MELENCHON, EVIDEMMENT

samedi 4 février 2012
par  Jean-Luc Gonneau
popularité : 12%

Pour qui se situe à gauche, il est une chose qui ne devrait pas faire un pli : voter pour Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle qui vient. Car enfin, quel autre candidat de gauche ne s’est pour l’instant jamais fait coincé sur son programme (voire son absence de programme) ? Le programme du Front de Gauche est pourtant l’un des plus détaillés sur le marché électoral à ce jour, nonobstant les risques qu’une telle démarche peut faire prendre si les propositions sont fantaisistes. Pourtant, aucune critique ne tient la route. On entend deux genres de désaccords. Le premier est, ce n’est pas surprenant, celui d’Alain Duhamel, vous savez, ce type formidable qui a réussi à encombrer les ondes et les journaux pendant quarante ans sans jamais avoir avancé une réflexion originale. Duhamel et quelques autres balaient le programme du Front de Gauche en n’en parlant pas, ou plutôt en le déclarant d’office irréaliste ou « d’un autre âge ». Irréaliste en quoi ? Duhamel et ses disciples se gardent bien d’avancer quelque argument. Les pythies de se justifient pas. D’un autre âge ? On voit bien ce qui est visé : la présence du Parti Communiste dans le Front de Gauche. Nombreux sont les « politologues » médiatiques qui n’ont pas vu, ou ont refusé de voir, que le Parti Communiste d’aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec celui de Maurice Thorez ou même de Georges Marchais ;

Le second genre a été exemplairement illustré par les journalistes qui ont interrogé Mélenchon lors de la récente émission Des paroles et des actes. Comme le dit le philosophe contemporain Régis Laspallès, ils ont essayé (de déstabiliser Mélenchon), mais ils ont eu des problèmes. Problèmes dus pour une part à une lecture superficielle des propositions de Mélenchon, mais surtout au fait que leurs critiques partent du fait qu’ils ne sont pas sur le même paradigme : ils critiquent en ayant pour principe référent l’économie de marché, mâtinée ou non de plus ou moins de régulations. Mélenchon est sur un système où le marché n’est plus le facteur dirigeant mais l’un des outils possibles de l’activité économique. C’est d’ailleurs sur ce point que se situe la différence essentielle entre le positionnement de François Hollande et celui de Jean-Luc Mélenchon. Il ne suffit pas de dire non à la finance, il fait dire pourquoi et comment. Il faut aussi montrer ce que nos concitoyens ont à gagner, en termes de qualité de vie, de possibilités émancipatrices, en changeant de paradigme.

C’est là que se situe le principal défi à relever par ce Front de Gauche : notre pays connaît depuis quarante ans une avalanche idéologique à sens quasi unique dont les « valeurs » sont la concurrence, la compétition, la toute-puissance du marché, la consommation. Ce n’est pas une mince affaire d’y substituer la coopération, la solidarité, l’excellence, l’intérêt général. Le Front de gauche s’y emploie avec ténacité et enthousiasme, mais le chemin et long et l’élection proche. C’est peut-être pour cela que beaucoup se disent qu’il faut d’abord se débarrasser de Sarkozy, qu’Hollande est le mieux placé pour ça et qu’après on verra. Mais après on ne verra que si le Front de Gauche peut jouer un rôle important. Et le vote pour Mélenchon est un élément clé pour ça.

Il est une autre raison, subsidiaire mais pas tant que ça, qui justifie de choisir Mélenchon, elle est culturelle. De tous les impétrants susceptibles de rassembler au moins 10% de nos concitoyens au premier tour, Jean-Luc Mélenchon est, et de loin, celui qui a la plus complète culture, politique mais pas seulement, le plus à même de soulever l’enthousiasme porteur d’un projet collectif, chacun de ses meetings le montre, le plus habile à manier l’humour, ce qui compte pour un cactusien.

Enfin, beaucoup de nos concitoyens, parmi ceux qui ont le temps de réfléchir à la chose politique, estiment que l’un des vices du système français est la toute-puissance du président de la République, dont François Mitterrand fut l’un des premiers et plus pertinents critique avant de s’en servir sans beaucoup de vergogne. Les français y seraient « attachés », mot pas innocent. Mélenchon, en annonçant,, et c’est le seul, une constituante, s’attaque concrètement à ce qui est devenu, démonstration parachevée par le quinquennat de Sarkozy, un cancer pour la démocratie.

Pour toutes ces raisons, il serait déraisonnable de ne pas voter, au premier tour (et pourquoi pas au second ?) pour Jean-Luc Mélenchon


Commentaires

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jeudi 5 avril 2012 à 23h51 - par  guy guy

Mais bien sur !et en plus pour faire la nique aux chiens de garde !

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vendredi 2 mars 2012 à 15h53 - par  FAUQUET

Bravo ! Mélenchon est le vote utile pour les deux tours.

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samedi 11 février 2012 à 23h09 - par  Jean-Michel Hureau

Camarade Antonio,

"Ils" sont quand même plus bêtes qu’ils en ont l’air car s’ils apprenaient à lire, ils étudiraient le programme du FdG et pourraient lui poser des questions pertinentes plutôt que des fadaises sans queue ni tête.

Amicalement

JMH

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samedi 11 février 2012 à 01h13 - par  Jean-Michel Hureau

Camarade Antonio,

Ce n’est pas moi qui le dit, c’est l’Express alors c’est que ça doit être vrai...

http://www.lexpress.fr/actualite/po...

Très amicalement

JMH

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vendredi 10 février 2012 à 12h51 - par  Antonio

Camarade Hureau, "ils" ne sont pas si abrutis que cela. En s’attaquant à Mélanchon comme ils le font dans les interviews, ils servent leurs maîtres et patrons, tout simplement. Ce sont des "larbins", comme Pujadas et autres Appati qui font leur travail de sape à longueur d’année, dont les méthodes ont été depuis longtemps dévoilées et dénoncées par P Bourdieu, S Halimi, l’équipe d’ACRIMED et bien d’autres. Le Front de Gauche avec Mélanchon à sa tête, c’est le compromis le plus adéquate proposé aujourd’hui à tous ceux qui se réclament d’une Gauche efficace tel que l’on peut encore concevoir, non dévoyée comme le PS tente toujours de le faire.
Il y a probablement bien plus de monde derrière cette Gauche rouge comme le sang des ceux qui travaillent et de ceux qui souffrent, que l’on ne croit. On se demander jusqu’à quel point les instituts de sondages de tout poil sont honnêtes quand ils avancent leurs chiffres sur la position de Mélanchon et le FG en vue de ces proches élections.
Les gens sont restées sur leur faim à la suite de la façon comme le référendum de 2005 a été tout simplement effacé. Démocratiquement parlant cette forfaiture fut d’une gravité que l’Histoire ne manquera pas signaler. Mais nous n’allons pas ainsi nous contenter. Le temps est venu de remettre de l’ordre dans tout cela. Nous manquerons pas de le faire.

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vendredi 10 février 2012 à 01h13 - par  jean-Michel Hureau

VOTEZ !

http://www.slate.fr/story/49055/jug...

Ne serait-ce que pour faire la nique aux media bien-pensants !

Amicalement

JMH

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lundi 6 février 2012 à 23h31 - par  chaviro

Évidemment, c’est le seul qui s’engage avec sincérité avec des idées parfaitement compréhensibles tout en étant très fin matois.
J’aime sa tenue face aux pompeux qui tentent de le déstabiliser à qui mieux mieux, quel coffre ! C’est un vrai révolutionnaire, lui.

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lundi 6 février 2012 à 20h26 - par  Roger66

D’accord, tout à fait d’accord,
Militons, incitons à voter, diffusons programme et idées pour Mélenchon et surtout ce qu’il représente le Front de Gauche, le seul ...

Mais avant le premier tour qui sait si je n’hésiterais pas au vu de la perspective de choix au deuxième tour à voter "utile" et peut-être Hollande dès le premier tour.

DONC

militons aussi pour changer le processus électoral actuel qui s’il n’y a pas d’écart suffisant entre le dernier candidat retenu pour le second tour et le premier candidat éliminé peut rejeter celui qui aurait emporté l’adhésion d’une vraie majorité ;

militons aussi pour que le vote blanc soit comptabilisé (et que s’il arrive en deuxième , ou première position cela signifie le rejet de TOUS les candidats arrivés après lui

militons aussi pour que entre le grabataire maintenu en sur-vie hospitalière et le parent chargé de famille (mineurs) le poids de son vote soit différent (proportionnel à la somme des espérances de vie ?)

ALORS, le débat sur les idées et seulement sur elles pourra être le critère objectif majeur.

Logo de Maria
lundi 6 février 2012 à 19h08 - par  Maria

Tout à fait d’accord avec l’article et avec les commentaires... J’ajouterai que ce système oligarchique politico-économico-financier n’est une issue pour aucune des catégories sociales autres que les richissimes, les fameux 1%. Il a besoin, pour continuer d’exister, d’entraîner de plus en plus de monde dans la précarité, avec ou sans travail, de casser non seulement les conquêtes sociales, le système social et le service public français (pour ce qui est de la France), le système démocratique, mais aussi la culture dans toutes ses facettes. Il s’agit donc bien d’un autre paradigme valide pour les 99% autres qui ont tout intérêt à s’unir ! Et qui peut le faire mieux que le Front de Gauche et son porte drapeau JLM !! Oui, le monde des intellectuels est un soutien précieux et indispensable aux idées transformatrices du Front de gauche... Ces dernières années les connivences des oligarchies libérales ont laissé l’amère impression qu’il n’y avait plus de commun possible entre les intellectuels et les catégories populaires. Il faut briser ce mur et montrer qu’il n’en est rien !! Depuis quelques mois déjà dans les médias des personnalités du monde culturel, du spectacle, de l’économie, de la pensée (philosophes, sociologues...) ont courageusement commencé à oser contredire la pensée unique... espérons que nous les retrouverons nombreux et nombreuses avec le Front de Gauche !!

Logo de Jean-Michel Hureau
lundi 6 février 2012 à 17h13 - par  Jean-Michel Hureau

Il y a un excellent article sur LGS

http://www.legrandsoir.info/electio...

JMH

Logo de Jean-Michel Hureau
lundi 6 février 2012 à 15h50 - par  Jean-Michel Hureau

Évidemment que, si on est de gauche, ça ne peut être que Mélenchon !
La candidature Hollande n’est pas de gauche. Elle ne remet pas en cause l’essentiel des mesures prises par la droite ce qui signifie implicitement qu’elle les entérine et va sur le même chemin.
On peut remarquer que toutes les tentatives des journaleux pour déstabiliser Mélenchon lors des différentes émissions ont échoué. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il se situe dans une autre logique et que ces abrutis n’ont encore rien compris car ils sont incapables de se situer dans une autre optique que celle imposée par les marchés financiers. Voter Mélenchon, c’est voter pour le rétablissement d’une vraie démocratie et pour un État au service du Peuple. Bien sûr qu’il n’est pas un homme providentiel et que tout ne sera pas règlé d’un coup de baguette magique mais cela peut faire considérablement avancer les choses.
Mélenchon est le seul vote utile à gauche !
JMH

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