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LES OISEAUX SE CACHENT POUR MOURIR LOIN DES LEURS

jeudi 7 avril 2011
par  Antonio Dias
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Je les ai regardés … les hommes et femmes, assis en groupe comme des enfants en attente d’un jouet qui leur serait offert. Ce qu’ils attendaient, ce n’était pas un jouet. Ils, elles attendaient comme des oiseaux, leur « pitance », nourriture quotidienne, dans cette immense salle à manger, sans décor et sans couleur, comme une sorte de tombeau froid ouvert aux faibles lumières du jour. Une lumière plus que timide jaillissait entre les branches des arbres et des sapins qui entourent cette espèce de maison carrée aux allures de prison. Pour un peu, ce « brin » de lumière et de vie, projeté partiellement sur des gens en fin de vie, loin des leurs, attendent leur dernière demeure comme un calvaire, où une délivrance les emmenant vers un repos éternel.

Dans notre société de consommation, compte tenu des progrès de la médecine, les hommes et les femmes de ce pays, vivent de plus en plus vieux. Mais, malgré tous les progrès médicaux, il y à des hommes et des femmes qui « vieillissant mal ». Pour se rendre compte de l’état mental, et de la santé précaire, ou de fin de vie, des hommes et femmes ayant atteint un certain âge, il suffit parfois de pénétrer dans une de ces maisons dites « de repos ». Laissés en groupe dans une salle, il y a ceux qui d’une certaine façon sont considérés comme : « bien portants (!?) ». Ceux qui sont devenus trop fragiles, atteints de maladies diverses dont celle en progression constante : Alzheimer. J’ai pénétré pour la première fois dans ces maisons de « souffrance », « d’abandon », qui donnent l’impression que les résident(e)s sont comme dans une fille d’attente, en attente d’une mort, dont certains estiment qu’elle se fait attendre, et dont la souffrance est plus qu’infinie.

Que peut-on faire ?

Accompagner cette souffrance, au « mieux » ! Tout faire en s’occupant avec gentillesse et humanité, en étant attentif a leur souffrance et à leurs douleurs qui sont à la fois psychiques, physiques, morales. Il y à celle aussi qui est de surmonter leur nouvel environnement, en tentant de s’approprier les nouveaux repères de leur nouvelle vie. Ceux qui furent leurs autrefois ont à jamais disparu, comme les visages de ceux qu’ils, elles, ont tant aimé. Leurs propres enfants qui, quelque part, ne peuvent rien ou ne veulent plus d’eux : ces vieux grincheux et râleurs atteints de maladies qu’ils n’ont ni la patience ni le courage d’affronter. Il existe une grande souffrance, celle de ne plus voir les siens, des les côtoyer, aimer et rigoler. Au point que le seul remède que la médecine n’a pas encore trouvé, et ne trouvera pas, c’est tout simplement « l’abandon qu’ils subissent avec en même temps, la perte incommensurable qui est l’amour des siens ! ». Cette perte et cet abandon par les siens, n’est-il le propre de cette société qui est devenu égoïste, comme sont devenus tant de gens ? Il existe pourtant un paradoxe parmi nos concitoyens et dans cette société. D’un côté celle-ci dit : vouloir se préoccuper de l’état mental et de leur santé de « nos vieux », mais dans les faits constatés et avérés, elle exerce une sorte de « réjection » de l’autre comme s’il ou elle était un pestiféré, ayant je ne sais quelle maladie transmissible !

Pourtant, pour permettre à ces hommes et ces femmes de faire encore partie de notre monde, même s’il est encore fait d’absurdité et égoïsme, il faudrait mettre en place une autre politique et une autre prise de conscience, autre que celle d’un certain égoïsme à la fois individuel et collectif comme si chacun n’était pas concerné par le vieillissement. Il faudrait aussi d’autres moyens à la fois humains et financiers, pour gérer cette « souffrance » que personne ne veut voir, ni avoir chez soi ! Oui … dans ce monde de souffrance, et d’égoïsme. Du chacun pour soi. Pourtant le temps de l’humanité claque au vent comme une brise sur une pierre angulaire de la construction d’une société qui projetterait plus d’humanité pour réduire la souffrance, et le mal vivre d’hommes et des femmes qui sont dans ces carrés enfermées comme des « bêtes », prêtes en quelque sorte, à plus ou moins grande échéance à partir vers « l’abattoir » leur dernière demeure.

Sommes-nous assez humains et moins égoïstes au point de ne pas faire le pas financier pour permettre a chacun de bien vieillir, en mettant d’abord les moyens de la prévention de la santé pour tous ? Les voies tracées, ces dernières années par nos gouvernants, faisant du droit à la santé un marché comme les autres, font que, faute de moyens, non seulement la prévention des maladies et du « mal vieillir », est devenue une tare, et un concept qui ne fait plus partie de ceux qui se jugent à l’abri. Et pourtant, comme les autres, ils en pâtiront : des souffrances, des rejets de l’autre, et même des leurs, car devenant eux aussi vieux et malades, ils deviennent des poids de souffrance et de rejet. Oui, il y à ceux qui, aisés, seront confortablement installés dans des maisons de retraite, ayant l’impression de n’avoir jamais quitté leur chez soi. Mais il y à tous les autres. Ceux qui jadis auront travaillé toute leur vie avec des bas salaires, et qui touchent des retraites de misère, en devenant "des poids" pour leurs enfants (quitte à payer), qui sont parqués dans des maisons dites de retraite. Elles et eux, abandonnés à leur sort et à leur fin de vie en vieillissant, avec leur souffrance, à la fois, physique, morale, et un état de santé dégradé se laissent mourir avec dignité et à petits feux. Comme les oiseaux, ils se sont cachés malgré eux, pour aller mourir loin des leurs, en quelque sorte, parce qu’ils les ont abandonné a leur sort. A croire que leurs enfants ne feront acte de présence que lorsqu’ils partiront vers le repos éternel. Même leur tombe, peut-être sera abandonnée, et pas même une fleur de printemps ne viendra égayer cette terre et cette pierre froide à la fois souvenir, et symbole de leur passage sur terre. Ceux qui leur ont donné la vie, des espoirs et des rêves seront oubliés à jamais. Quelque soit ou fut notre comportement par le passé ou dans le présent, et quelques puissent avoir été ou seront nos souffrances, il faut croire que la roue de la vie et de la mort continuent toujours de tourner.


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