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PHILIPPINES (SUITE) : ET DIEU DANS TOUT ÇA ?

dimanche 31 juillet 2011
par  Roberto Robertelli
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God est partout et dans tout, le sommet de la parano. Le philippin se réveille, mange, travaille, fornique et tue au nom de dieu. La journée est cadencée par de nombreuses prières dans des lieux adéquats, comme les centres commerciaux ou les administrations. C’est du pain béni (permettez-moi cette vulgarité) pour l’église catholique romaine, qui vit de ses rentes depuis des siècles dans ce pays ravagé par la foi comme on est ravagé par la guerre. God fait les choux gras des nombreuses églises protestantes que l’on peut classer grossièrement en deux groupes : les "ramasseuses" d’âmes perdues, de corps déchus, d’esprits en perdition et de misères (prix d’excellence pour les "born again"), et les églises élitistes, où les dons sont à l’aune de la taille des voitures garées dans les parkings privés de leurs lieux de recueillement, où l’on sent bien qu’on est entre gens comme il faut mais où les domestiques sont quand même tolérés (ça fleure bon le 19eme siècle, quoi). Les musulmans, environ 20% de la population, ne sont majoritaires que dans une partie de Mindanao et quelques îles proches de l’Indonésie. Présents dans le reste du pays et tout particulièrement dans les villes portuaires importantes, les musulmans philippins pratiquent les métiers du commerce et de l’artisanat, n’atteignant toutefois que très rarement la surface financière des leurs concurrents indiens (en majorité étrangers, ils contrôlent notamment le marché des prêts à court terme, où ils pratiquent des tarifs exorbitants), et sont complètement surclassés par les chinois, philippins ou étrangers (qui contrôlent une part exagérément importante de l’économie). Relégués dans une position de sous-classe tolérée dans l’indifférence par les catholiques dans les villes du nord et du centre du pays, les musulmans font l’objet de fréquentes brimades et discriminations notamment dans la partie nord de Mindanao. Dans la zone administrative spéciale, contrôlée par le Front de libération Moro, armée musulmane indigène forte d’environ 20000 hommes et lourdement équipée, tout est prétexte à des tracasseries juridiques ou administratives de la part de Manille, et elle est fréquemment le théâtre d’échauffourées entre les soldats réguliers, les milices entretenues par le pouvoir central ou par les chefs de clans et les combattants Moro.

Les musulmans des Philippines pratiquent un Islam modéré et discret, à peine touché récemment par des crispations identitaires, bien loin des changements intervenus dans des pays comme la Malaisie. Dans les îles Philippines, le phénomène terroriste reste extrêmement marginal et localisé généralement dans d’étroits territoires à l’extrême sud du pays, la criminalité organisée et les règlements de comptes entre politiciens corrompus faisant bien plus de victimes que les rares bombes bricolées qui explosent épisodiquement devant des lieux de cultes ou de pauvres marchés. Ce ne sont pourtant pas les cibles stratégiques ou les lieux politiquement symboliques qui manquent dans ce pays. Les terroristes doivent certainement être inquiets des conséquences de leurs actions sur le tourisme. De vagues et fumeuses estimations attribuent 600 combattants au groupe Abu-Sayaf (le plus médiatisé). Quant aux autres groupes, comme les combattants étrangers de J.I. et autres amateurs de cabines téléphoniques, peu de commentateurs avancent des chiffres. Je me demande d’ailleurs où ils vont trouver leurs estimations. Les experts doivent surement se baser sur les crottes relevées dans la jungle (mais oui, comme pour les chamois sur les rochers des Alpes). Enfin, toute cette agitation arrange bien l’oncle Sam, qui est en manque de bases militaires et qui voudrait bien qu’on lui en donne. Ce que la mère de l’actuel président a fait (fermer les bases américaines), son fils peut le défaire. Mais je ne crois pas que les conditions politiques actuelles permettent au fragile président Aquino de prendre pareille décision. Seule une dégradation rapide de la situation en Mer de Chine pourrait précipiter ce qui reste de toute façon inévitable à terme : le retour des forces américaines aux Philippines. In god we trust, ne l’oubliez pas, républicains mécréants et autres parisiens de gauche.


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