CANNABIS : PEILLON N’A PAS TORT SUR LE FOND, NI RAISON TECHNIQUEMENT ET TACTIQUEMENT

mardi 16 octobre 2012
par  Mick et Paule
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Quelle mouche a donc piqué Vincent Peillon, notre sémillant ministre de l’Education nationale, dans un gouvernement qui ne manque pas, à défaut d’un peu sémillant Premier ministre, de sémillants ministre, au hasard quoique pas tout à fait, Messieurs Montebourg, Valls, Madame Duflot, sémillante muselée, Monsieur Moscovici, qui voudrait bien mais n’y arrive pas ? Juste en passant, question sémillance, la droite ne fait pas le poids, hors peut-être Mesdames Koscuiusko-Morizet dans ses bons jours, Rachida Dati dans ses mauvais (en a-t-elle de bons ?) et depuis que Madame Bachelot s’est recyclée en papoteuse de talk-shows. Jean-François Copé n’est qu’un sémillant de caniveau, et François Fillon un oxymore.

Quelle mouche, donc a piqué notre sémillant Vincent Peillon de s’exprimer à propos du cannabis ? Certes, ce produit est loin d’être absent de l’univers de nos lycéens et collégiens, mais, tactiquement, revenait-il au ministre de l’Education de s’en saisir ? Tel n’est pas notre avis. Double réaction assurée : la droite hurle au loup, on pouvait s’y attendre, et le Premier Ministre, apparemment sur injonction présidentielle, recadre, ce qui veut dire engueule, son ministre. Bref, un inutile tintouin.

Peillon évoqua même, avant de se reprendre, une intervention l’état à la suite de la dépénalisation du cannabis à laquelle il se disait favorable. Regardons tout cela de plus près.

Le cannabis a fait l’objet de multiples études concernant les conséquences de sa consommation. Certains de ses effets semblent faire l’objet d’un consensus parmi les scientifiques : risques de pertes de mémoire à la suite de consommation intense ; troubles de l’appréhension des distances et ralentissement des réflexes, comparables dans une certaine mesure aux effets de l’alcool. D’autres effets, positifs ceux-là, sont mis en évidence : anti douleur léger, pris en compte dans certains traitements hospitaliers hors de nos frontières, effets calmants (mais qui peuvent être annihilés par une polyconsommation de produits psychotropes), accroissement de l’acuité auditive. Il semble également admis que si une addiction au produit est possible, celle-ci est nettement moindre, et moins fréquente, que pour des produits en vente légale, tels le tabac et l’alcool, sans même parler de pharmacopées (anxiolytiques ou antidépresseurs) dont la France est championne du monde au niveau de la consommation.

Un produit, donc, qui n’est pas sans dangers, mais, par rapport à d’autres, alcool et tabac, à danger limité. Sur le fond, l’ostracisme pénal qui frappe le cannabis peut tout à fait être contesté, sauf à vouloir interdire tout produit à effet psychotrope, et on ne vous dit pas, dans ce cas, la vigueur des jacqueries viticoles que cela déclencherait, en plus du trou dans un commerce extérieur déjà en capilotade. Sur le fond, donc, le camarade Peillon n’a pas tort.

Techniquement, c’est une autre affaire. Dans l’état actuel de la loi, la consommation de cannabis est punie (peine maximum) d’un an de prison assorti d’une amende de 3750 euros. Ces sanctions maximales sont extrêmement rarement appliquées, et on ne peut que s’en féliciter : mettre en cabane les quelques millions de fumeurs de pétards poserait un très sérieux problème d’engorgement des taules. Que penser d’une loi très rarement appliquée, alors que le délit est fréquent ? Qu’il faut la supprimer ou l’aménager. Un premier aménagement possible est de déclasser la consommation : aujourd’hui délit (passible de prison), elle deviendrait contravention (passible d’une amende), le délit pouvant être maintenu pour les cas de trafic.

La dépénalisation évoquée par Peillon (mais par d’autres aussi, dont le député Daniel Vaillant, qui fut ministre de l’Intérieur et eut donc à se coltiner le problème, entrainerai de facto la vente libre du produit, qui serait alors écoulé par des circuits commerciaux. Il est bien connu que les compagnies tabatières ont depuis belle lurette dans leurs cartons des campagnes toutes prêtes pour commercialiser le chichon, avec emballages mignons comme tout. De fait, le trafic tel que nous le connaissons disparaîtrait. Mais pas les trafiquants. Soyons finement cyniques : nous préférons que nos lascars de cités trafiquent du cannabis que d’autres produits (ce qui se fait aussi, mais dans une moindre mesure) aux conséquences nettement plus lourdes. Nous préférerions évidemment que le trafic soit éradiqué ; il faudrait alors fournir des perspectives, et pas seulement, d’emploi aux deux cent ou trois cent mille personnes, majoritairement des jeunes, qui vivent en tout ou partie, du commerce de produits illicites. Bien entendu, cela doit être un objectif d’un gouvernement de gauche. Compte tenu de la situation du pays, ce n’est pas demain la veille qu’on y parviendra. Aujourd’hui, Peillon a donc techniquement tort.

Dépénaliser le cannabis quand la situation de l’emploi, notamment des jeunes en jachère scolaire, le permettra, pourquoi pas. En attendant, aménager la loi comme nous l’indiquions est une issue raisonnable, davantage en tout cas que l’aveuglement du premier Ministre et les cris d’orfraie de l’opposition.


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