COMMENT PEUT-ON ETRE BELGE ?

dimanche 28 août 2011
par  Roberto Robertelli
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Le pays est si plat que la brise y grossit sans peine, finit par devenir tempête et par emporter avec elle toute frêle construction. Qui a donc eu l’idée saugrenue de faire de Bruxelles la capitale (de fait) de l’Europe ? Et pourquoi pas Monte-Carlo ? Cela aurait de l’allure, non ? Très chic, pas cher, bon pour le tourisme et la finance. Non mais Bruxelles, une fois. Je sais : petit état tampon, membre fondateur, membre de l’OTAN, pays multiculturel, etc. Mais quand-même. Quand le Président de l’Europe se rend dans la capitale de l’Europe pour prononcer un important discours sur l’avenir de l’Europe des 27, le reste du monde doit se demander si nous sommes seulement impuissants ou, aussi, d’aimables rigolos (remarquez, il ferait le même effet à Monte-Carlo). Ne parlons pas de la "Dame" qui incarne la politique étrangère des 27 petits nains : on devrait demander au Prince Charles s’il est intéressé par le job. Mais cessons de rire car l’heure est grave au merveilleux pays de Magritte et de Delvaux : nous venons à peine de réaliser que wallons et flamands ne s’entendent pas, que certains se détestent même, qu’il y a des marocains dans Bruxelles, et des étrangers qui n’aiment pas les frites-mayo (un comble, comprenez-vous). Que les flamands sont très aimables mais que leurs activistes d’extrême droite le sont beaucoup moins ; je les qualifierais même d’enragés. La marmite est sur le feu depuis longtemps et bizarrement, au pays de l’Etrange, elle risque de sauter pour des mauvaises raisons ; ils vont bruler les rues basses et des périphéries lépreuses pour ne pas être obligés de regarder leurs blessures d’amour-propre, leur mépris partagé ou les regrets d’un orgueil révolu. Probablement, il est plus facile de trouver une majorité silencieusement lâche pour se défouler en temps de crise plutôt que de résoudre des problèmes dont la source date de la naissance du royaume.

Comment ne pas aimer nos voisins belges ? Belges, on vous aime ; on a tant de choses en partage : le respect des arts et des lettres, une frontière et l’Histoire, une langue et un savoir-vivre, le bien boire et bien manger, de nombreux italiens et de nombreux marocains, la Mer du Nord, la pluie, Adamo, la vie enfin. Et dans cet inventaire étrange, au pays du Bizarre, l’Europe. Alors là, non. On ne confie pas la responsabilité de représenter la première puissance commerciale de la planète à un pays qui peut éclater incessamment ; un pays atteint de la peste hollandaise. Oui, Baudoin et Fabiola sont bien loin et les francs belges engloutis pour toujours. Et puisqu’il n’y a pas d’alternative à cette Europe que nous détestons souvent, que nous méprisons parfois mais qui est notre patrimoine commun, demandons à nos amis de toujours de ne pas charger le bateau, de ne pas nous faire chavirer. Cela serait superflu, puisque de crise en crise, d’impuissance en renoncement, de grands discours en ridicules dérobades (non, vraiment, la barque est déjà bien pleine), c’est l’Europe des lâches et des veules, de ceux qui n’ont plus de pays dans leurs cœurs et qui se foutent de ceux des autres ; cette Europe-là triomphe et nous vole notre avenir. Etre belge c’est refuser de se complaire dans cette pantomime grotesque qui nous relègue à la place de supplétifs au lieu d’être des partenaires, qui nous stigmatise et crucifie par le mensonge navrant de nations instables toujours tentées par le fascisme, l’antisémitisme et la xénophobie, de peuples peu fiables qui laissent les autres se frotter à la rudesse des combats. Belges, s’il vous plait, montrez-nous que nous pouvons encore vivre ensemble pour enfin gagner ensemble.

PS : si vous avez besoin d’un médiateur pour résoudre votre interminable crise politique, un français de grand talent sera bientôt disponible et c’est avec réticence mais aussi un certain soulagement que nous envisageons de faire cadeau au roi de DSK. Sachez en faire bon usage.


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