MANE NOUS A QUITTES
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Certains d’entre vous le savent déjà, Mané nous a quittés le 19 avril après plusieurs années d’une lutte courageuse contre la maladie. C’est une perte pour le monde du fado, et tout particulièrement pour celui du fado parisien puisque c’est ici que Mané exerçait son art depuis de longues années. Artiste sensible, exigeante dans ses choix, sans concessions aux modes ou aux facilités, Mané a servi le fado de façon exemplaire.
Native de Porto, mais ayant passé une partie de son enfance au Mozambique, dont elle a toujours gardé un souvenir chaleureux, Mané Santos a commencé à chanter le fado à Porto, puis à Lisbonne. Elle continuera sa carrière tout en exerçant les professions les plus diverses : hôtesse de l’air pour la compagnie Air Portugal (alors TAP), secrétaire, traductrice pour Lionel Jospin, alors premier ministre, gardienne d’immeuble… Elle se fixera à Paris ces dernières décennies, se produisant dans plusieurs lieux de fado parisiens (presque tous), mais aussi en province et dans divers pays européens. En 2003, elle enregistre un CD, Fado subtil, qui, fait rare pour des artistes de fado installés en France, sera distribué chez les disquaires et à la FNAC. On peut trouver sur internet des extraits de cet album très réussi, et le cas échéant l’acquérir.
Ces dix dernières années, son point d’attache fadiste sera le restaurant Saint-Cyr Palace, boulevard Gouvion Saint-Cyr à paris, où elle se produisait chaque jeudi, jusqu’à la fin de l’année dernière, d’abord en duo avec Joaquim Campos, puis seule, accompagnée par Manuel Corgas, puis Philippe De Sousa à la guitare portugaise, Casimiro Silva à la viola, et Philippe Leiba à la contrebasse. Ce dernier sera son plus précieux soutien dans ses dernières années.
Depuis quelques années, Mané souffrait chroniquement d’une attaque virale, et dut faire plusieurs séjours en hôpital. A chaque fois, elle nous revenait, cansada mas não vencida, comme elle le chantait si bien dans un de ses fados de prédilection. A l’initiative de ses amis, et notamment d’Alves de Oliveira, une fête d’hommage fut organisée au début de l’année. Mané devait y participer, mais la maladie l’en empêcha. Elle trouva cependant la force d’adresser, depuis l’hôpital, un message parlé à la nombreuse assistance qui lui rendait hommage ce jour-là.
Silencio, hoje morreu um poeta, chantait Mané. Silencio, hoje morreu uma fadista. Une grande fadiste, qui demeurera dans nos coeurs et dans l’histoire du fado.
Cet article est également paru dans Lusojornal en date du 25 avril 2012 (www.lusojornal.com)
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