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LA SOBRIETE OU LA MORT !

mardi 28 février 2012
par  Jacques-Robert Simon
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A-t-on déjà oublié que des gens éminents, dont un Président de la République, nous avaient annoncé que nos modes de consommation et de vie nous conduisaient tout droit à l’abîme : pas assez de tout, pas assez de pétrole, de charbon, de minéraux...pas même assez d’énergie solaire. Pourtant les conséquences sont vitales. Dans le meilleur des cas, une poignée d’invisibles puissants s’arrangerait pour faire disparaître ceux qui les gênent. Il n’est même pas certain qu’ils y arrivent. Il est difficile de survivre encerclé de haine. Une « guerre des civilisations » semble en effet sournoisement s’installer. Mais quelle civilisation défendrait-on ?

N’étant pas homme à polémiquer, j’ai tenté de déterminer scientifiquement si j’appartenais bien à une civilisation supérieure. Les données tout d’abord. Notre civilisation est basée sur le sexe et l’argent, notre supériorité doit donc être évaluée à l’aune de ces deux critères. Je connaissais déjà l’histoire des radis roses et des radis noirs. En prenant ma douche ce matin, je n’ai pu que constater la véracité de ce que cette métaphore illustrait. Surtout que la veille au soir, j’avais vu un documentaire qui relatait la vie de tous les jours d’une tribu africaine dans laquelle les hommes vivent (complètement) nus. Je crains que sur ce plan, nous ayons quelques difficultés à affirmer notre suprématie. D’ailleurs ma copine opine. Passons... Quant à l’argent, ce n’est quand même pas avec 1700 milliards d’euros de dette que nous pouvons faire la leçon aux civilisations concurrentes !

Au-delà de ce constat qui glace d’effroi, existe-t-il une alternative ? L’historiette qui suit tente de donner une réponse. En 1998, j’ai proposé d’installer massivement des cellules solaires dans l’extrême sud de la Tunisie pour convertir l’électricité produite en hydrogène et oxygène par électrolyse de l’eau. Comparé au Sahara algérien ou à ceux de la Libye, de l’Egypte ou des pays du Sahel (Tchad, Niger, Mali), le Sahara tunisien, avec ses 60.000 km2 a une superficie relativement modeste. Cependant, les structures universitaires locales permettaient d’être optimiste quant aux chances de succès de cette aventure. Un dossier fut constitué et présenté aux principales instances de décision des deux pays. Rien ne se concrétisa. Le souhait de l’époque n’était pas de se substituer aux acteurs locaux qui devaient, s’ils en manifestaient l’intérêt, s’emparer du problème. Ce ne fut manifestement pas le cas. En 2012, mes travaux personnels s’achevant par l’écriture d’un livre, il me restait trois années à combler : je décidais de revoir ce problème qui me semblait toujours d’actualité. Après quelques semaines de travail, je lus le travail de M. David JC MacKay [1] qui examinait (avec brio, sérieux et précision) les diverses possibilités offertes par les énergies renouvelables. Ceci me permit d’être certain que cette approche pouvait être utile bien, mais était-elle suffisante ? Dans ce qui suit, l’approche marchande sera complètement occultée. Aucun coût, aucun prix, aucune éventuelle rentabilité ne seront évoqués. Seuls les aspects purement techniques seront développés.

Nous nous limiterons à l’examen des besoins énergétiques de l’Union Européenne (27 pays, 500,5 millions d’habitants en 2011) et de l’Union du Maghreb (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie, Tunisie) peuplée de 89,2 millions de personnes, soit au total environ 600 millions d’habitants. La consommation d’énergie des 27 pays européens en 2008 était de 40 820 kWh/(personne.an), soit de l’ordre de 110 kWh/(personne.jour), Il est considéré que l’on veut satisfaire des besoins de consommation énergétique pour tous (U.E. et Union du Maghreb) à cette hauteur. Les capteurs solaires seront disposés à plat au Sahara, ils collecteront environ 6 kWh/(m2.jour) d’énergie solaire. La surface de capteur solaire nécessaire est donc de 110/6 = 18,3 20 m2/personne ; soit pour les 600 millions d’habitants 12 109 m2 ou encore 12 000 km2 (un carré de 110 km de côté). La capacité du capteur à transformer les photons solaires en énergie électrique et/ou en hydrogène et en oxygène doit maintenant être prise en compte. Le carré nécessaire sera alors 10 ou 100 fois plus grand. Il est d’ores et déjà possible de constater que la surface « empruntée » au désert n’est pas si faible qu’on pourrait le penser. Pour rendre possible cette réalisation, il faut encore qu’une autre logique que la logique mercantile soit adoptée. Ce n’est pas une proposition idéologique, c’est une constatation technologique. Avant que de rassembler les éléments du puzzle industriel nécessaires à l’essor d’une production massive de cellules photovoltaïques, j’ai tenté de comprendre comment les pouvoirs publics influaient sur le cours des événements. Des souvenirs anciens m’indiquaient que la politique industrielle pouvait être « orientée » grâce à une politique de rachat subventionné de l’électricité dite verte au consommateur. Cette même politique était continuée de nos jours puisqu’un décret du 4 Mars 2011 indiquait : « Type de technologie utilisée parmi la liste suivante pour les projets dont la demande de raccordement au réseau est envoyée après le 1er juillet 2011 : silicium poly-cristallin ; silicium monocristallin ; silicium amorphe ; couche mince à base de tellure de cadmium ; couche mince à base de cuivre, d’indium, sélénium ; couche mince à base de composés organiques ; autre).

Je fis part de mes doutes à certains de mes collègues. Il n’était guère sérieux de mettre sur un même plan un matériau fermement ancré dans le monde industriel comme le silicium monocristallin et les couches minces de composés organiques dont les performances étaient testées en laboratoire. Un second aspect m’intriguait, tous les raisonnements étaient basés sur le prix de revient du kWh fourni par une cellule photovoltaïque donnée. Etait-ce la bonne variable à considérer ? Un examen attentif des propositions contenues dans le livre de M. MacKay indique clairement que tout développement « durable » (au-delà de l’emphase, presque constamment présente lorsqu’on utilise ce terme) passe impérativement par une sobriété énergétique quelles que soient les ressources utilisées, fossiles ou non. Les sociétés du futur seront sobres ou guerrières, totalitaires et impérialistes. Ceci a des conséquences considérables sur les choix technologiques qui peuvent être proposés. Il est alors nécessaire de prendre son temps pour équiper de panneaux solaires une partie du Sahara. Il est également indispensable d’utiliser ce qu’il y a de mieux à chacune des étapes et non pas ce qu’il y a de moins cher. Les installations auront une plus grande durée de vie et les frais de maintenance seront moindres. L’installation progressive permet également de dimensionner à une taille raisonnable les usines de production : elles devront, lorsque le champ photovoltaïque sera achevé, pourvoir seulement au remplacement des équipements usagés. Le désir frénétique d’exporter (donc de dominer) doit faire place à la sagesse et à une vision sur le long terme. Il semble donc acquis qu’il faille bannir le « mescht » de toute proposition, la frénésie également. Mescht : terme alsacien signifiant compost, fumier et par extension quelque chose de qualité médiocre. Nous devons constamment poser la question : « est-ce du mescht ? ».

[1] David JC MacKay, Sustainable Energy-without the hot air, UIT, Cambridge (2009), www.withouthotair.com. Version française : L’énergie durable, pas que du vent, http://www.amides.fr/sewtha.html


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