CACHE-SEXES ?
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Le gouvernement a repris des couleurs. C’est en tout cas ce que colportent les « milieux autorisés » (par eux-mêmes) dont se gobergeait le regretté Coluche. Par inadvertance sans doute, nous n’avons pas eu connaissance de ce qu’en dit le pape des commentateurs, Alain Duhamel, qui tient le même rôle dans le milieu des « analystes » politiques que Claude Bébéar chez les huiles du CAC 40. Ces dames et messieurs y mettent certes des bémols : la crise menace toujours, le chômage demeure prégnant (ah, le chômage, un vrai malheur, malheureusement inéluctable, c’est bien dommage), la croissance en berne, l’équilibre budgétaire illusoire. Mais ça va mieux. D’ailleurs, les sondages le prouvent, qui laissent apparaître une légère embellie, ce qui est mieux que rien, même si pas grand-chose.
Trois raisons à cela : la Mali, le « mariage pour tous », et le compromis social. Il tombe bien, le Mali, pour François Hollande, qui y trouve une providence pour passer de capitaine de pédalo à chef de guerre, quoique pas finie, la guerre. Fallait-il y aller ? Probablement. Politiquement, le Mali est un petit Jésus dans une culotte de velours : union nationale quasi assurée, opération loin de nos frontières, donc pas trop dangereuse pour la population. Et surtout, pendant qu’on parle du Mali, on ne parle pas d’autre chose, des licenciements (douloureux, certes), par exemple.
A la surprise générale de Jean-François Copé et de Frigide Barjot, la loi sur le mariage pour tous a été adoptée. Nous ne reviendrons pas ici sur le fond de l’affaire, traité par nos pétroleuses assumées Mick et Paule dans le numéro 118 de novembre dernier. Si la loi permet à certains de nos concitoyens de réaliser leurs désirs, tant mieux, vu que cela ne dérangera personne hors quelques obtus. S’il nous semble exact qu’elle a une portée symbolique certaine, et une dimension sociétale, son impact social et économique (sauf pour les avocats, soulignaient vipérinement Mick et Paule) est faible, voire nul. Pendant que nos parlementaires s’étripaient là-dessus, on parlait moins de la loi bancaire, qui gêne si peu les « ennemis de la finance » stigmatisés un temps par le candidat Hollande. N’oublions cependant pas un autre effet collatéral positif de la loi en question : sa discussion a confirmé la fibre républicaine, le talent politique et culturel de Christiane Taubira. Beaucoup de ses collègues du gouvernement pourraient en prendre de la graine.
Le « compromis social » a été acté par les organisations patronales et la majorité des organisations dites représentatives. Mais rejeté par deux des trois principales organisations syndicales des salariés (CGT et CGT-FO), sans compter d’autres organisations, dont SUD, qui ont fait connaître leur ferme désaccord. On peut en conséquence en conclure qu’une majorité de salariés syndiqués ne veut pas du « compromis social » qualifié non sans légèreté par certains commentateurs et quelques éminences socialistes d’« historique ». Historique mon cul eut dit la Zazie de Queneau. Tout historique qu’il soit prétendu, le « compromis social » n’a en tout cas pas calmé l’ardeur entrepreneuriale à multiplier les « plans sociaux » (lire : licenciements). Ni la colère des salariés. Au point que Manuel Valls, toujours vigilant, a confié sa crainte de voir naître des « explosions sociales », qu’il entend évidemment endiguer en veillant au maintien de l’ordre. Ce ne serait pas le premier ministre de l’Intérieur socialiste à sonner la charge contre les travailleurs, souvenons-nous de Jules Moch. Manuel Valls déclare qu’il ne laissera pas casser les outils de travail (lire : propriétés privées). Il serait épatant d’établir le rapport entre machines cassées et emplois brisés ces derniers mois : ne pas se tromper dans l’attribution des responsabilités dans les luttes sociales, comme le rappelle une adresse des conseillers généraux Front de gauche du 9-3, parmi lesquels Jacqueline Rouillon, maire de Saint-Ouen et Jacqueline Fraysse, députée de Nanterre, au ministre de l’Intérieur.
Au final, peut-on penser que le Mali et le « mariage pour tous » sont des cache-sexes, l’un accidentel, l’autre programmé, qui masquent, temporairement, la difficulté du gouvernement à s’attaquer aux problèmes les plus urgents de nos concitoyens : l’emploi, le logement, la santé ?
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