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UNE EUROPE QUI DEPASSE LES BORNES

mercredi 9 mars 2011
par  Gérard Bélorgey
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Que reste-t-il de la responsabilité d’un gouvernement devant ses électeurs lorsqu’il n’y pas superposition des périmètres entre lesquels d’une part au niveau national, le pouvoir est dévolu et, d’autre part, celui auquel, au niveau de vingt sept pays réunis par une construction confuse, ce pouvoir s’exerce ? Pas grand chose dès lors que tous les jours l’Europe dépasse les bornes. Car sa Commission les dépasse bien sinon (on peut en débattre) du point de vue juridique, du moins à l’évidence de ce que l’on ressent comme logique ou raisonnable.

Le gouvernement français n’a pas accompli une bonne action en désignant expressément un moment les Roms comme objet de mesures policières (parce que cette désignation est contraire à la constitution française qui interdit des discriminations selon l’origine ), mais il est resté dans sa compétence à l’égard de populations roumaines ne bénéficiant pas encore, selon les traités, de la pleine liberté d’installation ; surtout, alors même qu’on n’approuve pas la ligne adoptée par les autorités publiques françaises, on doit reconnaître, comme le pensent à l’évidence beaucoup de nos compatriotes, que c’est de leur pleine responsabilité politique : c’est donc à notre gouvernement de l’assurer, sans être dessaisi par l’autorité administrative européenne. Et si certains se réjouissent de cette intrusion européenne qui paraît dans le sens des droits de l’homme qu’ils prennent garde à ce qu’elle va rallier bien des gens à la ligne du Président de la République.

Compenser par une taxe sur les télévisions privées le fait de retirer les télévision publiques du marché publicitaire audiovisuel est une mesure équilibrée, alors même que l’on peut, le cas échéant, critiquer la décision de base et l’idée, en compensation, de péréquationner ainsi forfaitairement des ressources que le marché distribuait par lui-même lorsque le recours à la publicité était ouvert à toutes. Quoi que puisse dire une directive, apprécier cette affaire d’ordre national ne relève d’aucune compétence économique européenne, ni de juste répartition de ressources entre opérateurs qui seraient de différentes nationalités, ni de vigilance pour une bonne concurrence.

Quant à la prétention de l’Union - malheureusement inspirée aussi par nos propres gouvernants - de contrôler les équilibres de nos lois de Finances et de frapper de sanction une Nation dont le budget n’évoluerait pas « bien », c’est l’extension abusive des disciplines liées à l ‘euro, ce qui ôte en fait à chaque gouvernement, au delà de la lettre des traités, sa responsabilité historique démocratique fondamentale devant ses électeurs d’arrêter les impôts et de déterminer les dépenses…, si difficile habilitation que les gouvernements sont devenus complices du dessaisissement de leur propre État.

On pourrait multiplier les exemples : l’Europe ne fait pas ce qu’elle devrait : l’expansion ; et elle fait ce qu’elle ne devrait pas : l’ingérence. Un déni de démocratie ? La Commission est certes ainsi un contre pouvoir, mais alors qu’il faudrait des contre pouvoirs internes et légitimes , elle est un contre pouvoir externe dont l’habilitation est trop sophistiquée pour être acceptable par les citoyens , d’autant qu’il n’y a aucun moyen d’engager la responsabilité de ce contre-pouvoir là.

Les vacances de MAM et autres on s’en fout ; parlons de l’Europe de mère Ubu et petit Vizir

Ce ne sont pas les vacances des membres du gouvernement qui nous intéressent ; mais les mesures que prépare le gouvernement français, et la gauche s’honorerait en parlant aux Français des vraies questions et non de trajets d’avion pris en charge par tel ou tel invitant d’un de nos ministres. Ces pratiques ont toujours fait partie des relations publiques internationales. Je suppose qu’on trouverait bien des invitations faites et acceptées sous d’autres gestions politiques que celle d’aujourd’hui, tandis que nos sociétés françaises comme nos autorités publiques nationales ou des grandes villes doivent elles mêmes bien souvent faire ce type de geste envers de grands hôtes étrangers de passage non officiel sur notre territoire. Il s’agit, à l’évidence, d’une telle tradition de courtoisie que ce serait contraire au usages de la part d’un groupe privé ou d’une autorité étatique étrangère de ne pas inviter des personnalités françaises en séjour privé et que ce serait de leur part peu convenable de le refuser, comme si elles redoutaient qu’on veuille les acheter. Ce qui n’a pas été le cas, quoi que les oppositions puissent inventer d’imbécile et qui est du plus mauvais goût politicien, pour traiter, avec une honteuse démagogie, des fausses questions et non, avec quelque pertinence et respect pour l’intelligence des Français, des vraies.

L’une des vraies questions c’est que l’équipe aux affaires a la conviction - sans doute sincère, ce qui est le plus grave, et sans doute fondée et d’autant plus difficile à combattre si on ne change pas de stratégie économique commerciale mondiale - qu’il faut faire une politique renforcée d’austérité publique et de compétitivité économique et que, pendant que la galerie de l’opinion se trouve distraite par des interpellations ridicules, les bonnes interpellations, celles qui devraient retenir l’attention de tous, n’ont pas lieu ou sont trop discrètes. Le refus d’envisager les protections commerciales nécessaires de l’économie française - parallèlement à d’utiles mais bien inadéquates régulations financières pour suffire à sauvegarder nos activités et l’emploi contre la concurrence mondiale des pays à bas coût de revient - oblige l’Europe de l’euro à chercher les moyens - qui seraient d’ailleurs largement inopérants sans une stratégie de juste échange mondial - d’une compétitivité dont le couple hyperlibéral Merkel/Sarkozy s’est fait spécialement ces jours-ci le représentant de commerce. Voilà des voyages plus inquiétants et dont les conséquences pèseraient bien plus lourdement sur nos concitoyens que quelques escapades privées aux frais des pays d’accueil dans les sud tunisien ou égyptien.

En effet , on est en train de nous proposer - et ça va passer...- au delà d’une obligation de résultats – "le pacte de stabilité" et y obliger par des sanctions automatiques - d’aller à des obligations de moyens, "le pacte de compétitivité", imposées aux nations : inscrire dans les constitutions elles-mêmes un catéchisme de règles économiques impliquant l’alignement social par le bas qu’appelle la compétition internationale dans un monde absurdement ouvert : repousser encore les âges de retraites ; déconnecter toutes rémunérations de l’évolution des prix ; faire annuler pour inconstitutionnalité les budgets en déséquilibres ; et, pourquoi pas, interdire les services collectifs financés par l’impôt, soumettre à plafonnement les budgets des collectivités secondaires, et ceux – qui le sont déjà par des lois, mais le seraient désormais par des chartes fondamentales - des régimes de garanties sociales et ceux des hôpitaux, etc. ce qui permettra à tout contribuable d’attaquer la puissance publique et de ruiner ses facultés de bien agir. Deux chefs d’État se relaient dans la surenchère en additionnant les fausses bonnes recettes comptables que chacun a cru bonnes pour son pays. Il faudra chanter dans le style de Patrick Rambaud :" Tout est possible sous l’empire de mère Ubu et de petit Vizir". Les vacances de MAM et autres, on s’en fout. Parlons de cette triste Europe là.

Le blog de Gérard Bélorgey : http://www.ecritures-et-societe.com


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