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PS : L’EMMELAGE DE CRAYONS

samedi 12 mars 2011
par  João Silveirinho
popularité : 47%

L’hypothèse la moins improbable (mais qui sait, avec la débâcle sondagière de l’omniprésident et le pic de pollution provoqué par la candidate du Front National) est que ce soit le ou la candidat-e socialiste qui ait le plus de chances de figurer au second tour de l’élection présidentielle.

Le Parti Socialiste s’est engagé, pour désigner son candidat, dans l’organisation d’une primaire « ouverte », entendons ouverte aux non adhérents du Parti. Une procédure qui nous vient tout droit des Etats-Unis, où elle fait partie des meubles, et expérimentée plus récemment en Italie, avec le succès que l’on sait : le retour de Berlusconi et l’effacement de la gauche de la représentation électorale.

Parallèlement, le PS est en train d’élaborer un programme. Cela traîne un peu, mais soyons magnanimes : ça viendra, sans doute avec de bonnes idées, et aussi des moins bonnes, mais bon.

Donc, si nous comprenons bien, la ou le candidat-e socialiste, quel qu’il-elle soit devra appliquer le programme validé par le parti. Donc encore, la primaire devra départager des candidat-e-s défendant le même programme. Voila qui complique les choses, même si on peut supposer que chaque impétrant pourrait avoir droit à une (étroite, sinon le programme ne pourrait être, au mieux, qu’un canevas) marge de manœuvre. Comment éviter que la « primaire » se transforme en défilé de gravures de mode (politique, hein) ou chacun-e ferait le beau ou la belle en racontant peu ou prou la même chose. Ou alors, le programme ne serait qu’un leurre. Le PS a d’ailleurs une solide expérience en la matière. En 2007, sa candidate avait superbement foulé aux pieds le programme préparé par le parti. En 2002, nous nous souvenons encore du programme « qui n’est pas socialiste » du candidat Jospin. En 1988, François Mitterrand s’était fait réélire tout seul comme un grand sur la base d’une lettre aux français. Le même, et c’est le seul exemple pour un candidat de gauche sous la Ve république, avait, en 1981, appliqué le programme élaboré par le PS. Pas longtemps, certes, deux ans.

Il n’est pas impossible que les têtes des vibrionnants quadras (de plus en plus quinquas) du PS qui sont à l’origine de l’idée de primaire aient été tourneboulées par l’effet Obama. C’est oublier que les moeurs politiques sont bien différentes de part et d’autre de l’Atlantique. Aux Etats-Unis, les partis ne sont que des machines électorales. Il ne leur revient pas d’élaborer des programmes. Chaque candidat se bricole le sien. Est-ce cela que veut le PS ?

Le vice de la procédure choisie par le PS apparaît clairement dans la stratégie de l’un des candidats putatifs, Dominique Strauss-Kahn. Tout est dans la com’. L’homme ne dit rien, mais fait parler de lui, au ravissement de la presse bien pensante vaguement de gauche, qui salue les exploits de ses communicants. Pas un article, ou si peu, qui ne fasse référence à Stéphane Fouks et à ses boys d’Euro-RSCG. A croire que DSK sera le candidat d’Euro-RSCG (dont le principal actionnaire est Vincent Bolloré, oui, la gars du yacht à Sarko, le monde est petit).

Après tout, en voilà une idée qu’elle est bonne. Il faudrait la généraliser. Le sponsoring de candidats, pourquoi pas ? Ce serait dans la logique de la marchandisation. Et foin de ces systèmes où les entreprises finançaient discrètement les candidats de leur cœur (le portefeuille est près du cœur, chacun sait cela). De la transparence, que diable. Comme dans le sport. Les sponsors sur les maillots. Evidemment, il ne faudra pas se gourer : il aurait bonne mine, aujourd’hui, le candidat sponsorisé par servie.

Mais revenons au sérieux, si on peut dire. Ou bien le PS se dote d’un programme voté majoritairement par ses adhérents, et dans cette configuration, il revient à la direction de proposer sa ou son candidat-e. Et la logique voudrait alors que, si elle le veut bien, la première secrétaire soit la candidate socialiste. Ou bien le programme compte pour du beurre, et bravo le concours de beauté. Ajoutons que le « pacte » Aubry-Strauss-Kahn constitue un emmêlage de crayons supplémentaire ; si on ne peut même plus choisir entre une social-démocrate relativement « tradi » et un social-libéral prétendument « moderne »…

Autre vice du processus de primaire : il est sondagier. Nous avions déjà constaté ce fait lors de la désignation de Ségolène Royal, créature en partie médiatiquement fabriquée par le Nouvel Observateur et Libération. C’est plus net encore dans le cas de Dominique Strauss-Kahn, qui a bénéficié de sondages mirobolants (mais on dirait que ça se tasse, Fouks et ses boys en font peut-être un peu trop) sans piper mot. Très fort. Et très inquiétant. Avantage, pour lui : cela fait oublier ce qu’il disait avant de partir à Washington, et qui n’était pas très engageant pour une gauche de gauche

Remarquez, je vous dit tout ça, mais je vous le dis sous le sceau du secret : je n’irai pas voter à la primaire.


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