En observant les remous des débats de la « mélancolie française » me viennent plusieurs nausées que j’aimerais exposer à l’analyse du plus grand nombre. Non pas pour chialer mon fiel mais pour introduire la notion d’une stratégie d’intégration efficace. L’excès des arguments tel que « à Rome on fait comme les romains » sont des répulsifs identitaires qu’il faut combattre : appliqué à la colonisation, ce principe lui aurait permis de durer plus de trois cents ou quatre cents ans et Obama porterait des plumes de chef. L’exploitation des valeurs républicaines en vue d’une culpabilisation du français non « traditionnel », lui demandant de se soumettre aux mâles alphas prédominants et à leurs religions ou non religions, ne peut que me donner de l’urticaire.

S’il faut une initiation à la période anticléricale, au combat féministe, démocratique, à l’apport des lumières pour adhérer à l’identité française, au vu des populations à convaincre, je me dis que l’on se trompe d’arguments. Attention, nous sommes nombreux dans les quartiers à avoir relevé le flambeau des lumières, à l’investir de nos existences et à les défendre sans obéir à une vassalité identitaire mais par le choix de la raison. Ce n’est donc pas un problème d’intelligence mais de palier civilisationnel qu’il faut réduire par l’enseignement et l’éducation. La France change, c’est sûr et certainement inexorable mais c’est dans l’ordre des choses ! Ce n’est pas l’immigration qui la change. Comment une minorité pourrait changer l’ensemble d’une nation ? Charge à nous de simplifier l’argumentaire pour qu’il soit accessible au plus grand nombre et pas seulement pour les français issus de l’immigration, car nombre de mes compatriotes fussent-ils de « véritable auvergnats » ignorent tout de Voltaire…

Les raisons du changement sont plus dans l’urbanisation, la modernité, les combats LGBT ou féministes et je ne vois pas cela d’un mauvais œil bien au contraire ! Que la France change pour moins d’antisémitisme et de racisme est pour moi par exemple un progrès. Cela ne nous empêche pas de vivre des valeurs que bon nombre ont abandonnées sur les chemins du profit. Dans bien des quartiers, nombre de citoyens ont saisi l’ensemble des droits et devoirs qui encadrent leurs existences. Ils sont prêts à donner toujours plus, malgré le manque de reconnaissance témoigné aux harkis et aux bataillons d’Afrique échoués en Europe en 14-18 et en 39-45, sans oublié l’Indochine.

Il nous faut encore choisir ?! Soit, je choisis une énième fois ma bannière tricolore quand d’autres se torchent avec. Je sais mieux que la moyenne traditionnelle l’histoire de France et les valeurs républicaines, so what ?! Ce n’est pas moi qu’il faut convaincre mais tous ces jeunes, qui soignent leurs souffrances identitaires dans les bras du système parallèle des islamistes. Leur parler d’Olympe de Gouges est surement la solution, les exposer à la lumière… Mais pas à coup de « quand vos parents vous appellent Mamadou, ils ne vous rendent pas service ». C’est alimenter le discourt victimaire et grossir les rangs de la haine.

S’il faut pour être lu me faire appeler Damien Ferdinand de Gigondas, hé bien je préfère me taire et préserver mon verbe d’une certaine promiscuité droitière. Peu importe le patronyme, le fait français n’est pas caché dans le calendrier grégorien et il faudra cesser de nous désigner comme une motte de beurre rance à circonscrire comme un feu trop longtemps négligé ou plutôt alimenté pour les besoins de la cause sécuritaire. Au delà du malaise des quartiers, c’est tout le peuple de France qui doit travailler ses symboles et raffermir ses valeurs sans gloriole nationaliste mais par souci de projet commun.

Il suffit d’accuser la jeunesse d’avoir perdu les valeurs que nul ne leur a confiées. Il suffit de prendre un bouc émissaire pour cacher les vrais problèmes. Avec ou sans papiers, l’immigré ne peut engranger les fruits du déclin français. Il nous faut assumer notre médiocrité, sans cela nous ne trouverons pas les bonnes issues à notre crise. Luttez contre l’islamisme, oui, mais pas en faveur de l’extrême droite. Je cherche un camp ou croyants et non croyants lutteraient pour l’universalisme sur un pied d’égalité, sans considération religieuse, sociale ou politique, et non pas rejoindre un groupe où je ne serais jamais l’égal de personne, un bougnoule de bibliothèque que l’on sortirait de temps à autres pour faire l’article « non l’extrême droite n’est pas raciste ». Méfiez-vous de ceux qui vous parlent de nostalgie car la France d’hier n’est pas le progrès. La France de demain est par delà les barrières des extrêmes politiques et religieux qui ont un intérêt commun : creuser encore plus les fossés qui séparent l’humanité.

Comment vous dire ? Ceux qui appellent au « sursaut laïque », à sa riposte sanglante face a l’islamisation rampante de la société, font partie du problème et non de la solution. Rien ne sert de fourbir ces armes, la solution est non violente. Plus on voudra mater les musulmans plus l’islamisme et l’extrême droite seront forts. Il faut faire une place a l’islam des lumières en exigeants des musulmans de le cloisonner dans la sphère privée. Mais il faudra revenir sur les accommodements accordés aux anciennes religions, car tant que la cloche sonnera, le muezzin gueulera…