LE RATIONNEL ET L’IRRATIONNEL

jeudi 25 août 2011
par  Allain Graux
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Selon certaines conceptions "essentialistes", l’homme - par égoïsme naturel - serait plutôt de droite. Donc, à quoi bon lutter, convaincre de voter à gauche pour créer une société solidaire et altruiste. Laissons faire la nature, et le marché qui établit un ordre naturel des choses par « sa main invisible » comme disait ce cher Adam Smith, selon un équilibre moyen entre les comportements extrêmes. Mais l’homme ne se nourrit pas en moyenne : il y a ceux qui se gavent et ceux qui ont faim. L’être humain, comme dans toutes les espèces animales, a des réflexes de survie. Mais c’est aussi un être social. L’homme vit en société, ce qui implique des liens sociaux. Ces liens peuvent aller des rapports d’exploitation les plus extrêmes, de l’esclavage au fascisme et au communisme totalitaire à la solidarité absolue du communisme primitif. Pour s’émanciper de sa condition quasi animale de survie, l’homme a besoin de conditions d’existence : alimentation, santé, éducation, qui satisfassent ses besoins élémentaires pour lui permettre d’accéder à ses désirs de culture, de plaisirs, de joie. Cette satisfaction ne peut pas être uniquement individuelle, elle est aussi satisfaite par les relations familiales et sociales, les liens collectifs. C’est tout ce qui différencie la consommation solitaire individuelle et égoïste des plaisirs partagés avec l’autre et les autres.

Au capitalisme consumériste qui façonne les individus en créant sans cesse de nouvelles dépendances, de nouveaux besoins, la gauche doit proposer ses valeurs, d’émancipation culturelle et sociale, en premier lieu par l’élévation du niveau d’instruction. Mieux une société est éduquée et plus elle est réceptive aux idées de la gauche, à ses conceptions solidaires. Pour un avenir plus radieux qui ne remette pas en cause son existence, l’humanité doit se refonder sur des habitudes d’économie pour l’utilisation des ressources naturelles, et particulièrement énergétiques, en ce qui concerne les matières non renouvelables : pétrole, gaz, charbon, métaux.

La gauche doit concentrer son action sur ces satisfactions-là, pleines de vie enthousiasmante dans le présent, de nature hédoniste, ludique (il n’y a aucune raison d’être ennuyeux), pour redonner confiance dans l’avenir, un futur fait de progrès et non de repli sur soi, de conservatisme frileux ou identitaire. L’avenir, pour le prolétariat, les classes populaires, ne réside pas dans la copie et l’assimilation au modèle bourgeois qui fait disparaître l’identité de classe jusqu’à abolir sa conscience et le vote, jusqu’au renoncement à l’exercice de cette expression démocratique. Soit une autocensure populaire qui ramène au vote censitaire. Une gauche de combat se doit de ressusciter le caractère dynamique, la dimension universelle du progrès social, pour une société conviviale et coopérative, à l’inverse du système libéral de compétition agressive qui conduit à l’affrontement entre les individus, les groupes, les ethnies, les pays. Cette société-là n’a pas d’avenir. Elle comporte sa propre destruction et celle de l’humanité. Elle conduit, de ce fait, aux craintes qu’engendrent, celles rationnelles de l’insécurité sociale, à celles irrationnelles de la peur de l’étranger rendu responsable de son angoisse pour l’avenir, pour soi et pour les siens.

La gauche, la vraie, se doit de restaurer des sentiments de confiance pour les gens. Elle doit les convaincre de leur capacité de prendre eux-mêmes en mains leur destin, que la démonstration soit faites qu’ils peuvent agir, en s’unissant avec d’autres, pour améliorer leur situation sans renoncer à leur identité jusqu’à la nier. C’est un véritable projet émancipateur, porter par une gauche de transformation sociale unie pour proposer une alternative et non une simple alternance, pour une VIe République, démocratique, écologique et sociale, qui instaure la justice sociale et plus d’égalité qui peut convaincre et lui redonner une dynamique victorieuse : une révolution citoyenne. Comme le disait Antonio Gramsci (1) : « il faut d’abord gagner la bataille culturelle, c’est un préalable à toute victoire électorale ». Si une certaine gauche s’accommode de renoncements idéologiques, c’est qu’elle accepte la défaite d’autant plus volontiers qu’elle a renoncé à livrer la bataille politique.

(1) Antonio Gramsci est un écrivain et théoricien politique italien, membre fondateur du Parti communiste italien, dont il fut un temps à la tête, il finit emprisonné par le régime mussolinien. C’est un des principaux penseurs de la tradition marxiste. Il oppose à la dialectique matérialiste une « philosophie de la praxis ». Sa conception de l’hégémonie culturelle comme moyen du maintien de l’État dans une société capitaliste a fait date.

Le blog d’Allain Graux : http://allaingraux.over-blog.com


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