pas la radio ! Qui ? Mais les juges de Nantes et de partout ! Sous le prétexte que pour ménager les deniers de l’Etat (et acheter du kérosène pour mon cher Airbus) j’ai supprimé des postes de magistrats, ils laissent courir des repris de justice.
- Des gens comme ton ami Monsieur Brice ?
- Nom de dieu ! Tu ne comprends rien ? Je parle de grands criminels, pas de délinquants patriotes comme mes potes Messieurs Brice et Eric, qui font l’honneur de ma république ! Je vais leur apprendre à vivre, à ces juges ! Ils seront sanctionnés. Désormais, la Justice, c’est moi qui la rendrai. Sous un chêne, comme mon honorable prédécesseur Saint-Louis !" On vit alors ce que l’on n’avait jamais vu. L’ensemble des magistrats de France se mit en grève. Du moins ceux dont les tribunaux avaient survécu à la purge antérieure administrée par le chanoine et Madame Rachida.

Le chanoine, le premier cercle et les égyptiens

Monsieur Nicolas, le chanoine bien connu, se surmène au profit des Français. Certes pas de tous, ils sont trop nombreux et ni très sages ni très respectueux. Mais la crème de ses sujets se félicite de voir le vrai mérite reconnu. Le grand patronat, les gens de finance et du CAC 40, les gros actionnaires, les administrateurs de sociétés, les anciens riches, les nouveaux riches, les grandes familles riches, les petites familles riches, les obligés des riches et du pouvoir des riches, bref, le petit peuple de la république des riches, tous admirent l’activité de leur chanoine.

En quelques jours, entre ses vœux aux militaires puis aux ecclésiastiques et l’expression médiatisée de sa compassion pour des familles de victimes, on a vu le président de Saint Jean de Latran, co-prince de la République et chanoine d’Andorre (ou vice-versa) sur différents sites. A Saint-Nazaire, pour inaugurer la mise en chantier d’un bateau et stigmatiser un criminel local. A Davos, lieu de pèlerinage annuel des capitalistes et de leurs politiciens. Comme d’habitude, il a tonné en chaire contre l’immoralité du capitalisme, sous les applaudissements de l’assistance. Il a même proposé une taxation des profits financiers. Le profiteurs en question, dans un geste d’altruisme sublime, ont acclamé la proposition, convaincus à juste titre qu’il ne s’agissait là que de paroles verbales.

En un clin d’œil et un vol d’Airbus présidentiel, l’intrépide ami des peuples s’est retrouvé en Ethiopie, où se tenait un sommet des chefs d’état et de gouvernement africains. Il n’eut pas le temps de se faire nommer chanoine ou co-prince d’Addis-Abeba. Mais en un bref discours il expliqua à ces collègues ce qu’il attendait d’eux aux prochains G8 et G20. En respectant leur indépendance, bien sûr. Et les contribuables français, qui finançaient l’escapade.

Cerise sur un gâteau déjà bien dodu. Monsieur Nicolas, à qui sa fonction interdit d’être le militant d’un parti, présidait entre-temps une assemblée du Premier cercle. On désigne ainsi le gratin de l’UMP, les deux ou trois cents membres ou sympathisants qui contribuent à hauteur totale de beaucoup de millions d’euros aux finances du parti et à la prochaine campagne électorale du chanoine. Qui sont ces dévoués citoyens ? Voir plus haut (la crème des sujets).

Accablé sous le poids d’activités aussi profuses, le chanoine-président n’a pas le temps de s’occuper de broutilles. Comme par exemple le cri du peuple égyptien qui veut se débarrasser de son pote le tyran. Il se contente d’attendre et de voir. Comme en Tunisie. Bel exemple de courage politique !

Le Festival d’Avignon

Monsieur le président de Saint-Jean de Latran et chanoine de la République française décida de prendre en main la santé de ses sujets. Ayant entendu dire que les hôpitaux connaissaient de sérieuses difficultés, il résolut d’y mettre fin. Aux difficultés, et, au besoin, aux hôpitaux. A cet effet, il convoqua sa chère épouse, Madame Carla. "First lady de mes deux, toi qui as du sentiment et de la charité, tu vas m’accompagner. On va à l’hostau, putain, porter la bonne parole aux cons qui sont malades et aux cons de médecins ! Ils vont voir de quel bois je me chauffe, bordel, et le soin que prend la République, c’est à dire Moi, à préserver leur santé et les finances de l’Etat ! - Oui mon poulet !, rétorqua la first.

Le couple s’envola pour Avignon et son hôpital. Evidemment, le chanoine aurait pu choisir Lariboisière ou Saint-Antoine. Mais le temps à Paris était gris, triste et neigeux. Il préféra le soleil de Provence. Dans la Cité des Papes (bref hommage à son pote Monsieur Benoît), le Président ne consacra qu’une petite heure à visiter les lieux, car il avait horreur de ce genre d’établissement. Madame Carla, pendant ce temps, offrait sa générosité et son talent aux gamins du service de pédiatrie en roucoulant des romances et en distribuant des sucres d’orge. Sorti de l’hôpital, le chanoine fut historique, comme d’habitude. "La santé coûte cher. Les soins sont hors de prix. Les dépenses hospitalières sont ruineuses. Le personnel ronge les budgets. Certes, les médicaments permettent de vivre à nos amis des grands laboratoires et il ne faut pas y toucher. Mais il va falloir opérer des coupes sombres dans le fonctionnement de ces pompes à finances. J’en appelle au patriotisme des soignants et des soignés. Et puis, si je dilapide l’argent public au bénéfice des hôpitaux, que me restera-t-il pour les banquiers ?


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