FADO : VITOR MARCENEIRO A VISITE LE PARIS DU FADO

mercredi 27 juin 2012
par  Jean-Luc Gonneau
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Pour celles et ceux qui ne le sauraient pas, Vitor Marceneiro est le petit-fils du « roi » du fado, l’illustre Alfredo Marceneiro, disparu en 1982, et le fils d’Alfredo Marceneiro Jr, qui fut aussi un fadiste réputé. Une sorte de dynastie. Vitor ne pouvait donc que chanter le fado, ce qu’il a fait, et continue à faire, avec un dynamisme de jeune homme, capable à la fois de faire rire ou sourire, et d’émouvoir aussi. Il est un amateur de fado, au sens noble du terme : il n’a pas embrassé la carrière professionnelle du fado, choisissant les professions de l’audiovisuel : ingénieur du son, scénariste, réalisateur, notamment de films publicitaires. Tout cela sans jamais oublier le fado, le chantant et l’écoutant, auteur de deux livres, l’un sur son grand père, l’autre sur Herminia Silva, qui fut une des grandes divas de la scène fadiste lisboète. Il tient un blog (http://lisboanoguiness.blogs.sapo.pt) qui est une mine d’informations sur le fado, avec notamment des notices biographiques sur les grands noms du fado, chanteurs, auteurs, musiciens, tirant certains d’un injuste oubli, illustré par des enregistrements sonores ou vidéo.

Vitor Marceneiro a profité de son voyage à Paris, une ville qu’il adore (« quelqu’un ne peut pas me trouver un pied à terre ici ? » lance-t-il à la cantonade), pour se produire dans trois des lieux de fado franciliens : le Lusitano de Clamart, l’inévitable Coimbra do Choupal à Pavillons-sous-Bois, et pour finir (en beauté) l’Arganier à Paris, où nous l’avons rencontré.

Première question, évidente : comment a-t-il trouvé le fado à Paris ? La réponse fuse : je me suis senti à Lisbonne. Bel hommage à toutes celles et ceux qui ont participé à une (et parfois plusieurs) des trois évènements autour de sa présence. Car dans le milieu fadiste parisien, la venue de Vitor a suscité curiosité et sympathie et nombreux furent les fadistes parisiens qui, outres celles et ceux contractés par les maisons ces jours-là (Julia Silva, Conceição Guadalupe, Lucia Araujo, et bien sûr Manuel Miranda au Coimbra do Choupal et Sousa Santos dans les deux autres lieux) ont interprété un ou deux fados en compagnie du héros du jour.

A Lisbonne, il souligne la profusion de jeunes talents, le risque aussi pour le fado de se dénaturer face aux pressions commerciales et à certaines modes. Le risque existe, certes, mais, cher Vitor, n’a-t-il pas toujours existé depuis que le fado est sorti des seules tavernes des quartiers mal famés de Lisbonne, voilà plus d’un siècle ?

Nous avons aussi profité de l’entretien (il faudrait trois ou quatre articles au moins pour en rendre compte dans sa totalité, car Vitor Marceneiro est joyeusement intarissable) pour aborder un des éléments de son blog, qui abrite parfois des débats houleux. L’un a concerné voici quelques mois Carlos do Carmo. « Les débats sont consubstantiels au fado, répond Vitor. C’est un signe de vitalité. Je reconnais ce que Carlos do Carmo a apporté au fado, cela ne veut pas dire qu’il faille prendre pour argent comptant toutes ses positions. Je sais aussi qu’il est très populaire ici, auprès de la communauté portugaise, peut-être plus, glisse-t-il malicieusement, qu’au Portugal ».

A notre regret que la reconnaissance du fado en tant que patrimoine culturel immatériel mondial de l’humanité n’ait pas eu, du moins jusqu’à présent, de retombées sur le fado pratiqué en France, Vitor explique qu’il en est de même au Portugal, que le fado n’est pas encore assez « mondialisé », contrairement, par exemple, au tango ou au flamenco. Il faut faire encore un effort. L’entretien s’achève, car Sousa Santos, maître des cérémonies de l’Arganier nous fait signe : il faut retourner au fado. La soirée s’achèvera, sur proposition de l’infatigable Vitor, par une desgarrada où tous les chanteuses et chanteurs présents (une bonne dizaine) iront de leur quatrain.


Cet article est également paru dans Lusojornal en date du 28 juin 2012


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