UNE BELLE MORT A CREDIT

dimanche 25 septembre 2011
par  Jacques-Robert Simon
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Pourquoi le système actuel est-il si monstrueusement stable ? Si la répétition poly-quotidienne des messages publicitaires ou politiques (subsiste-t-il une différence ?) est un des facteurs, si l’emprise des puissants est efficace pour noyauter la Démocratie par hommes de paille interposés, si flatter les instincts fait partie du plan de déconstruction du vivre ensemble, si la concurrence entre démunis permet aux possédants de pérenniser leur classe sociale, il ne semble pas que le coeur du « système » agisse grâce à ces ressorts.

Nos sociétés sont opulentes car elles vivent à crédit. Il va de soi qu’emprunter pour investir est le meilleur moyen de progresser, du moins pour la production de biens matériels. Il y a fort longtemps que l’ensemble des pays occidentaux a abandonné cette voie. Les emprunts servent pour l’essentiel à animer la consommation. Constatation éminemment banale pour une société de consommation ! La dette par habitant est étrangement identique dans les principaux pays occidentaux : 32 000 euros pour les Etats-Unis, 30 973 pour la Grèce, 25 320 pour la France, 25 400 pour l’Allemagne.

Si l’on rapporte la dette au Produit Intérieur Brut, un classement ébouriffant est obtenu. Dans le groupe des pays hyperendettés, le Japon (1er) : 225% (bravo), la Grèce (5e) : 144% (peut mieux faire), les Etats-Unis (13e) : 88.9%, la France (14e : elle talonne les meilleurs) : 84.5%, l’Allemagne (19e) : 78.8%. Passons aux nuls : la Tunisie (52e) : 49.5%, Cuba (83e) : 34.4%, Syrie (89e) : 29.8%, Algérie (96e) : 25.7%, la Chine (112e) : 17.5%( ?), la Libye (131e) : 3.30%. La révolution touche donc les pays les plus financièrement vertueux. Est-ce un pur hasard ?

On savait déjà que nos pays étaient confits dans une abondance stérilisante en absence de perspectives autres que matérielles. On sait de plus qu’elles achètent leurs jouissances à crédit, sans aucune possibilité de rembourser ces prêts. Alors qui va payer ?

C’est à ce point que l’art de la finance atteint son apogée. Quelques-unes des grandes fortunes sont bien aux mains d’une minorité (ils préfèrent le terme « élite ») ; elles sont toutefois inaccessibles à la vindicte populaire : le système leur permet de s’évader en un clin d’oeil. De toute façon la grande masse des capitaux ne provient pas d’eux : ils savent être discrets. La majeure partie des fonds nécessaires provient de vous : de votre épargne plus ou moins dynamique, de vos assurances vie, de vos placements...Si une banqueroute s’installe (un évènement de crédit doit-on dire) soyez certain que c’est vous qui serez ruiné. Magnifique : on utilise les mêmes pour exploiter et être exploité. Du grand art. Le système actuel est donc stable parce que, même en cherchant bien, vous ne trouverez personne qui en endossera la responsabilité si ce n’est la (quasi) multitude. Bien entendu, la ruine est inévitable...mais quelle belle mort que celle que l’on prépare à crédit.


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