Soyons clairs, que diable ! Sommes-nous davantage précis que particuliers, faudra-t-il un referendum pour en décider ? Au risque de voir le referendum tourner au plébiscite, trions donc les acceptions, sans pitié. Une fois les définitions établies, il est permis d’espérer que les exemples couleront de source. N’est-ce pas normal ? Après tout, seul un tout petit effort ne nous sépare-t-il pas de ce qui est conforme à "une moyenne considérée comme une norme" ? Rien là "d’exceptionnel, d’ordinaire, d’habituel". Aucun trouble pathologique évident, hormis l’obsession morbide du pouvoir sous ses formes les plus dérisoires.

Au tout début des campagnes électorales, tout se passe comme si des promotions entières de cireurs de pompes et autres thuriféraires étaient lâchées sur les médias, avec pour seule mission la préparation de l’avenir. En l’absence de promesses formelles, on avait déjà des raisons de penser que la soupe pourrait fort bien ne plus être servie à la même adresse. S’étant trompés sur pratiquement tout et son contraire, l’avenir de ces analystes qui refont le monde pour nous ne se situerait-il pas carrément dans l’auto-reconstruction, même si le genre phénix-renaissant-de-ses-cendres se porte moins bien depuis quelques années. Mais alors, les entendrez-vous gémir, à quoi sert de causer dans le poste si on peut même plus assurer la promotion de nos derniers beaux livres d’histoires à tout expliquer avec statistiques et tout, ne sommes-nous pas entre gens du même monde ? Il faut voir avec quelle pseudo objectivité ils conduisent ces jeux bêtes et méchants que dans l’attente de la concertation annoncée, la cour des moyens pourtant si vivement attachée à toutes les comparaisons même les plus incongrues, ne reprendrait pas nécessairement sur cinq jours.

Qui le premier va pratiquer "ce qui est conforme à l’ordre des choses, à l’usage habituel ; courant.", certains même ont parlé de courtoisie républicaine ! Foutaises, le pouvoir c’est le pouvoir. Ne pas regarder tout ça de trop près de peur de déboucher rapidement sur le contenu subliminal de l’adjectif ordinaire, qui rappelle étrangement un sortant omniprésent du genus bling-bling : "qui ne dépasse pas le niveau commun ; médiocre". Mais c’est entièrement recyclable - comme les parapluies et les talonnettes - même si pour le moment on ne souhaite pas encore y avoir recours.

En ce qui concerne la dernière acception de l’adjectif ordinaire, toujours selon Larousse, une certaine perplexité consécutive à la lecture est normale : "L’ordinaire du lieu : ecclésiastique qui exerce une juridiction sur un diocèse, une abbaye etc." Certes, l’habit fait moins souvent le moine qui a désormais une nette préférence pour avancer masqué en faisant de nombreux émules (du pape) : le monde est plein de crypto-ratichons certes, mais voilà, la crédibilité n’est plus ce qu’elle était. Larousse-dico 20-12 ; Vatican-Benoît 16. Font pas le poids. Relégation en troisième division quasiment en vue.

Le choix raisonné est bien plus compliqué qu’une sélection aléatoire d’une lettre sur trois dans l’acronyme d’une radio amphotère. Et en plus on ne gagne même pas de plein d’essence. Tout le monde peut jouer à se faire peur, il suffit de chercher les définitions. Cela ne résout pas grand-chose, mais entretient l’illusion que l’on dispose encore de quelques moyens, et on rencontre plein de beau monde. Mais gardons-nous d’un parcours du cœur battant comme le souhaitait Nougaro car la retombée sur terre serait trop cruelle, après fréquentation même limitée d’un bestiaire qui ne se laisse renouveler qu’avec la plus grande réticence.

Quelques grands moments quand même, au chapitre des faux affrontements. L’ex garde des sceaux - retenez-moi ou je fais un malheur - en robe rouge face à l’ex premier ministre en costume de toréador. Le tribun de la gauche de la gauche soudain possédé de pulsions suicidaires, de la vocation du martyre, en voie de créer un abcès de fixation bien à lui dans la chair tendre du front national sanitizé. Rien de bien nouveau dans tout cela, à peine quelques gestes à maigres retombées politiques. Les loups - pas plus que les éléphants - ne se mangent entre eux, ni à droite ni à gauche, les loups sont bien plus malins. Pour les éléphants on verra bien j’espère.