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LA LIBYE, ALIBI DE SARKOZY

lundi 14 mars 2011
par  Jean-Luc Gonneau
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Ces quelques lignes sont écrites le 14 mars. Nul ne sait quelle sera la suite des évènements en Libye, tant pour ce qui concerne l’issue de l’épreuve de force entre les libyens révoltés contre Kadhafi et ceux restés fidèles au « Guide » et à son armée que pour ce qu’il en sera de l’attitude de la « communauté » internationale, ou de certaines parties de cette communauté peu commune.

Ce que l’on sait, c’est que Nicolas Sarkozy fait un numéro de va-t-en guerre en solo. Seul parmi les chefs d’Etat, il préconise des frappes aériennes « auxquelles la France participera » sur le territoire libyen. Ce qui est un acte de guerre. Ce cadeau d’un drôle de genre est enrobé de jolis papiers et de tout un tas de rubans : reconnaissance, le premier là aussi, du Conseil national de transition libyen comme pouvoir légitime du pays ; projet de frappes aériennes ciblées sur des objectifs militaires (une liste circule même, ce qui est très étonnant : hé, Kadhafi, on te prévient, on bombardera, si bombardement il y a, Syrte, Sebha et Bab al-Azizia. Message grossièrement subliminal : t’as le temps de planquer tes avions et tes chars ailleurs) ; caution « droit d’ingérence » fournie par l’inévitable Bernard-Henry Lévy, célèbre fana-mili pacifiste.

Ce dont nous sommes surs, c’est que dans cette affaire, l’avenir du peuple libyen n’est pas l’objectif de l’ « hyperprésident ». Il s’en tape le coquillard, du peuple libyen. Ce qui est important, c’est de faire oublier les affaires tunisiennes mises en musique dans une opérette d’un goût plus que douteux par Michèle Alliot-Marie et l’ambassadeur Boillon, apparemment aussi égocentré que son maître et modèle, le retard à l’allumage en Egypte, la réception branquignolesque (mais fastueuse) de Kadhafi à Paris en 2007. Bref, de se refaire une sorte de virginité dans les affaires internationales.

Au demeurant, la va-t-en guerre est prudent : la France ne bombardera pas toute seule la Libye. D’ailleurs, à cette heure, on ne peut pas dire que les volontaires de la bombinette se bousculent au portillon : en Europe, la proposition de Sarkozy a fait un flop magistral. Et il faudrait l’accord du Conseil de sécurité de l’ONU, ce qui semble hautement improbable. Et pas un mot sur les éventuelles conséquences d’éventuels bombardements : une bombe, on sait quand on la lâche, on ne sait pas toujours où elle arrive, les dommages collatéraux, ça existe, c’est même quasiment inévitable. Et puis, comme le souffle un militaire, sous couvert d’anonymat bien sur, « la guerre, on sait quand y entre, on ne sait pas quand on en sort.

Doit-on, cela dit, se croiser les bras devant ce qui se passe en Libye ? Certes non. Il est clair que le régime de Kadhafi est moralement inacceptable : démocratie inexistante, violences systématiques, corruption à tous les niveaux, camarillas accaparatrices des produits de la principale richesse du pays, le pétrole. Le pétrole, n’oublions jamais le pétrole. Dans les méandres des réflexions de la « communauté » internationale, a-t-on entendu une voix disant clairement que le nouveau régime libyen s’honorera en permettant aux revenus pétroliers d’améliorer les conditions de vie, d’éducation, de logement, d’emploi du peuple libyen au lieu de remplir les caisses d’un petite camarilla ? Non ? Nous non plus. Ce qui agite les beaux esprits de la « communauté » internationale, ce sont les intérêts des multinationales du pétrole et des financiers qui spéculent sur les variations de cours. Le peuple libyen ? Et puis quoi encore.

Ne rien faire, ou bien, ce qui revient à peu près au même, se rengorger de fières déclarations assurant les libyens en lutte contre l’oppression de notre indéfectible solidarité, non. Bombarder, on l’a vu, non plus. Fournir aux révoltés de quoi se défendre et survivre, par contre, c’est possible. C’est discret (les trafics d’armes, les russes, les américains, les français, les britanniques et quelques autres ont de solides références professionnelles, ce n’est pas joli joli, mais parfois nécessité – morale, dans ce cas – fait loi ; l’aide humanitaire alimentaire et sanitaire, on sait faire : l’ingérence civile est la seule qui soit inattaquable) et c’est peut-être efficace. Rappelons-nous la tache qui marqua le parcours politique hors cela exemplaire d’un Léon Blum : le refus de fournir des armes aux républicains espagnols.


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