J’ai décidé de renoncer à faire campagne pour le non
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Militant du Parti socialiste depuis 1993, je me suis engagé avec toutes mes convictions dans la campagne du Non à la Constitution européenne. Mon parti a eu l’exemplarité démocratique de soumettre à referundum interne la position finale des socialistes. Le Oui l’a emporté à près de 60%. Pourtant, avec de nombreux socialistes, mais sans jamais engager notre parti, nous avons décidé de continuer à mener campagne pour faire vivre le non socialiste.
Aujourd’hui, les sondages, mais surtout ce que nous disent chaque jour nos concitoyens lors de nos ateliers de lecture de la constitution européenne, dans les réunions publiques ou sur les marchés, laissent à penser que le non va l’emporter. Cette perspective me fait réfléchir
D’autant plus que les arguments des défenseurs du oui ne me laissent pas indifférents. Je pense notamment à force rhétorique et à l’efficacité politique du plaidoyer développé par un porte-parole national du parti socialiste, essonnien de surcroît, qui m’a ouvert les yeux en m’affirmant que je menais campagne aux côtés de « nos pires ennemis », jadis décrit avec un « couteau entre les dents ». Je réalise enfin que ceux-là même avec lesquels nous avons engrangé nos victoires électorales ces dernières années, aux cantonales, aux régionales, et qui ont participé aux gouvernements de la gauche plurielle, ces camarades communistes sont plus dangereux que nos adversaires libéraux de droite ou nazillons d’extrême-droite. D’autres m’ont éclairé en m’indiquant que le responsable national auprès duquel je milite depuis plus de 15 ans était un dangereux « stalinien ». Fort de cette démonstration, tout s’est illuminé et j’ai compris qu’il était temps pour moi de prendre mes distances afin d’éviter tout procès éponyme ou, pire, tout piolet vengeur. Enfin, un obscur président de conseil général, par définition à l’abri de toute mésaventure routière, m’a alerté sur les dangers que je courais à faire route avec des « chauffards du non ».
Ebranlé par ces arguments, inquiet à l’idée de devenir majoritaire en cas de victoire du non (ce qui me semble invivable pour le minoritaire historique que je suis), j’ai décidé de renoncer à faire campagne pour le non.
Pour faire preuve de mon allégeance, je m’engage à :
publier une belle tribune dans « Le Monde » ( ou, si ma faible notoriété et mes piètres talents de communicant me l’interdisent, à défaut dans le Républicain de l’Essonne) en détaillant sans rire les raisons de mon revirement ;
rejoindre le comité de soutien du oui présidé par Jack Lang en me faisant passer pour un ex-chanteur de boy’s band germanopratin ;
poser à la une de Men’s Health (ou tout autre magazine masculin) aux côtés de Francis Chouat, en tenue similaire (c’est-à-dire en caleçon-boxer en dentelle de la nouvelle collection Hom, tous pectoraux dehors) sous le titre : « Ils se disent oui ! »
Jérôme GUEDJ est conseiller général de Massy, vice-président du conseil général de l’Essonne, président du groupe socialiste au Conseil général de l’Essonne
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