LE MOINS PIRE DES ESCROCS

mardi 16 octobre 2012
par  Jacques-Robert Simon
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« Une concurrence libre et non-faussée » est l’axe indiscutable de toute politique économique Européenne. Une multitude de théoriciens conforte cette proposition. Personne n’analyse la pertinence de leur argumentation si ce n’est une poignée de « déviants » apparaissant la plupart du temps comme faire valoir. Qu’en est-il exactement ??? La « concurrence » en économie désigne la présence de plusieurs acteurs qui souhaitent accéder à une ressource limitée. Une confrontation entre l’offre et la demande s’opère sur un « marché ». Les clients, qui peuvent choisir, obtiennent ainsi le meilleur prix. La concurrence oblige à un comportement rationnel.

F. Hayek (1899-1992) développe une « théorie de la conjoncture » selon laquelle les prix reviennent à leur configuration d’équilibre. Il décrit J.M. Keynes (1883-1946) comme « un homme de grande intelligence mais aux connaissances limitées en théorie économique ». Il critiqua férocement les politiques keynésiennes de relance économique fondées sur l’utilisation des budgets publics. J. Schumpeter (1883-1950) propose le terme « destruction créatrice » pour décrire les comportements économiques. L’innovation est la force motrice de la croissance. A. Smith (1723-1790) souligne que la concurrence contribue à baisser les profits. G. Stigler (1911-1991) indique que la concurrence fera que chaque ressource sera distribuée de telle sorte que le profit sera le même partout. J.S. Mill (1806-1873) avait souligné qu’il ne pouvait pas y avoir deux prix sur un même marché.

Des contestataires, T. Hobbes (1588-1679), J.G. Fichte (1762-1814), se méfiaient de l’efficacité et de la pertinence de « la guerre de tous contre tous » ou de « la guerre des acheteurs et des vendeurs ». Les tenants d’une « concurrence parfaite » (L. Walras : 1834-1910) s’opposent à ceux d’une concurrence imparfaite (A. Cournot : 1801-1877).

Dans l’analyse mathématique des situations économiques, il est possible de trouver des phrases telles que : « Mathématiquement, trouver le maximum d’une fonction correspond à annuler la dérivée de la fonction profit. A l’équilibre, le prix est donc égal au profit. » Les mathématiciens jugeront la pertinence de cette démonstration. Cependant, personne ne contestera qu’un facteur économique, quel qu’il soit, est influencé par un très grand nombre de paramètres. Un « système complexe » est défini dans le domaine des Sciences dites exactes : c’est un ensemble constitué d’un grand nombre d’entités en interaction qui empêchent l’observateur de prévoir son comportement ou son évolution par le calcul. Le résultat n’est pas prédictible avec certitude. La raison essentielle des prévisions presque toujours fantaisistes des économistes devient claire : il n’est pas possible de les faire. Mais alors, pourquoi une telle assurance qui ne peut pas reposer sur une théorie réellement scientifique ?

Le tropisme à l’égard des Etats-Unis. Les Etats-Unis ont été les pionniers pour restreindre les comportements limitant la concurrence par le Sherman Act qui date de 1890. Le traité de Rome en 1957 essaiera d’acclimater ce type de comportement en Europe.

La philosophie des puissants. Les « dominants » souhaitent par dessus tout garder leur statut et pouvoir le transmettre à leur progéniture et à leurs amis. Ils possèdent la plupart des leviers de commande si aucune règle ne les contraint puisque ils sont riches et que la richesse est la valeur première de leur société.

Les monopoles privés. S’il va de soi que les monopoles publics représentent la pire des abjections, les monopoles privés sont eux parés de toutes les qualités. Ceci ne correspond plus à une mise en concurrence ? La cohérence de pensée s’efface devant leurs intérêts !

Le fo rmatage par les médias. Un tsunami de publicités, de réclames, de sollicitations mercantiles submerge tout citoyen d’une « Démocratie ». Ne pas faire comme les autres, c’est à dire en suivant la « tendance », devient héroïque sinon impossible. Pouvez-vous vivre sans portable bien que ceux-ci ne servent qu’à attiser votre désir de consommation : vous en changez tous les 18 mois, que vous le vouliez ou non.

L’acculturation par la frénésie. Le nombre d’équipements qui vous font gagner du temps est tel que vous n’avez plus le temps de rien faire, en tous cas pas de réfléchir par vous-même.

La crise actuelle est un moyen de se débarrasser de ce qui reste de l’esprit civique en Europe. Ceux qui se débattent pour pouvoir travailler en unissant les forces des ouvriers, des employés, des ingénieurs, sont bien placés pour savoir que c’est eux que l’on veut éliminer. A-t-on besoin de mettre en concurrence un artisan compétent et honnête avec un autre ? J’espère pour vous que vous avez encore pu rencontrer l’un d’entre eux. Ils ont été remplacés par des individus qui ne possèdent ni l’une ni l’autre de ces qualités. Vous pouvez essayer de mettre en concurrence deux (ou plusieurs) escrocs, il n’est même pas certain que vous sélectionniez le "moins pire".


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