Brèves de Trottoir
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Brèves de Trottoir
Au marché, une dame âgée mais alerte. "On nous gave à la télé avec la mort du pape. Ils nous ont repassé ses anciens discours. Il y en a un où il dit que les gens doivent être éduqués. Il est con. Si les gens sont éduqués, y’a pu d’pape !"
(Recueilli par Sylvain Ethiré)
Un homme prend le tract, le regarde et s’exclame : "bien sur, ce traité est mauvais, mais voter non, n’est ce pas faire le jeu du oui ?"
(Recueilli par Javi)
Quelques titres imaginés pour des conférences ou des slogans :
Vol au-dessus d’un Oui de coucou, Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le non sans jamais oser le demander, Le non, un ami qui vous veut du bien, Oui et brouillard, La résistible ascension d’Alfredo Oui, Mes Non sont plus beaux que vos Oui, Liberté, j’écris ton Non, Voyage au bout du Oui, Le Non à la rose, Le jour le plus Non, Le Non retrouvé, Que mon Non demeure, L’Oeuvre au Non, Enquête sur un Oui au-dessus de tout soupçon, Le Non démonte les crises tôt, Un barrage contre le passif Oui, Le Non m’ira beau, etc.
(Transmis par Philippe Arnaud, Attac Touraine )
Au marché, des percussionnistes blacks jouent. Un adhérent du front national s’adresse à un militant de gauche : "C’est pas de la musique, ça... C’est du deux temps. Nous, on a fait de la vraie musique, avec trois temps ou quatre temps. Nous, en France, on a Mozart, Beethoven... Alors ces gens là, qui viennent chez nous...Elle est belle, la France..." Le militant de gauche, à tout hasard : "Ce sont des antillais, monsieur" L’autre, embêté : "Bin vous voyez, j’suis pas raciste, je les avais même pas reconnus"
(Recueilli par João Silveirinho)
Coupe d’Europe : Les Pays-bas battent la France en Coupe d’Europe de casket 62-55.
(Jean-Michel Hureau)
Un bêtisier de courriers reçus par des mairies :
Les ralentisseurs que vous avez mis devant l’école sont trop hauts et ma femme se fait sauter quatre fois par jour.
Depuis que vous avez acheté un ordinateur à la mairie y’a plus moyen de trafiquer les papiers comme vous faisiez avant.
Je ne veux pas vous embêter avec mes histoires de poubelle mais avouez quand même que c’est pas normal que la mairie ne ramasse pas des ordures comme mon voisin.
Ça sert à rien de faire des activités pour les vieux puisqu’ils sont inactifs.
Mes impôts pour la commune j’aimerai bien les voir dans les trous de la route et pas dans votre poche.
Le cimetière est dans un état pas possible et tous ceux qui y habitent pensent comme moi.
Est ce qu’on ne pourrait pas déplacer le bal du 14 juillet au 15 août ?
Si les morts votaient c’est sûr que vous seriez battu à force de vous en foutre du cimetière.
Je suis sûr que le maire se touche les dessous de table.
J’ai dit à votre secrétaire de mairie : de deux choses l’une ! ou c’est comme ça ... ou c’est pas autrement
De quoi vous discutez aux réunions du conseil municipal ? De mes intérêts ou de conneries comme de refaire la route qui est encore très bien ?
A la mairie vous êtes des moins que rien, pour ne pas dire plus.
J’ai bien reçu votre bulletin de la mairie et je vous pose la question : c’est avec notre argent que vous écrivez des âneries comme ça ?
Oui monsieur le maire vous êtes responsable des cacas de chien dans les rues même si ce n’est pas vous qui les faites personnellement.
Le maire est une vraie mafia à lui tout seul.
J’ai toujours voté comme il fallait c’est-à-dire pour celui qui a été élu.
Le toit de l’église fuit depuis deux ans et la vierge est toujours mouillée. Faites quelque chose pour elle s’il vous plaît monsieur le maire.
Nous sommes la commune française où il y a le plus de chômage au monde.
Mes taxes elles servent des feux d’artifice au 14 juillet.
Votre cantonnier, à part discuter le coup avec des verres de vin rouge, il n’a rien d’autre à foutre.
C’était une cabine téléphonique où il fallait mettre des cartes et toutes les pièces que j’ai voulu mettre ne rentraient pas.
Vos promesses de marchand de soupe qui mange à tous les râteliers, j’en ai entendu depuis des centaines d’années.
Depuis que vous avez été élu, la cabine téléphonique tombe toujours en panne.
On ne vous demande pas de faire grand chose sauf d’en faire beaucoup.
A la mairie vous me prenez pour un imbécile parce que je suis pauvre mais les gens riches ne sont pas plus intelligents que moi. Regardez les politiciens.
S’il faut gueuler pour que l’on m’entende alors attention parce que je vais parler plus fort.
Etre élu c’est facile pour vous parce que vous êtes pas mal foutu et que vous embrasser toutes les femmes sur le marché.
Parce que vous avez fait la route pas assez large, mon voisin est obligé de faire pleins de manoeuvres difficiles avec sa voiture dans son garage qui est juste contre le notre alors ce qui devait arriver est arrivé. Un matin ou il était sûrement bourré, il a fini par réussir à rentrer dans ma femme. Faut l’faire.
Si c’est le maire qui est chargé d’enlever les ordures, comment dois-je faire avec ma femme
Vous êtes le maire, c’est-à-dire le président de la république de la commune ; moi, à votre place, je m’occuperai un peu plus gentiment de toutes les femmes de la commune qui n’ont pas d’hommes à se mettre sous la main.
La responsabilité de tous les accidents que j’ai eus n’est pas pour moi mais pour les routes où je circule et qui ne sont pas en état de conduire.
(Recueilli par Yvan Dupont)
LE POUVOIR DES MOTS
Lisez le texte qui suit et, une fois terminé, suivez les conseils au bas du texte, vous risquez d’être très surpris !
Dans notre parti politique, nous accomplissons ce que nous promettons. Seuls les imbéciles peuvent croire que
nous ne lutterons pas contre la corruption. Parce que, il y a quelque chose de certain pour nous :
L’honnêteté et la transparence sont fondamentales pour atteindre nos idéaux.
Nous démontrons que c’est une grande stupidité de croire que
les mafias continueront à faire partie du gouvernement comme par le passé
Nous assurons, sans l’ombre d’un doute, que
la justice sociale sera le but principal de notre mandat.
Malgré cela, il y a encore des gens stupides qui s’imaginent que
l’on puisse continuer à gouverner avec les ruses de la vieille politique.
Quand nous assumerons le pouvoir, nous ferons tout pour que
soit mis fin aux situations privilégiées et au trafic d’influences
nous ne permettrons d’aucune façon que
nos enfants meurent de faim
nous accomplirons nos desseins même si
les réserves économiques se vident complètement
nous exercerons le pouvoir jusqu’à ce que
vous aurez compris qu’à partir de maintenant
nous sommes le parti libéral fédéral, la "nouvelle politique".
Et maintenant, relisez le texte en commençant par la dernière ligne et en remontant ligne par ligne jusqu’au début.... C’est... renversant !!!
(Recueilli par Jean-Pierre Bourgeron)
Peut-on tenter une brève de philo-trottoir, en se disant qu’il serait temps de cultiver la base ? :
dans une vision transverse, transcendantalement sémantique quant au relatif qui unit les choses pour mieux les diviser,
sans occulter la part cubique de l’éthique bleue chère à Picasso comme moyen,-non avoué,certes, mais flagrant-, de l’anti-théologisation de l’être issu du néant absolu,
sans non plus, oublier la conversion ovoïde qui confère sa substance clinaménique à la métaphysique conventionnelle telle que décrite par Lao Tseü dans son traité inédit sur les us et coutumes du petit peuple chinois du Val de Marne au 112ème siècle avant Luc Ferry,
à quoi il faut quand même rajouter (sous peine d’être taxé d’hérésie concepto-existentielle), l’idiosyncrasie de la syntaxe aléatoire de la 52ème position du Kamasutra,
sans se passer non plus (mais comment le pourrait-on dans un tel contexte ?), de la phèdre-attitude de "l’ousia" comme réponse élémentaire à la question de Platon "Ontos ousa ?" : "Ontos ? C’est par là !",
tout en considérant le solipsisme grégationniste dans l’interrogation pantelante du bon berger, confronté à la réalité du besoin primitif, quand lui fut révélée de facto l’utilité de la brebis gonflable au sein de son pieux troupeau,
et pour finir, sans faire fi des obstacles épistémologiques à l’ontologie suprême aristotienne qui consiste à voir, enfin, dans le passé de l’homme la même chose que dans l’avenir de la femme : un sacré bout de temps à rattrapper,
si t’es pas convaincu de voter "oui", c’est que t’as vraiment rien compris... pauv’con.
(Xavier)
Inventé mais pas si faux... Détente avec la France d’en bas.
Ce non est populaire, profondément populaire. C’est ce qui explique les divergences que les sondeurs commencent à voir. Il monte de la France d’en bas (vous excuserez le pléonasme volontaire). Mais la France d’en bas c’est un peu comme le salaire de la peur, elle n’existe pas. La preuve ? Je le sais, j’en viens... Personne n’est capable aujourd’hui de lui expliquer ce qu’elle a à gagner avec ce texte. Par contre, des raisons au non elle en connaît. Et même beaucoup. Voilà... La messe (on est dans l’anecdote, là) est dite et maintenant entrons dans le bistro pour l’apéro, voulez-vous ?
Ca c’est pour le premier verre... Patron ? Vous resservez s’il vous plait ? Qu’est-ce que vous buvez ? Un autre jaune pour moi siouplé... Voter non pour voter contre Chirac ? Faut être dans la politique pour avoir des idées pareilles...
Essayons maintenant d’écouter de plus près. Que se dit la France d’en bas ? Profitons donc chers amis, la France d’en bas elle n’existe pas mais on y est. Et elle se demande ce qu’elle va retirer de la ratification de ce traité...
...quoi déjà ? Machin-chose ? Constitutionnel, ‘tain à chaque fois j’arrive pas à le dire. Ben moi tu sais, voir des Polonais ou des Portugais venir travailler en masse en France ben... C’est vrai que ça fait peur, non ? Déjà qu’y a pas assez de travail ici...
C’est vrai ce que tu dis quelque part, mais ils peuvent déjà venir, Robert. Et ça fait longtemps.
Ben oué t’as raison. Remarque, je suis peut-être con mais c’est peut-être pour ça que chez eux le chômage baisse, non ?
Ah non Robert. Ca c’est grâce à l’€urope !
Et pourquoi ça le fait pas chez nous alors ?
Parce que tu sais bien qu’ils étaient moins développés que nous et qu’il faut bien les aider.
Ecoute, tu es gentil avec ta solidarité mais bon, moi depuis l’ €uro que je trouvais bien avant j’ai compris. On a fait la même monnaie ben j’ai vu le résultat. On gagne moins, tout est plus cher, et à la maison on en a un au chômage...
Ca c’est de la politique intérieure, ça n’a rien à voir avec ce traité.
Ah oué ? Ah ben ça alors...Parce qu’à chaque fois on nous dit que c’est la faute à l’€urope. Alors faudrait un peu savoir, non ? Et puis c’est pas un peu tous les mêmes en ce moment ?
Pourquoi tu dis ça ?
Ben parce qu’y disent tous pareil, pardi... Et moi quand trop de politiques disent pareil je comprends plus qui est qui, moi et je me méfie...Parce que pour te dire franchement, contrairement à toi peut-être, des ministres ou des journalistes j’en vois pas tous les jours sauf à la télé.
Ben faut dire qu’ils sont occupés.
Ouais ça c’est clair. Nous on ne l’est pas, nous... On est préoccupé, nous.
Remarquez bien la répétition du nous. Egoïsme ou sentiment d’être méprisé ou d’ignoré ?
Qu’est-ce qui te préoccupe tant avec ce texte ?
Ben c’est déjà un sacré texte ! Tu crois que j’ai le temps de lire ça même si je le comprends ?
Non, c’est vrai.
Remarque, lire un bouquin de 500 pages où on y parle que d’argent...
Ah non. On y définit aussi tes droits et tes libertés !
Pourquoi ? Aujourd’hui y’en a pas ?
Si mais ce ne sont pas les mêmes pour tous. Avec cette Constitution ce sera le cas.
Bon, d’accord. Mais à moi ça me donne quoi comme droit en plus ?
Le droit à la vie par exemple.
Le droit à la vie ? Fais-moi rire...Parce qu’en ce moment j’ai l’impression que j’ai que le droit de mourir peut-être ? Demain y vont me faire signer que j’ai aussi le droit de respirer ?
Oué c’est sûr qu’avec des arguments comme ça on n’avance pas...
Mais enfin avancer pour aller où ? Réponds à une question simple, parce que je suis peut-être un peu con...Quel droit je vais avoir en plus, moi ?
Vu comme ça aucun.
Ben alors ? Moi quand j’ai voulu lire ce truc j’ai trouvé que des trucs du droit des affaires. Qu’est-ce que j’en ai à foutre du droit des affaires, moi ? Toi peut-être, tu as des actions, une entreprise et plusieurs maisons mais moi ?
Ca ne parle pas que de ça.
Ben c’est trop long alors.
Oui, ça c’est vrai.
Tu l’as lue, toi ?
Euh...
Tu es fort pour donner des leçons en tout cas !
Non, je ne donne pas de leçons. J’explique pourquoi il faut voter oui.
Je suis trop con pour comprendre, c’est ça ?
Pas du tout mais c’est vrai que ce texte est difficile et très technique.
Et pourquoi on me demande de le signer, alors ? C’est comme un contrat avec un vendeur ?
N’exagère pas.
Ah bon ? Ben tu ne t’es peut-être jamais fait entuber par un contrat, toi... Après tu y réfléchis à deux fois.
Mais là pourquoi as-tu le sentiment de te faire entuber ?
‘Tain, vous êtes tous pareils, vous...Vous nous croyez paranos. Ben parce que ça fait quinze ans que je me fais entuber pardi. Et puis va demander à mon fils ingénieur qui fait la caisse à Carrouf. Par contre c’est sûr que pour toi tout va mieux...
Bon d’accord avec toi sur ce point de vue. Mais n’oublie pas que c’est un texte qui permettra des avancées considérables pour les autres pays.
Encore la solidarité ? Tu as donné pour le tsunami, toi ? Combien ? Arrête un peu, veux-tu ? Y vont pas choisir les autres ? On va les y obliger ?
Mais ça fait mal vu pour un pays membre fondateur...
Et alors ? Ca a fait mal à George Bush d’être mal vu ?
Encore les Américains...
Ben ils m’énervent, j’y peux rien. Remarque, encore heureux qu’on ait pas eu un Président anglais ou italien sur ce coup-là, de la guerre d’Irak quoi...
Eclat de rire...
Mais sans rire, il faut vraiment aller voter oui.
Ecoute, à ma connaissance on va demander à tout le monde, non ? Aux autres pays aussi, non ? Et tu crois qu’y vont voter pour savoir si moi je vais aller mieux, eux ? Alors moi j’irai voter comme j’ai envie ! On est encore en démocratie ici.
Ca c’est vrai, excuse-moi...
Sauf que tu me traites presque de con parce que je vais pas voter comme toi. Si je change d’avis et que je vote oui je deviens moins con c’est ça ? Les moins cons du oui sont meilleurs que ceux du non ?
Je n’ai pas dit ça.
Presque... Et ben je vais te dire, moi. Si vous êtes pas foutus de me donner quelques raisons simples et claires pour que je vote oui, je changerai pas d’avis. Et si vous y arrivez pas, je vois pas pourquoi vous êtes moins cons que moi.
Tu as peut-être raison... Allez patron, pour le deuxième verre ce sera une tournée générale !
Ah ben pour une fois qu’y a un riche gentil ! Remarque, même eux on en voit de moins en moins !
Deuxième éclat de rire.
Au moins vous nous faites bien rire, va ! Comme les politiques ou autres journalistes, là... Parce que si vous saviez ce qu’on en pense, nous... Mais c’est vrai que la France d’en bas, ça existe pas, si ?
Et oui, chers amis. Et la France d’en bas est plus nombreuse que vous ne l’imaginez. Evidemment je conclurai en vous rappelant une recommandation de base. Arrêtez-vous au deuxième verre, d’accord ?
(Djiddy Pibbee http://lafrancedenbas.over-blog.com)
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