RIGUEUR OU RELANCE : UN DEBAT « INSENSE »

lundi 30 mai 2011
par  Gérard Bélorgey
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Le débat médiatiquement schématisé entre relance ou rigueur n’est pas sérieux. Ni l’une ni l’autre ne peuvent « marcher » d’une part sans être dosées entre elles, d’autre part sans régulation commerciale. Ce que l’on doit attendre d’une part de « rigueur » c’est, par la sélectivité dans la dépense (exemples : dans les aides aux entreprises entre celles qui sont « exposées » et celles qui le sont beaucoup moins ; dans les coûts de fonctionnement soit qu’il y ait à satisfaire des besoins vitaux , soit qu’il y ait des luxes et des laxismes) et une augmentation de recettes fiscales équitablement assises sur qui peut contribuer en recettes à de meilleurs budgets sans nuire à la compétitivité, de réduire effectivement déficit et dette. Car le déficit rend vulnérable à tout (et d’abord aux agences de notation) et constitue un argument pour des coupes budgétaires et sociales indues tandis que la dette assure notre soumission vis à vis des bailleurs de fond que sont pour les économies publiques et privées les grands bénéficiaires asiatiques d’une épargne massive vis à vis desquels les pays avancés ( au premier chef desquels les Etats-Unis) sont, par préférence pour la consommation et insuffisance d’épargne propre, en position de faiblesse pour toute négociation, non seulement sur des questions politiques ou de droits de l’homme, mais concrètement pour eux sur les échanges commerciaux , les circulations de capitaux, et les taux de change des monnaies

Le désendettement c’est le chemin de la liberté stratégique s’il n’aboutit pas à étouffer

C’est pourquoi on doit attendre aussi d’une part de relance, mais également sélective, du pouvoir d’achat populaire et de la réduction des inégalités non seulement ensemble nécessaires pour une croissance plus équilibrée et moins dépendante des marchés financiers mais aussi pour pouvoir compenser des augmentations de coûts de produits importés lorsque ceux-ci devraient être taxés et donc renchéris d’une manière ou d’une autre (TVA sociale, droits différentiels, contingents , etc.), et enfin des capacités d’améliorer les structures, moyens et priorités des services publics indispensables à la sécurité , à la santé, à l’éducation en sachant (par application pondérée d’un keynesianisme dont le caractère sommaire peut être très dangereux) que toute dépense apparemment injectée dans une économie nationale a pour effet, lorsqu’on opère ainsi, dans le cadre d’une économie mondiale ouverte de bénéficier bien plus aux pays les mieux placés dans la concurrence mondiale par les prix et les attraits capitalistiques qu’aux habitants du pays qui consent la dépense de relance, surtout si elle bénéficie à des opérateurs financiers

Une politique de relance sans régulation commerciale peut aboutir à une duperie, à faire siphonner la croissance espérée par les mieux placés dans la compétition des prix et des offres de placements. On ne peut croire que les seules régulations monétaires et financières pourraient s’y substituer bien que la mondialisation financière soit un sujet rebattu faisant l’objet de préconisations de spécialistes semblant penser que la régulation en est possible et suffirait à discipliner la globalisation. Or il faut en douter en invitant à ne pas écarter la question clef de la globalisation commerciale. Les résultats et conséquences de celle-ci (au niveaux des productions, échanges, transports et distributions, normales ou frauduleuses d’ailleurs et dont les profits nourrissent ensuite les spéculations financières) sont en effet les bases vitales du capitalisme mondial : ses petites et grandes oligarchies et ses négoces de toutes espèces et dimensions prospèrent d’abord sur les différentiels intercontinentaux de coûts entre pays avancés et pays émergents ; le système capitaliste mondial trouve dans ces concurrences tous azimuts, par les prix et désormais sur presque tous les produits et services délocalisables, le ressort de son combat contre les niveaux de rémunération et les garanties sociales des pays avancés. C’est bien pourquoi ses effets néfastes sont peu étudiés et toujours méconnus en restant tabou parce que ce libre échange des produits et des services est l’alpha et l’oméga de tout le reste de la mondialisation. D’ailleurs, au regard même de la mondialisation financière qui lui est superposée, le groupe « alternatives économiques » exprimant la pensée socio-libérale piégée par le système est prudent. Il rappelle les analyses que divers économistes de renom font de ses avantages, dérives et inconvénients pour conclure qu’au regard des principaux de ceux-ci « une meilleure gouvernance des organismes monétaires et financiers devrait suffire ».

Pour revenir à notre propos sur le mauvais débat entre rigueur et relance, c’est la régulation /protection commerciale qui est fondamentalement indispensable pour accompagner les bons dosages sélectifs entre éléments de rigueur et éléments de relance. Si la part de l’une et la part de l’autre ne sont pas associées à cette régulation/protection, il y a aura toujours désemploi, crise au coin du bois, illusion de résultat : lorsque des firmes du fait de relance non accompagnées des conditions protectrices nécessaires voient prospérer leurs résultats, mais au moyen d’activités qui se développent hors du territoire national, ces relances payées par nos contribuables, au prix de sacrifices sur leurs autres besoins ne leur apportent pas de meilleures situations, mais assurent seulement de meilleurs profits à ceux qui sont, à raison de leurs lieux de production (comme les firmes implantées dans les low cost countries, ou comme l’Allemagne lorsque fait le choix de prix de revient déflationnistes) les mieux placés sur les marchés mondiaux. Les relances désordonnées, non partagées font que les dépenses publiques des uns nourrissent les profits privés des autres. Il ne seraient de bonnes politiques de relances que si elles étaient concertées entre puissances et que chacune soit bien accompagnée d’une ""gouvernance mondiale" à laquelle précisément, même s’ils la vantent, précisément répugnent ceux qui tirent avantage du désordre libéral des échanges mondiaux ?

Le blog de Gérard Bélorgey : http://www.ecritures-et-societe.com


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