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LA PRESIDENCE ALLEMANDE DE LA REPUBLIQUE FRANÇAISE

vendredi 11 novembre 2011
par  Gérard Bélorgey
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Au soir de l’interview si complaisant du Président de la République, on aurait pu croire que c’était sur une victoire germanique que s’était finalement dénouée la dernière guerre : disparu le programme du Conseil National de la Résistance au profit du triomphe d’un capitalisme sans contre poids ayant même oublié son étape socio libérale rhénane et ayant plongé dans la soumission aux marchés financiers et à la déification de l’exportation. Les Français ont été appelés par leur Président à ressembler le plus possible aux citoyens européens allemands.

D’ailleurs sous la houlette de Bruno Lemaire (parfait modèle masculin BCBG du libéralisme mondial, comme Christine Lagarde en est le modèle féminin récompensée par le FMI), l’UMP travaille avec la CDU à un programme commun de rapprochement économique, fiscal et social. C’est la mode : le PS ferait à peu près de même avec le SPD et le Front de Gauche aime bien Die Linke.

La « germanolâtrie », si bien dénoncée par E. Todd dans un débat télévisé d’il ya quelques mois avec H. Guaino, révèle l’incapacité de nos dirigeants – et même de leurs concurrents de la gauche de gouvernement - de construire une stratégie française parce que nous sommes prisonniers de l’Union Européenne. Autant faut-il unir les forces sociales de changement de part et d’autre du Rhin pour obtenir le remplacement de A. Merkel et de N.Sarkozy - constituant le couple de la Souveraine têtue et du petit Vizir qui finit toujours par obéir – , autant ne faut-il surtout pas préjuger que l’harmonisation nécessaire (une harmonisation qui devrait aller dans le sens du progrès) des dispositions économiques et sociales dans l’espace européen passe par un alignement sur l’Allemagne d’aujourd’hui. Ce serait une erreur, car d’abord il faut convier à ces travaux pour convergences tous ceux qui le souhaiteraient dans le périmètre hélas trop vaste et hétérogène des 27 ; car ensuite il n‘existe pas de « modèle allemand » transposable qui serait bénéfique.

En effet, les types et stade actuels de la société économique d’outre-Rhin sont tellement spécifiques qu’ils ne sauraient constituer des références satisfaisantes auxquelles se soumettre. L’attachement à l’équilibre budgétaire (que l’on sait inspiré des désastres politiques qu’avaient engendré l’inflation galopante des années trente ) est certainement une donnée constituant un ancrage positif à une conception économique qui ne croît qu’aux entreprises et aux banques commerciales et non au rôle régulateur que doivent pouvoir exercer, de conserve, un État et une banque centrale « indépendante », oui, mais indépendante avant tout de ceux qu’elle doit contrôler plutôt que suivre. De toute façon, ce modèle allemand va présentement de pair avec la déflation salariale , avec un sévère encadrement des prestations sociales et possibilités de soins , avec une démographie régressive , avec un niveau de vie ne progressant guère pour les salariés et pour les classes moyennes, avec une fiscalité assez injuste, avec une discipline générale dont le but est tout simplement d’exporter .

D’exporter des produits très spécialisés dans l’axe d’un excellent héritage industriel, souvent des produits de haut de gamme largement obtenus par le montage d’intrants provenant des pays à bas coût de revient soit de l’Est de l’union européenne, soit de pays tiers . La recette particulière allemande est d’importer de manière avantageuse, de s’approvisionner et de délocaliser des sous-traitances à l’extérieur avec un grand avantage de coût grâce à une devise forte, plutôt que d’exporter grâce à une monnaie moins chère : sa capacité d’export ne tient pas à un avantage des termes du change ( qui de toute façon n’existe pas au sein de l’Union) mais à la réputation de ses produits et à la pugnacité de ses commerciaux permettant la vente de produits dont les marques de notoriété sont allemandes, mais dont les composants viennent largement des pays pauvres et à monnaie faible. Tout cela ne fonctionne bien qu’avec un euro fort.

C’est l’euromark trop cher, si difficile à supporter pour les autres partenaires européens mais constituant l’outil dont l’Allemagne a besoin , ce qui explique son attachement à l’eurozone dont elle est le grand et presque seul bénéficiaire ; voilà pourquoi, après quelques grimaces, elle a accepté d’apporter son appui aux plans de sauvetage. A une condition : que la Banque Centrale Européenne reste dans l’impuissance monétaire, reste dans l’obéissance à l’article 123 du Traité de Lisbonne, ne fasse directement aux États ni prêts, ni avances, et même qu’on ne mutualise pas les risques par des euro bonds qui seraient émis pour aider à couvrir les endettements. C’est un système de garanties que l’on cherche à monter pour attirer les milliards chinois ou ceux des États du Golfe … afin qu’ils rachètent des obligations des Etats européens ; mais ils ne seront pas assez imprudents pour se porter, sauf si on leur fait des avantages extraordinaires sur celles des pays en grosses difficultés. Par contre devenir les créanciers des pays comme le nôtre ne manque certainement pas d’intérêt pour eux. D’abord on ne pourra certainement pas leur faire la mauvaise manière de leur opposer des barrières commerciales malgré tous leurs dumpings, ni de critiquer leurs atteintes aux droits de l’homme … Ensuite, derrière les obligations publiques, il y a toutes les facultés d’achat de bons actifs et nos prochains patrons seront pour une bonne part asiatiques ou arabiques et les entreprises et les hommes devront se plier à leurs méthodes. La Présidence allemande de la République Française livre la nation aux intérêts étrangers et prépare les Français à la soumission coloniale.

Le blog de Gérard Bélorgey : http://www.ecritures-et-societe.com


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