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LE SURENDETTEMENT EST ESSENTIELLEMENT LE PRODUIT DU LIBRE ECHANGE

mercredi 9 mai 2012
par  Gérard Bélorgey
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La "crise de la dette" est intimement reliée à la défense des intérêts du capitalisme transnational financier. S’il peut, à notre sens, en être ainsi c’est parce que d’une part la couverture de notre endettement est obligée de passer par les marchés financiers, ce qui en double le poids ; et c’est essentiellement ce que mettait en évidence notre communication d’hier : la perte du pouvoir régalien de création monétaire oblige l’État, jugé par des agences de notation (aux intérêts pour le moins obscurs), à payer des intérêts élevés aux banques qui se financent en dernier ressort à un moindre coût, ce qui est refusé au états par la loi française de 1973 et par l’article 123 du funeste traité de Lisbonne. Et d’autre part la création d’un surendettement - question préjudicielle qui se pose en amont de celle de savoir comment l’endettement est couvert - résulte largement du libre-échange (qui est précisément le dogme dominateur du capitalisme financier ayant à la fois intérêt à être payé par l’endettement des états et intérêt à ce qu’un endettement fort contraigne les peuples à l’austérité).

Le libre-échange - dès lors qu’il existe entre les anciens pays avancés et des puissances émergentes ayant accompli de tels progrès technologiques qu’elles peuvent désormais quasiment tout produire à des prix imbattables (parce que leur coûts de revient sociaux, environnementaux et de services publics sont et resteront très longtemps beaucoup, beaucoup plus bas que les nôtres) aboutit (c’est la seconde mondialisation, celle des concurrences tous azimuts) à la compétition mondiale par les prix. Cette compétition par les prix reste d’ailleurs marginale avec les pays émergents ; mais elle est intense entre les pays "développés". Vis à vis des premiers, dans bien des domaines, les Occidentaux ont baissé les bras en ne pouvant pas chercher à produire aussi peu chers qu’eux, si bien qu’ils se cantonnent dans la recherche de productions nationales dont l’atout peut être un moment de mode et/ou un label de qualité. Ainsi limitée vis à vis des émergents, la concurrence par les prix, doublée donc d’une concurrence par la qualité (plus ou moins combinée avec des prix restant relativement attractifs) est d’autant plus intense : d’un côté, avec des pays tiers, soit ayant acquis des niveaux comparables aux nôtres comme le Japon, soit assurant la promotion de produits spécifiques industriels et agro-alimentaires comme les pays de l’Est européen ou de l’Amérique latine, et bien évidemment, entre pays occidentaux eux-mêmes, d’Europe et d’Amérique du Nord.

On sait que, parmi ceux-ci, l’Allemagne a réussi à trouver un créneau de compétition qualitative "hors prix" : grâce à son passé de haute spécialisation industrielle diffuse en de nombreuses entreprises petites et moyennes, elle s’assure de l’exportation de produits de haute gamme obtenus par des montages terminaux comportant une dose d’importations de composants émanant de low cost countries et dégageant des marges très profitables du fait d’une sévère politique de protection sociale réduisant les coûts collectifs ainsi qu’à raison d’une modération salariale engagée depuis dix ans ayant ramené à un niveau ouest européen moyen des rémunérations allemandes qui y avaient été supérieures pendant la décennie précédente.

Toutes ces compétitions ont pour cibles, bien sûr, les marchés intérieurs de chacun, mais aussi et beaucoup les marchés qu’ouvrent les besoins d’équipement de pays émergents (ne maîtrisant pas encore tous les aspects d’un grand projet de haute gamme ou voulant bénéficier, malgré leurs capacités propres, d’expériences établies) ou intermédiaires, ce qui met en concurrence les entreprises occidentales qui soumissionnent (en intégrant bien entendu une part de composants à obtenir ou de tâches à accomplir in situ aux prix de revient locaux...). Ces compétitions sont ainsi trois fois mixtes : par le facteur prix, par le facteur qualité, par les doses de sous-traitances locales et tendent de plus en plus à être des compétitions du savoir-faire à prix raisonnables. Pour conduire ces compétitions, la conviction des gouvernements français - et, sinon exclusivement, du moins particulièrement de la droite au pouvoir - a été et s’articule toujours autour de trois points clefs qui sont ceux gouvernant de fait le fonctionnement de l’économie dite "de marché".

Le premier est que ce sont les personnes les mieux pourvues en ressources de capital et de revenus qui peuvent tirer l’économie vers la croissance par la compétitivité ( ce qui n’est d’ailleurs pas faux dès lors qu’il n’existe plus - ce dont sont aussi responsables des gestions socialistes très "privatisantes" - de financement public significatif de l’investissement dans le secteur marchand et qu’il n’existe pas non plus - faute de disponibilités d’épargne chez les moins bien pourvus - hors le cas particulier de l’assurance-vie, un véritable capitalisme populaire, ni un secteur coopératif important) ; l’extrême de cette conviction, illustrée depuis 2007, est qu’il faut encore plus inciter les "pourvus" à investir et/ou à se lancer dans l’entrepreneuriat, par des traitements fiscaux très privilégiés les écartant d’aller chercher ailleurs ( et les lieux ne manquent pas ) meilleure fortune fiscale. Le second est que toutes les entreprises - sans distinction entre celles qui sont exposées à la concurrence internationale et les autres ; sans distinction non plus entre l’affectation de leurs bénéfices au développement ou à des porteurs de parts - doivent être allégées de charges fiscales et sociales pour assurer "l’employabilité" des demandeurs d’emploi, en fait autant ( puisqu’il y a une large indifférenciation des aides ) pour donner des capacités de marges profitables que pour favoriser l’emploi ou la survie d’unités en difficulté. Le troisième est que - et c’est malheureusement vrai - même des entreprises bénéficiaires peuvent être reconnues comme fondées à réduire leurs effectifs, diminuer leurs rémunérations, délocaliser leurs productions parce que, dans la compétition mondiale, ce peut être les moyens d’être bien cotées, d’améliorer leur rentabilité globale, d’attirer des actionnaires, de réunir des facultés d’opérations profitables, de se prémunir contre des risques d’être dépassées par les concurrents.

Il résulte de ces constats que la compétition internationale par les prix a comme première conséquence les pertes de recettes du fait des avantages fiscaux consentis aux plus aisés dont on attend (souvent en vain) qu’ils tirent l’économie vers la croissance, et du fait des "dépenses fiscales et sociales" résultant des exonérations massives de cotisations de l’appareil de production, du fait encore des compensations que l’État doit apporter aux collectivités territoriales par suite de la suppression de la taxe professionnelle sacrifiée sur l’autel de la concurrence mondiale (alors que nombre d’entreprises, non délocalisables, notamment de construction/travaux publics, de tourisme et de distribution, qui la payaient ne sont nullement en concurrence réelle avec l’étranger et que leurs impacts sur les coûts de revient des entreprises qui sont dans cette concurrence sont relativement limités, même si l’on peut toujours soutenir, comme le fait le patronat interprofessionnel , que ce qui compte c’est le niveau général de charges, tandis que dans leurs rôles complémentaire, les branches professionnelles...soutiennent que ce sont les charges propres à un secteur qui sont les plus insoutenables).

La seconde conséquence de la compétition par les prix est que, dans la mesure considérable où ce libre échange engendre du désemploi (ce qui est, il est, vrai débattu, mais , en réalité, de moins en moins contestable) et surtout des niveaux très élevés de chômage des jeunes, des seniors et des moins qualifiés (ce qui n’est plus débattu du tout !) il exige une augmentation à due proportion des dépenses pour accompagner précarité et chômage de masse, On constate ainsi (cf. G.Lafay , "douze clefs pour sortir de la crise, 2011 , p.72/73) une corrélation entre la faiblesse de l’emploi par rapport à la population totale et un haut niveau des dépenses publiques : la France est l’un des pays où la part de l’emploi dans la population totale est l’une des plus faibles (moins de 40% alors que les autres pays sont situés entre 45 et 50%, à l’exception de l’Italie) et celui ou la part des dépenses publiques dans le PIB est le plus élevé ( de l’ordre de 56% contre 41 à 51 % pour les autres), l’explication étant manifestement dans le coût du désemploi par le traitement social du chômage).

Au delà, la troisième conséquence est que des économies anémiées par le libre-échange ne produisent pas de croissance et que les bases fiscales existantes de tous les impôts directs - bien écrêtées de plus par les avantages fiscaux - ne peuvent suivre le rythme des dépenses, la recette publique dépendant en définitive essentiellement des taxes sur la consommation des ménages , laquelle, nourrie pour une bonne part d’importations est un accélérateur des effets du libre-échange. Celui-ci fait aussi que des dépenses de type keynésien - comme celles engagées de toutes parts par tous , après le krach de 2007/2008 pour obtenir des relances , dans une économie ouverte, soutiennent plus les pays fournisseurs à bas coûts de production que les pays émetteurs des dépenses considérées.... dont un certain nombre sont des aides au secteur privé qui vont contribuer à l’endettement public, mais ceci, il est vrai, a été plus vérifié aux USA qu’en France ou les mécanismes de garanties mis en place ne semblent pas avoir coûté à l’État. .

Il y a, en synthèse, un rapport automatique entre le déficit des comptes externes et celui des comptes budgétaires puisque (idem Lafay, p. 86) « sur le plan international, l’endettement étant la résultante des déséquilibres des balances de transactions courantes, tout déséquilibre entre l’épargne et l’investissement égal à la somme des déséquilibres des agents, doit être compensé par un déséquilibre en sens inverse des flux de capitaux soit en investissements soit en prêts" Ainsi(encore Lafay), "un déficit commercial structurel entraîne la faillite des ménages, des entreprises ou de l’État sauf si le pays reçoit des transferts de revenus permanents depuis d’autres pays."

Ces transferts au bénéfice de la France déficitaire sont manifestement pour partie des souscriptions à des émissions de titres d’État (pour autant qu’une confiance persiste assortie d’une précaution de taux d’intérêt majoré ...) et des IDE qui permettent des prises de contrôle par des capitaux du monde entier ( paradis fiscaux inclus) et particulièrement de la part des créanciers asiatiques qui peuvent pénétrer notre appareil de production, grâce à leurs considérables excédents commerciaux et à leurs avoirs en devises. Ainsi non seulement le libre-échange nourrit trois fois l’endettement (par les cadeaux/incitations fiscales, par les dépenses publiques engendrées par le désemploi, par la stagnation des revenus et productions servant d’assiettes fiscales) mais donne à nos concurrents les plus puissants le plus grand intérêt capitalistique à ce qu’il prospère et, ainsi, à le couvrir par des prêts et par des investissements. C’est dire combien l’appel adressé la nuit du 26 au 27 octobre 2012 à la Chine pour aider l’Euro a bien été le sommet logique de l’absurde.

Le blog de Gérard Bélorgey : http://www.ecritures-et-societe.com


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