DE LA COURSE A L’ELYSEE A HOMS

Par le Professeur Zigounoff, alias Georges Michel
jeudi 1er mars 2012
par  Georges Michel
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Finalement, peu nous chaut que l’un ou l’autre gagne vraiment les élections, il nous faut des gagnants : nous avons de la belle fibre de coton extensible en trois dimensions à placer. Des vainqueurs, vous dis-je, et non pas un lauréat seulement. Certains ont été recrutés pour leur grande beauté et leur parfaite maîtrise de la langue de bois ; tous, avant même d’avoir complété le parcours, sont candidats à l’écriture dans l’Histoire de leurs œuvres anthumes. En période de crise, grand et bling-bling dans la forme et le fond, quel style ! En deux tours, sera-ce assez ? Est-ce que ça va suffire ? Pourquoi pas une nouvelle tournée de signatures même pas encore signées ? Ne risque-t-on pas de gâcher quelques juteuses alliances contre nature toutes prêtes à être réactivées, alors qu’il reste encore une chance de distinguer l’envers de l’endroit ?

Avec une démarche à peine moins invraisemblable, le carnaval 2012 aura été largement à la hauteur de celui des campagnes précédentes. Pendant une interminable tautologie de bandes annonces, personne (en tout cas aucun de ceux qui se bousculent pour causer dans la première TSF venue et refaire le monde entre 19 h et 19h30) n’a osé demander : "C’est quand le film ?" Rêveurs, va ! Au lieu de passer de "La Grande illusion" à "Les enfants du paradis", on tourne des remakes, en relief, et avec la crise y aura quand même des lunettes 3D pour tout le monde.

Meanwhile back at the ranch, plusieurs équipes intergalactiques se manifestent et se disputent les bandes passantes, des talents polyvalents, que dis-je polyvalents, anisotropes, comme on n’en verra pas à Fouquet’s avant des lunes, chacun s’efforçant, dans son moindre trait d’esprit, dans sa plus discrète analyse, de peser aux yeux du monde autant qu’un appel au calme de l’ONU à la Syrie pèserait aux yeux du Raïs et de son régime. La traite des esclaves, les guerres de religion, les croisades, la shoah, la Commune de Paris, un génocide ou trois pour bonne mesure c’était pas mal, mais vingt-cinq jours de bombardement continu ça vous pose un dictateur. Quand on teste directement at home c’est qu’on est sérieux en affaire, aucune chance que la judéo-ploutocratie intergalactique vienne y fourrer son nez crochu. Sur la qualité des munitions, on dispose ainsi de sources primaires incontestables, de témoignages, quasiment illimités ou facilement renouvelables. Les marchands de canons ne sont pas des trafiquants à la sauvette, ils misent sur la durée de la fourniture, sa continuité. Ne sont-ils pas les mieux placés pour satisfaire des besoins à la création desquels ils ont travaillé avec tant de sollicitude ? Faut les comprendre ces braves gens. Pour une fois qu’un matos pour prochaine dernière peut être testé en toute impunité en temps réel devant un parterre ébloui d’envieux, et pour le grand bonheur d’un utilisateur de tout temps privilégié, pourquoi se priverait-on des joies simples des crimes contre l’humanité ? Rien ne saurait remplacer ces témoignages directement exploitables puisque formulés spontanément dans leur propre langue par ceux des siens qui peuvent encore parler. Les soi-disant dommages collatéraux sur des civils, journalistes et fouille-merde étrangers présents au mauvais endroit, souvent sans permission, ne sont pas statistiquement significatifs. À chacun ses rebelles.

Les blessés de Homs sont certainement réconfortés d’apprendre qu’on s’occupe d’eux, même si les négociations ont échoué, une solution est en vue qui passe par le dialogue, et les chiens ne conchient plus les trottoirs. Mais depuis quelques semaines, les chiens qui n’avaient jamais été très nombreux à Homs se font carrément assez rares. Les trottoirs aussi. Les maîtres-chiens encore plus ; pratiquement introuvables ; ou alors ils sortent beaucoup moins en hiver. Mais la Syrie compte encore plusieurs riantes localités en assez bon état dont le régime du bon docteur pourrait scientifiquement tester la tenue au bombardement, réfutant ainsi les calomnieuses accusations de favoritisme en montrant au reste de la galaxie qu’il n’a pas d’hostilité particulière envers Homs, ou plutôt, l’ex ville de Homs, pour peu que l’établissement du dialogue prenne un peu de temps. En attendant, mettez vos lunettes 3D, et faites entrer les Oscars, les Césars, les Rocards, les Tingards…Assez peu en sortiront evajollyfiés ; les autres, on les emmerde. Méfiez-vous du salon de l’agriculture : tous des pollueurs. Le tout, c’est de savoir détecter le moment d’élever le débat.


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