FAIRE LA GREVE AU PORTUGAL SERAIT-IL UN LUXE ?

mercredi 26 décembre 2012
par  Antonio Pereira Nunes
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En principe, on fait la grève pour gagner quelque chose. On songe alors aux espoirs de tout un peuple défilant le 14 novembre dernier dans 38 villes du Portugal. Sur des pancartes on pouvait lire Governo troika (1) fora (gouvernement troika dehors). Revenons à la grève. Que va-t-on gagner ce coup-là ? Foutre le gouvernement dehors ? Pour y mettre qui ? Si on a quelqu’un qui nous semble valable pour le remplacer, alors allons-y et vite ! Mais si ce n’est pas le cas on pourra se demander, à quoi bon ? Cette grève générale, probablement la plus grande dans l’histoire post 25 avril 1974, on peut regretter qu’elle ne soit pas arrivée plus tôt. Là, elle a pu ressembler à un mouvement de désespoir plutôt qu’à quelque chose de nature à changer le cours des évènements. En apprenant le méprisant refus de l’Etat portugais à communiquer les chiffres de l’adhésion à la grève, le goût amer d’un gâchis nous brule la bouche et nous serre la gorge. On peut donc craindre que ce mouvement n’ait été plus qu’un événement parmi d’autres dans l’escalade du mécontentement et face à ce qui ressemble à la liquidation de l’Etat portugais. Ce qui s’y passe aujourd’hui dépasse tout ce que l’on y pouvait imaginer et c’est la porte ouverte à tout et n’importe quoi.

Dans ce fatras, les syndicats portugais tout en restant présents, s’efforçant surtout de ne pas se montrer dépassés par les évènements semblent loin de pouvoir fédérer l’effort citoyen vers une action réellement productive. Le peuple se sentant perdu se retournerait-il vers eux ne reconnaissant plus personne capable de représenter le mécontentement général ? Vu le discrédit et la médiocrité de la majorité de la classe politique, l’état lamentable des partis de droite ainsi que de l’incontournable Partido Socialista, le manque de représentativité du Bloco de Esquerda, désormais à présidence bicéphale, et du Partido Comunista Português ainsi que l’absence de représentation d’une expression nationale spontanée crée par les évènements (mouvement de Indignés, etc), il est temps que les syndicats jouent leur plein rôle et s’affirment davantage. Dans l’état chaotique da société portugaise d’aujourd’hui les syndicats en perte de vitesse doivent dépasser leur simple vocation revendicative –dans un pays désargenté il y a rien à négocier –, et pourraient accueillir le mouvement citoyen qui cherche désespérément la cohérence nécessaire pour mener à bien leur combat. Dans l’échiquier politique portugais dans les instances internationales, les européennes en particulier, ils devraient accroître leur présence. Dans un pays aux gouvernants vraiment désireux de paix sociale et de l’aboutissement de la crise, aucune négociation avec la Troika, par exemple, ne devrait avoir lieu sans la présence des syndicats. Madame Merkel, dont le gouvernement fait d’ailleurs bien attention aux syndicats allemands, est venue au Portugal le lundi 12 novembre en visite officielle. A-t-elle rencontrée les grandes centrales syndicales portugaises ? Un gouvernement portugais digne de ce nom aurait dû tout faire pour que cela ait lieu, au moins symboliquement. Un front syndical uni, fort de ses structures, maillon essentiel non seulement pour les travailleurs mais d’une façon générale pour l’ensemble de la population devra être l’instance incontournable de tout vrai projet national. Les syndicats avec la population face au gouvernement, en sont-ils capables ? Vu l’urgence, plus tôt ça se fera mieux ça voudra.

(1) Troika : Le FMI, la BCE et la CE.


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