2013, ça CRAINT !
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Ne comptez pas sur nous pour commenter l’« affaire » Depardieu, qui ne mérite pas tout le tintouin que nous avons subi. Ni pour entrer dans le « débat » sur la fausse fin du monde : vous trouverez en bonus de ce numéro un machin rigolo glané par João Rufino sur internet qui règle la question, si question il y avait. Nous lamenter sur la politique de notre gouvernement « de gauche » ? Yann Fiévet en fait un bilan rigoureux. Le « mariage pour tous » ? Déjà fait, voir le numéro du mois dernier.
Ce qui nous soucie, c’est l’année qui va commencer. Le président de la République a d’ores et déjà annoncé la couleur : ce sera dur. Et pour cause : quand on prévoit de faire peu pour changer, sauf les sacrifices, il est difficile de s’attendre au bonheur à chaque coin de rue. Les fins de mois vont être difficiles (et même les débuts, pour beaucoup), le logement va demeurer un problème (en trouver un, en payer un, rien ou presque n’étant fait pour contrer la rente immobilière), l’emploi demeurera en berne, « flexibilité » ou « flexsécurité » tant que la politique économique sera soumise aux oukases européens, qui ont en partie bon dos, dans la mesure où nos gouvernements successifs, y compris l’actuel, en ont accepté les principes et leurs applications. Dans un article paru dans un des premiers numéros de notre gazette, voici dix ans, Jean Delons, économiste patenté, signait un article intitulé « Le marché de marche pas » (voir sur notre site, rubrique économie). Pas une ligne à en retirer aujourd’hui : ça ne marche toujours pas, et pourtant, eut-dit Galilée en s’en affligeant peut-être, il tourne. Lionel Jospin, en son temps, avait dit une ineptie : « Oui à l’économie de marché, non à la société de marché », comme si c’était dissociable. L’actuel gouvernement, sans le dire, a repris l’antienne. Les projets de loi « sociétaux » à venir (mariage pour tous, droit de vote pour les immigrés non européens, fin du « tout carcéral, limitation des cumuls) sont certes, dans leur principe, bienvenus. Reste que certains sont assez mal en point avant même de passer devant le parlement. Reste surtout qu’ils ne résolvent pas les principaux problèmes que connaissent une partie de plus en plus nombreuse de nos compatriotes : emploi, revenu décent, logement accessible, santé (les « avancées » dans ce dernier domaine sont plutôt du genre palliatif, la médecine libérale s’en tire mieux que l’hôpital). Le carcan de la « règle d’or » réduit à peau de chagrin les meilleures intentions du monde. Fin du tout carcéral dit Christiane Taubira, l’une des voix sans doute les plus à gauche du gouvernement, mais pas un rond pour améliorer les honteuses conditions de détention des Baumettes à Marseille, et d’autres sites probablement. Quoique : aux dernières nouvelles, des travaux d’« urgence » devraient commencer
Tout cela n’est guère enthousiasmant, mais ne nous empêchera pas de continuer à tenter cette année, comme les précédentes, de concilier les deux Marx, Karl et Groucho. João Silveirinho, qui a des lettres et aime les étaler, me souffle à ce propos que l’humour est la politesse du désespoir. Nous n’en sommes pas au désespoir, mais garderons l’humour, au moins à titre préventif.
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