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ON A TOUS FAIT DES REVES D’AMERIQUE

lundi 23 janvier 2012
par  Roberto Robertelli
popularité : 14%

On tous rêvé de l’Amérique. On l’imaginait comme une Europe plus jeune, plus libre, plus grande, une Europe débarrassée de sa pesante stratification sociale qui empêchait les modestes de rêver et aux audacieux d’entreprendre. On a rêvé de l’Amérique, on y a rêvé comme à un dernier recours, comme à un lointain espoir : on croyait aux américains, à leur courage, à leur force et à leur humour, à ce peuple issu de notre chair, de notre culture, à ce peuple chez qui on a cru voir les meilleurs d’entre nous. Cette image positive a perduré malgré les guerres injustes, les inégalités sociales et raciales, l’impérialisme rampant. Difficile de renoncer à un rêve si vaste : comme renoncer un peu à soi-même. Surtout que le cinéma américain était là pour nous garder dans cette imaginaire, dans cette magie de l’image où tout devient possible, où le monde change, changera, peut-être, demain, jamais, peu nous importe. Mais oui, c’est bien leur magnifique machine à rêves qui a réussi l’implant ; usine a idoles et a symboles ; fabrique de substituts à des réalités misérables et à des vies sans saveur. Je dis bien usine car ils ont transmuté l’art en industrie et le génie créatif en outil au service de la propagande promouvant leur mode de vie et surtout leur mode de consommation. Sans jamais oublier de sublimer, au moment opportun, dans un élan naïf et poignant, le drapeau étoilé, défenseur des libertés et de la justice universelle, celle qui ne souffre pas de contestations, celle qui sort pure et puissante de la bible. Aux auteurs de talent, on a lentement et avec assurance ajouté les experts en marketing, les manipulateurs d’images et d’émotions. La fabrique des illusions est passée de l’écran blanc des salles enfumées de notre enfance, à notre quotidienne "bronchite". Ce n’est plus du rêve qu’on nous vend mais des illusions qu’on nous donne. Vivez apaisés dans un virtuel personnalisé et nomade. Jouez seuls ou avec le monde à la conquête du graal de la toute-puissance, rencontrez chaque jour de nouveaux amis dans le cyberespace et faites connaissance avec vos plus secrets fantasmes. Champagne. Ne craignez plus les patrons irascibles, les cadences épuisantes, les transports bondés, le coût de la vie, la misère sexuelle et la vieillesse inquiétante : la machine américaine est là pour vous sauver. Bon. C’est n’est pas vraiment gratuit mais pas tout à fait cher ; ne craignez rien, c’est comme les cigarettes, après la première il est souvent trop tard. Avez-vous remarqué comme outre-Atlantique ils sont passés maitres dans les industries addictives ? Très performants dans les alcools forts et les premix, champions des cigarettes, rois du sucre et de la graisse, empereurs de la télé, magiciens créateurs et pourvoyeurs d’images de toutes sortes, génies des tendances à venir. Tout cela à grand renfort de promotion publicitaire, sous toutes ses formes et a l’échelle planétaire. Et là, cela coute cher, très cher. Mais pas de problèmes puisqu’ils payent avec la monnaie impériale, morceau de papier équivalent à une reconnaissance de dette émise par un emprunteur incapable de rembourser. Rassurez-vous, tous en veulent, de l’assignat, car il est garanti en kilotonnes, en satellites espions, en porte-avions, en mercenaires entraînés, et surtout, garanti par la volonté d’aller casser du contestataire là où il se terre (le lâche). Et tant pis s’il n’y en a n’a plus, on les inventera, on les grossira et ils seront si dangereux qu’ils deviendront inhumains, fâcheuses créatures à l’image de leurs concepteurs. Les génies de leur propagande ne se cachent pas, puisque ils exaltent par leur verbe leurs compatriotes et émoustillent par leur audace les oligarchies mondialisées. Buffett nous assure que les riches vont gagner la guerre des classes (tiens ; je pensais déjà à la fin de l’Histoire), Bloomberg nous explique son plan pour dominer le monde (Newsweek), Gates nous apprend comment faire la charité globale pour continuer le pillage permanent et le Al Jolson de la politique (Obama), nous donne des leçons médiatisées pour nous apprendre à gérer nos déficits publics. Vraiment, ils ne manquent pas d’air nos amis américains. Mais sont-ils encore nos amis ? Nos intérêts à moyen et long terme sont-ils encore convergents ? Peut-on avec audace avancer que l’Europe de l’euro étant la seule alternative crédible au modèle américain et pouvait devenir elle aussi un géant militaire (et cela bien plus vite que d’autres entités politiques dont on nous rebat les oreilles depuis des années). L’Europe de l’euro est présentement le seul "danger global" qui peut menacer les Etats-Unis ? Entre un hypothétique danger et une longue liste d’intérêts communs, une avidité partagée, une si longue amitié, comment penser que nos "amis" américains peuvent avoir de mauvaises intentions a notre égard ? Car il y a La Fayette, enfin. La Fayette, où êtes-vous à présent ? Etes-vous enfin mort comme tous les mythes n’ayant plus de croyants ? La réalité, en ce 21eme siècle, enfanté dans des lois d’exceptions (guerre contre le terrorisme) et nourri dans une crise globale sans précédent, est bien loin de se reposer sur de romantiques amitiés indissolubles. C’est une réalité faite de méfiance, de traîtrises et de combats sordides, une réalité où il nous faudra creuser notre place. N’y-a-t-il pas une part d’humour macabre en parlant d’antagonisme entre un empire sans illusions, fait de rêves mécaniques, et une union de pays vieillis, usée par les luttes intestines, une union à la monnaie vacillante ? Non, puisque ces deux dinosaures dont l’alliance a été forcée par une guerre fratricide et forgée dans la terreur du feu nucléaire, ces deux monstres de suffisance qui vont se détester, qui se détestent déjà parfois, ont 30 années d’avance sur les géants émergents, 30 années en un siècle qui compte en nanosecondes et dont la toujours surprenante poussée scientifique nous garde pour bien longtemps encore en tête de la course aux armements de haute technologie. Le modèle social et culturel européen doit rester notre porte-drapeau. Envié par le reste du monde, il reste viable avec de naturels ajustements. Sa mort depuis longtemps annoncée n’est qu’une image à l’ambition totalitaire, projetée par un contre-modèle qui se nourrit de catastrophiques implosions. Un étrange modèle de société dont les fréquentes convulsions sont bien loin de générer cette quasi-mystique destruction créatrice tant espérée et ne font que conforter les possédants en nettoyant les poches des plus faibles et des plus crédules. Possédants qui ne souhaitent que la préservation et l’amplification du système, seule la création de nouveaux instruments de pillage étant la bienvenue. Les tenants de l’impérialisme moderne parlent de "smart power" pour conserver le monopole médiatique de défenseurs de la démocratie universelle et les tyrannies muent, devenant de délicieux pays où règne le "soft power" pour pouvoir enfin parler de liberté. Je propose que nous aussi, dans cette drolatique escalade verbale dont le but est d’arriver premiers au concours général d’hypocrisie, nous prenions résolument l’offensive en nous faisant les chantres de la mollesse. Cela fera plaisir a Hollande et intriguera nos adversaires qui croiront a une perfide manœuvre de ces incorrigibles "grenouilles" tout en amusant, je l’espère, le commun des mortels.


Commentaires

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lundi 19 juillet 2021 à 18h47 - par  Alexandra Jacob

Et en ce qui me concerne, je rêve encore de l’Amérique tel un monde meilleur, notamment que le nôtre. On dit que l’espoir fait vivre, et donc, je pense que c’est à cause de ça que je me sens de la sorte. Sinon, merci pour ces lignes.

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