Le « Changement », c’est pour Quand ?
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Le lecteur attentif aura remarqué les guillemets qui entourent, dans le titre, le mot changement. Il en saura plus en lisant plus loin la rubrique que João Silveirinho, immense chercheur de petites bêtes, consacre à Redonner un sens aux mots. Ainsi donc, un mois après les élections, quelques jours, quelques jours après le discours de politique générale du nouveau premier ministre, en tous points conforme au programme proposé aux électeurs par François Hollande, nous avons confirmation du chemin proposé. On connaît l’anecdote dont l’éminent linguiste Emile Littré fut le protagoniste. Surpris par son épouse dans une position fort équivoque d’amours ancillaires avec la bonne, lui répondit, alors qu’elle avait exprimé sa surprise : non madame, c’est moi qui suis surpris, vous, vous êtes étonnée. Nous ne sommes ni surpris, ni étonnés par les grandes lignes du programme gouvernemental.
D’aucuns nous conseilleront de ne pas faire la fine bouche : c’est toujours mieux que Sarkozy. Dont acte. Et puis, comme il se disait à la télé, faut pas rêver. Ben si, justement : les rêves ne suffisent pas au bonheur, mais l’absence de rêves lui nuit gravement. Et le programme Hollande consent au rêve une portion bien congrue. D’autres nous diront d’attendre un peu. La réforme fiscale par exemple. Là-dessus, nous serons patients. La réforme bancaire ? Ha bon, il va y en avoir vraiment une ? Les mesures pour réconcilier la France profonde et ses minorités. A ce sujet, les propos de Manuel Vals montrent clairement les limites de l’exercice. Quelques avancées, certes, dont chacune est toujours bonne à prendre, mais dans le genre minimum syndical, il est difficile de faire mieux. Plus embêtant, sur des sujets sensibles (rétention, expulsions, naturalisation…), la rhétorique sarkozyste a laissé quelques traces. Nous espérions, sans grande illusion, que les projets européens seraient rendus au peuple, auquel ils furent confisqués par Nicola Sarkozy, avec la complicité du PS, on l’oublie, après le referendum de 2005. Rien de tel à l’horizon. Nous voulons bien être patients mais, comme on dit, cela aura des limites. Soyez raisonnables, suggèreront de bons amis. Il ne s’agit pas d’être raisonnable, mais raisonnant et raisonné. Et quitte à paraître répétitifs, ne nous lassons pas de dire que sans changement, cette fois sans guillemets de paradigme, sans passer d’une société façonnée par l’économie libérale à une société solidaire, il n’y aura pas vraiment de « changement ».
Le programme du candidat Hollande, le discours du premier ministre Ayrault ont certes tracé un chemin. Rien ne permet aujourd’hui d’affirmer qu’il ne conduira pas à une impasse politique et sociale. Nous le souhaitons d’autant moins qu’un échec pourrait être lourd, très lourd, de conséquences, avec le risque désormais plausible d’une recomposition à droite autour d’un axe du genre Copé-Le Pen.
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