DU RIFIFI ENTRE SARKOZY ET LE GODF

jeudi 23 février 2012
par  Rémi Aufrère
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La diffusion d’une lettre du Président de la République lors d’un Convent du Grand Orient De France il y a bientôt trois ans (en septembre 2009) sur les chaises des délégués des loges de la plus grand obédience maçonnique française n’avait pas fait que des heureux parmi les « frères ». Il faut dire que depuis les discours de Nicolas Sarkozy à Saint Jean de Latran (Italie) et Ryad (Arabie Saoudite), sur la place du curé au-dessus de l’instituteur (1) n’avaient pas facilité les relations entre l’obédience de la rue Cadet et le Président. Et certains frères n’ont pas la mémoire du temps politique qui consiste à zapper les formules et les discours dans un branle-bas médiatique permanent facilitant l’évitement des débats profonds de société.

D’aucuns, dont certains dirigeants nationaux du G.O.D.F. comme Guy Arcizet (et anciens dirigeants, comme J.M. Quillardet et A. Bauer) auraient été particulièrement favorables à inviter (2) l’ensemble des candidats à l’élection présidentielle (dont Nicolas Sarkozy) sous la logique presque imparable de l’égalité de traitement républicaine. A l’exception de Marine Le Pen, qui selon l’obédience ne respecte pas les principes républicains. Un des prédécesseurs du Grand Maitre actuel, Jean-Michel Quillardet, s’était engagé dans une invitation pour le premier semestre 2008, sans succès. L’impulsion d’un ou plusieurs anciens grands maitres travaillant pour le compte du président sortant n’aurait pas suffit à concrétiser les invitations de 2008 comme en 2012. La résistance s’est concrétisé par les interventions de certaines responsables et frères de loges ayant la rue Cadet comme siège de leurs réunions (notamment le samedi) et refusant de se voir déloger pour les prétextes de sécurité liés à la présence même du président Sarkozy. Il est vrai que les demandes formulées par l’Elysée, qui cadrent bien avec la formidable augmentation des coûts de la protection du chef de l’Etat, étaient exorbitantes (évacuation complète, surveillance très renforcée, suppression des réunions des loges ce jour-là…) pour les frères.

Il faut toutefois préciser que cette invitation, malgré les éléments précédents, aurait été particulièrement exceptionnelle et revêtue l’aspect d’une faveur de même ampleur dans la mesure où le dernier président de la République ayant été invité au siège du Grand Orient de France, date… des années 1920, soit près d’un siècle ! Le GODF n’a donc jamais invité les présidents de la République en fonction considérant le principe d’indépendance par rapport au chef de l’Etat comme indépassable ce qui est parfaitement justifiable selon de nombreuses loges et frères (et sœurs). Dès lors, cette venue aurait été perçue comme une faveur que n’ont jamais eue Charles de Gaulle, Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand et Jacques Chirac. De quoi placer le président sortant au-dessus des autres, hors de propos pour ne pas dire plus… Enfin, le Grand Maitre du GODF ne s’est pas rendu à l’invitation des vœux du président de la République aux obédiences maçonniques le 24 janvier 2012.

(1) « L’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé », parce qu’il « lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et un engagement porté par l’espérance » ; « La laïcité risque toujours de s’exprimer ou de se changer en fanatisme » dixit N. Sarkozy.

(2) Le Grand Maitre Guy Arcizet a tenu à préciser que c’est sur l’invitation d’une ou plusieurs loges que N.Sarkozy aurait été invité, et ensuite le Conseil de l’Ordre donne son accord (sic).


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