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FADO : KATIA GUERREIRO EN PLENITUDE, ET UNE POINTE D’ANXIETE AVANT L’OLYMPIA EN JANVIER

mardi 20 décembre 2011
par  Jean-Luc Gonneau
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Katia Guerreiro est une des figures majeures de la nouvelle génération du fado, aux côtés des Mariza, Ana Moura, Camané, Antonio Zambujo et d’autres encore. Contrairement à beaucoup de ses collègues, elle a connu le milieu du fado assez tard : née en Afrique du Sud, ayant passé de longues années d’enfance et d’adolescence aux Açores, ce n’est qu’à la fin de ses études de médecine à Lisbonne qu’elle se prend de passion pour le fado. Fadiste et médecin : le cas est décidément rare. Autre originalité, sa carrière de fadiste n’est pas passée par la case des maisons de fado lisboètes. Katia Guerreiro donnera un concert à l’Olympia le 23 janvier prochain. Elle a bien voulu s’entretenir avec nous, en toute simplicité et sourire, avec gravité aussi.

Paris a une importance toute particulière pour elle : « C’est la capitale des musiques du monde, peut-être que les français ne s’en rendent pas compte. Pour un artiste étranger, c’est une référence. Pour moi, en tout cas, mon premier concert à Paris, il y a dix ans, a beaucoup fait pour me faire connaître et reconnaître au Portugal. Et, au fil de ces années, j’ai ici un public qui connait mes chansons, et est, presque, aussi intransigeant que le public portugais, qui ne pardonne rien. C’est pourquoi je suis toujours très heureuse, mais aussi très anxieuse lorsque je chante ici. Paris est aussi une ville merveilleuse, où je me sens, comme à Lisbonne ou aux Açores, chez moi ». Même les français connaissent les chansons de Katia ? « Beaucoup, oui, qui ont acheté mes CD, où les paroles sont traduites. Même s’ils ne comprennent pas le portugais, ils connaissent le sens des textes que je chante ».

Katia Guerreiro a accueilli avec une grande joie la reconnaissance par l’Unesco du fado comme patrimoine culturel de l’humanité. « J’espère que cela permettra au fado d’ouvrir des portes qui, dans certains pays, demeuraient fermées au fado. Je suis à la fois heureuse de cette reconnaissance, et soulagée : pendant toute cette année nous l’espérions, mais redoutions aussi un échec ». Cependant, lui dit-on, n’est-il pas nécessaire d’assurer une sorte de « service après-vente » de cette reconnaissance ? Par exemple, en France, la presse, y compris celle spécialisée dans le champ culturel, ne s’est pas l’écho de la décision de l’Unesco. Compte tenu de la situation économique et politique du Portugal, les services culturels des ambassades sont-ils en mesure d’y participer ? « Je retiens la suggestion, et essaierai de la relayer dans la mesure de mes moyens. Il faut aussi que les promoteurs les plus actifs du projet, la ville de Lisbonne, le Musée du fado, et l’ensemble des artistes qui s’y adonnent contribuent à faire connaître cette reconnaissance ».

La nouvelle génération de fadistes a apporté des évolutions au fado, avec des diversifications mélodiques, l’utilisation pas certains d’instruments différents des traditionnelles guitares : Mariza, Antonio Zambujo et quelques autres ont introduit des percussions, des instruments à vent, Katia Guerreiro elle-même a enregistré des duos avec des artistes qui ne sont pas du monde du fado, tel le sambiste Martinho da Vila. Cela a pu choquer les « puristes ». « Ce n’est pas choquant, à condition que cela reste du fado. Le fado doit rester dans la simplicité. C’est cette simplicité qui permet à chaque interprète beaucoup de liberté. Je pense que pour beaucoup, je suis peut-être, dans ma génération, celle qui est considérée comme la plus proche du fado traditionnel, même si j’utilise, comme Amalia le fit en son temps, des textes d’écrivains contemporains reconnus. Mais si l’esprit du fado est respecté, vive l’innovation ! Quand je pense que certains « puristes » affirment qu’on ne doit pas utiliser la contrebasse dans le fado… On oublie trop qu’Amalia Rodrigues elle-même a innové de la sorte, en chantant parfois en espagnol ou en français, en enregistrant des disques avec des jazzmen, l’américain Don Byas ou le portugais Rão Kião, enmettant en musique de grands textes classiques de la poésie portugaise. Des « puristes », comme vous dites, l’ont à l’époque beaucoup critiquée. Mais aujourd’hui, la preuve est faite, c’est resté du fado. Le fameux Barco Negro, c’est bien une musique brésilienne, non ? Et qui dirait aujourd’hui que ce n’est pas du fado ? Le temps jugera pour les innovations. Vous avez cité Antonio Zambujo : il tente de mélanger trois influences, le fado, la musique de l’Alentejo et celle du Brésil. Il a réussi à créer un univers musical qui lui est propre, avec beaucoup de sensibilité et de travail. Est-ce encore du fado ? Certains disent oui, d’autres non. Le temps jugera ».

En janvier, au moment du concert à l’Olympia, une nouvelle version de son double CD retraçant ses dix ans de carrière va sortir. Mais un nouveau projet est en route. « L’idée est la suivante : j’ai demandé à plusieurs amis compositeurs d’écrire des mélodies, de définir un thème, de choisir les musiciens qu’ils souhaitent, de se mettre en relation avec des auteurs pour écrire les paroles de ces mélodies. Nous nous sommes donnés quelques règles communes, et bien entendu tout un travail de coordination et d’harmonisation devra être fait. J’ai déjà reçu quelques propositions. Cela dit, pour le moment, je demeure centrée sur la préparation de mon concert à l’Olympia. » L’Olympia est-il si différent des autres salles où Katia Guerreiro s’est déjà produite à Paris ? « L’Olympia, c’est un rêve, c’est le lieu des grands succès d’Amalia. C’est une salle mythique pour les interprètes de fado, et sans doute pour beaucoup d’autres artistes ».

Katia Guerreiro sera accompagnée à l’Olympia par une formation en grande partie renouvelée. « João Veiga, à la guitare classique, m’accompagne depuis huit ans et sera toujours là. Il y aura deux musiciens de grand talent à la guitare portugaise, Luis Guerreiro et Pedro de Castro, qui correspondent le mieux, pour moi, à ce que je recherche aujourd’hui. Et c’est Francisco Gaspar qui tiendra la guitare basse et la contrebasse, mon bassiste précédent s’étant orienté vers d’autres activités musicales. C’est toujours stimulant de travailler avec de nouveaux musiciens, qui apportent des choses différentes. Et c’est rassurant aussi de compter sur des complicités plus longues, comme avec João Veiga ».

Un conseil pour finir ? Ne manquez pas le concert de Katia Guerreiro le 23 janvier.


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