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GAUCHE : LA CULTURE AU CŒUR DU PROJET ?

jeudi 21 juillet 2011
par  João Silveirinho
popularité : 72%

Lors d’une réunion publique du Front de Gauche consacrée à la culture, Jean-Luc Gonneau, notre bien-aimé directeur de la publication (un p’tit coup de brosse à reluire ne saurait nuire) déclarait : « Avant chaque élection présidentielle, j’ai entendu, à gauche, des discours généreux sur la culture, « au cœur de notre projet ». Et puis, au fil de la campagne, le fleuve culturel se tarissait peu à peu, jusqu’à quasiment disparaître. Notre candidat à l’élection présidentielle, ses porte-parole à tous niveaux devraient s’engager à rompre avec la fâcheuse habitude que je viens de signaler. Car, dans un projet politique, la culture ne saurait se réduire à un champ sectoriel parmi d’autres, une sorte de catalogue destiné principalement aux acteurs culturels, même si cela aussi est nécessaire. Si vraiment nous prétendons que la culture doit être « au cœur de notre projet », alors il convient de dire en quoi nos propositions concernant l’économique, le social, l’international, etc, sont innervés par la question culturelle. J’ai été ravi d’entendre Claire Pessin-Garric insister sur le lien entre la culture et le domaine de l’éducation, « nationale » ou « populaire ». Ces domaines sont intrinsèquement liés, il convient d’insister pas assez sur ce point. Enfin, notre projet doit prendre en compte la richesse extraordinaire que constitue la diversité. N’oublions pas ce que les auteurs, danseurs, musiciens, plasticiens venus des quatre coins du monde ont apporté à notre univers culturel. Prenons garde à ce que les expressions culturelles issues des immigrations ne soient pas confinées dans des pratiques communautaires. C’est en s’ouvrant à ces expressions que non seulement nous enrichirons nos univers et nos plaisirs, mais que nous serons à même de mieux comprendre l’autre. En ces temps de replis frileux, de méfiances envers les différences, systématiquement entretenus par ceux qui aujourd’hui nous gouvernent, c’est urgent ».

Il a raison, le bougre, et nous dirons pourquoi. Depuis, présidentielle oblige, bien des impétrants ont fait le pèlerinage du festival d’Avignon, afin de montrer leur frimousse, ce qu’on ne saurait leur reprocher et de disserter sur la culture (ce que l’on pourrait reprocher à quelques-uns d’entre eux). Les uns ont participé dans le « in » des forums organisés par le journal Libération, les autres dans le « off » des dits forums, la liste n’étant pas close au moment où nous mettons sous presse. L’impression à ce jour, c’est que leurs propos sont au mieux cantonnés à des propositions sectorielles pour plaire aux « professionnels de la profession » et au pire une vacuité noyée sous des généralités ou des considérations personnelles hors sujet. Nous avons ainsi appris, tous ébaubis, que Manuel Valls avait un papa peintre et une épouse violoniste, ce qui lui auto-décernait un brevet culturel. Demeurons magnanimes : au-delà de ses promesses budgétaires (augmenter le budget culturel de 30 à 50%), Martine Aubry a su montrer qu’elle était femme de culture, et fort justement insisté sur le lien indispensable entre culture et éducation. En rupture bienvenue avec la politique de l’éducation conduite par l’actuel gouvernement qui fait de la seule « employabilité », vilain mot, l’objectif de l’éducation pour le moment encore « nationale », rognant avec une ténacité certaine sur les disciplines permettant de mieux comprendre le monde, de s’ouvrir aux œuvres et aux idées, de développer le sens critique. C’est bien, Martine, tu as bien retenu la leçon de Jean-Luc Gonneau (si avec ça je n’ai pas une augmentation…), et ça prouve que l’ENA ne conduit pas forcément à l’autisme culturel ; exception confirmant la règle ? Nous avons aussi apprécié le propos de Jean-Luc Mélenchon (un ancien prof, c’est peut-être pour ça) sur l’esthétisation nécessaire du discours et du projet politique. Dommage qu’il n’ait pas développé. Mais nous allons le faire, pour lui et d’autres si le cœur leur en dit.

Par contre, personne, à notre connaissance, n’a abordé le sujet de le richesse des diversités culturelles sur notre territoire. Comprendre le monde, n’est-ce pas plus facile si nous savons établir le dialogue avec celles et ceux qui viennent d’ailleurs, plutôt que de les stigmatiser comme autant de menaces (n’est-ce pas, Guéant et ses séides de la « droite populaire », pure essence de la beaufitude à la française, fière de son inculture). Réciproquement, établir ou renforcer (car il existe quand même, malgré la bande à Guéant et celle de la famille Le Pen) ce dialogue, n’est-ce pas faciliter l’inclusion sociale de nos concitoyens d’origine étrangère ?

Et, d’une certaine façon, pas si loin de l’ « esthétisation » mélenchonienne, pas grand-chose sur « la culture au cœur du projet ». Alors, quelques pistes. D’abord, rappelons que la culture (et même l’éducation) sera difficilement appréhendable pour celles et ceux dont le souci principal est la survie à court terme. Survie pour celles et ceux en situation de précarité par rapport à l’emploi, par rapport au logement, par rapport à la santé. C’est pourquoi la gauche doit apporter des solutions à ces précarités-là. Vivre décemment est une condition préalable à l’accès à la culture. Condition nécessaire mais pas suffisante. Pas de culture sans sens critique. Et pas de sens critique pour qui s’englue dans le consumérisme sans freins développé par le libéralisme économique et relayé par les médias, dont il constitue la vache à lait par le moyen de la publicité. Tiens, ne faudrait-il pas taxer la publicité ? Pas de culture sans partage. Le libéralisme économique ignore le partage. Pire même, il le combat : que le « meilleur » gagne (des sous, du pouvoir). Qui est le meilleur ? Le plus cultivé ? Macache.

Bref, transformons l’école en lui donnant les moyens d’être le levier vers la culture (ce qui n’exclut la formation professionnelle, mais la réoriente), réduisons la précarité pour faciliter l’accès à la culture, conduisons une bataille idéologique « gramscienne » pour substituer l’idée de coopération à celle de compétition et de concurrence.


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